La COD appelle Ă  un dialogue constructif   
18/03/2010

Le prĂ©sident de la coordination de l’opposition (COD) en Mauritanie, Messaoud Ould Boulkheir, a accusĂ© jeudi le prĂ©sident Mohamed Ould Abdel Aziz de s’obstiner "dans une crise permanente avec l’opposition, et l’a appelĂ© Ă  engager "un dialogue constructif".



"Mohamed Ould Abdel Aziz s’obstine Ă  rester dans une crise permanente avec l’opposition, avec les Mauritaniens dont il prĂ©tend ĂȘtre le prĂ©sident" a affirmĂ© devant la presse M. Ould Boulkheir, qui prĂ©side l’AssemblĂ©e nationale. L’opposant a rĂ©clamĂ© ce dialogue, "non pour avoir des postes au gouvernement mais pour discuter des problĂšmes du pays". "Nous voulons parler avec lui (le chef de l’Etat), dans le cadre des accords de Dakar (signĂ©s en juin 2009 pour mettre un terme Ă  la crise politique consĂ©cutive au putsch d’aoĂ»t 2008, ndlr), de l’avenir du pays, de ses institutions, de son armĂ©e, de sa sĂ©curitĂ©", a Ă©numĂ©rĂ© M. Ould Boulkheir. Le chef de l’Etat mauritanien avait rejetĂ© samedi toute idĂ©e de "partage du pouvoir avec l’opposition" en faisant valoir qu’elle devait seulement "accepter de jouer son rĂŽle normal d’opposition dans un systĂšme dĂ©mocratique". "Nous ne sommes pas contre le dialogue, nous y sommes prĂȘts sur les Ă©crans (de tĂ©lĂ©vision), dans les rues et espaces publics", avait soutenu le prĂ©sident, tout en estimant que l’opposition devait "reconnaĂźtre d’abord" son Ă©lection qu’elle continue de contester en Ă©voquant des fraudes. M. Ould Abdel Aziz, qui avait renversĂ© le 6 aoĂ»t 2008 le prĂ©sident civil Sidi Ould Cheikh Abdallahi, avait Ă©tĂ© Ă©lu le 18 juillet 2009 avec plus de 52% des suffrages, dĂšs le premier tour de la prĂ©sidentielle. M. Ould Boulkheir avait recueilli 16% des voix. L’opposant a par ailleurs dressĂ© un tableau sombre de la situation du pays, en Ă©voquant une "dĂ©gradation sans prĂ©cĂ©dent de la situation des pauvres" et "la montĂ©e en flĂšche des prix du riz, du sucre, des huiles, etc."(Afp)

 

          Messaoud Ould Boulkheir, PrĂ©sident de la COD :
"S’agissant de gabegie, Ould Abdel Aziz doit d’abord balayer devant sa porte"

 

C’est entourĂ© des prĂ©sidents des partis membres de la Coordination de l’Opposition DĂ©mocratique (COD) que Monsieur Messaoud Ould BoulkeĂŻr PrĂ©sident en exercice de la COD a ouvert la confĂ©rence de presse organisĂ©e jeudi 18 Mars 2010 au siĂšge de l’Alliance Populaire Progressiste (APP).

Il a d’abord exprimĂ© la solidaritĂ© de tous les partis de la Coordination avec le peuple palestinien frĂšre, Ă  l’occasion de la JournĂ©e Nationale de la ColĂšre proclamĂ©e mercredi 17 mars 2010 ; condamnant avec fermetĂ© les dĂ©clarations dĂ©magogiques du pouvoir qui prĂ©tend avoir rompu les relations avec l’entitĂ© sioniste, alors que tout prouve qu’il n’en a rien Ă©tĂ©. « Si le rĂ©gime prĂ©tend qu’il n’entretient plus de relations avec l’Etat hĂ©breu qu’il le dĂ©montre Â», a dit le PrĂ©sident Ould Boulkheir, avant d’aborder la situation nationale, qu’il a qualifiĂ©e de prĂ©occupante ; le pays Ă©tant enlisĂ© dans une crise multidimensionnelle, causĂ©e par les Ă©checs patents du rĂ©gime en place et les tensions qu’il s’emploie Ă  crĂ©er aux plans politique, Ă©conomique et social.

Au plan social, M. Messaoud Ould BoulkheĂŻr a exprimĂ© la solidaritĂ© indĂ©fectible de la COD avec les fonctionnaires en grĂšve, qui revendiquent l’amĂ©lioration de leur pouvoir d’achat en perpĂ©tuel dĂ©gradation. Il est surprenant s’est-il Ă©tonnĂ© que, face Ă  ces revendications lĂ©gitimes, et au lieu d’engager un dialogue social serein avec les syndicats, le pouvoir opte pour le mĂ©pris des reprĂ©sentants lĂ©gitimes des travailleurs, la guerre d’usure et l’usage de toutes les formes de pression, de chantage et de dĂ©sinformation. Il a ajoutĂ© que la Coordination s’est toujours abstenue et s’abstient toujours de politiser les syndicats, mais qu’elle soutient les revendications des forces laborieuses. Le PrĂ©sident de la COD a Ă©galement dĂ©noncĂ© le caractĂšre dĂ©magogique de la propagande du gouvernement au sujet de la « distribution Ă©quitable des indemnitĂ©s de transport et de logement Â», soulignant qu’il ne s’agit que d’une privation de certains, sans satisfaire les autres et que le pouvoir devrait plutĂŽt amĂ©liorer les conditions des travailleurs sans en lĂ©ser une partie, toute infime soit-elle !

Concernant la lutte contre la pauvretĂ© dont le pouvoir prĂ©tend faire un de ses objectifs stratĂ©giques, les jours ont prouvĂ©, a dit le PrĂ©sident Messaoud Ould Boulkheir, qu’il ne s’agit que d’un slogan vaseux ; les pauvres s’appauvrissent davantage, compte tenu des flambĂ©es perpĂ©tuelles des prix des denrĂ©es alimentaires et de la dĂ©tĂ©rioration du pouvoir d’achat dues aux politiques inconsĂ©quentes de ce pouvoir. 

Au plan politique, le PrĂ©sident de la COD a constatĂ© qu’aujourd’hui, l’administration est inexistante, du fait la purge des compĂ©tences effectuĂ©e par le rĂ©gime, ainsi que de la concentration de toutes les dĂ©cisions entre les mains Mohamed Ould Abdel Aziz. Les Ministres, les secrĂ©taires gĂ©nĂ©raux, les chefs de services, etc., tous ne peuvent agir que sur ordre de celui-ci. C’est pourquoi on assiste aujourd’hui Ă  une paralysie totale des appareils de l’Etat. Lorsque le MinistĂšre de la santĂ©, par exemple, avait eu besoin d’acquĂ©rir des roues pour les ambulances, il a Ă©tĂ© dans l’obligation d’écrire Ă  Ould Abdel Aziz, a rĂ©vĂ©lĂ© le PrĂ©sident de l’APP, avant de douter de la sincĂ©ritĂ© du chef du rĂ©gime actuel, s’agissant de la fameuse lutte contre la gabegie et de l’appeler Ă  balayer devant sa porte.
Comment pouvons-nous le croire Ă  ce sujet, lui qui n’a pas encore fait une dĂ©claration de son patrimoine, en violation de la loi et au mĂ©pris d’un principe fondamental de la transparence inaugurĂ© par Sidi Ould Cheikh Abdallahi ? Mais on peut lui trouver une excuse de toujours enfreindre cette loi de la rĂ©publique : il n’aurait pas encore pu achever l’inventaire de ses biens, tellement nombreux et Ă©parpillĂ©s car on en trouve au Maroc, au SĂ©nĂ©gal et partout en Mauritanie, a encore dit le PrĂ©sident de la COD.

Abordant la question de la lutte contre le terrorisme, le PrĂ©sident Messaoud Ould Boulkheir s’est fĂ©licitĂ© de l’annulation par le Conseil Constitutionnel de la loi de Ould Abdel Aziz Ă  ce sujet, s’étonnant que le chef du pouvoir regimbe contre cette dĂ©cision d’une institution grĂące Ă  laquelle il doit pourtant le fauteuil sur lequel il est assis actuellement ! 

Le PrĂ©sident de la COD a aussi Ă©voquĂ© la question de la drogue, rappelant qu’il y a quelques semaines, le pouvoir en place avait fait une campagne mĂ©diatique assourdissante sur des prĂ©tendus terroristes et trafiquants arrĂȘtĂ©s Ă  la suite d’une embuscade tendue dit-on par une unitĂ© de l’armĂ©e nationale, alors qu’ils convoyaient 6tonnes de cocaĂŻne Ă  travers le grand Sahara. Pourquoi, aujourd’hui, ce dossier on ne peut plus sensible tend-il Ă  ĂȘtre oubliĂ©, s’est-il interrogĂ© ? Pourquoi cette drogue n’a-t-elle jamais Ă©tĂ© incinĂ©rĂ©e? Quelle en est d’ailleurs la quantitĂ© rĂ©elle et qu’en est-il advenu ? Pourquoi, quelques jours aprĂšs ces Ă©vĂ©nements, un bateau de pĂȘche en provenance de la Mauritanie a-t-il Ă©tĂ© arraisonnĂ© au large du Chili avec, Ă  son bord, une cargaison de 3 ou 6 tonnes de cocaĂŻne ? Le pouvoir doit au peuple de donner rĂ©ponse Ă  ces interrogations, a prĂ©cisĂ© le PrĂ©sident de la COD.

Le PrĂ©sident Messaoud Ould Boulkheir a ensuite mis en garde contre les dangers qui pĂšsent ces jours-ci sur la stabilitĂ© pays, en raison des crises suscitĂ©es par le rĂ©gime avec les voisins, respectivement le Mali et le SĂ©nĂ©gal. Ces problĂšmes sont essentiellement dus aux approches erronĂ©es du pouvoir en place en matiĂšre de sĂ©curitĂ©, qui se soldent d’ailleurs par une insĂ©curitĂ© galopante.

Le PrĂ©sident Messaoud Ould Boulkheir a abordĂ© d’autres questions de l’heure, et notamment celle du dialogue, que Ould Abdel Aziz s’entĂȘte Ă  refuser, reniant ses engagements dans le cadre de l’accord de Dakar, parrainĂ© pourtant par la CommunautĂ© internationale Ă  laquelle il tend la main. Pourtant, seul un dialogue inclusif et sincĂšre est de nature Ă  mettre fin au climat de tension qui prĂ©vaut en Mauritanie a martelĂ© le PrĂ©sident de la COD. Il semble que Mohamed Ould Abdel Aziz conditionne ce dialogue par la reconnaissance par l’Opposition de son statut de PrĂ©sident de la RĂ©publique a dit M. Messaoud Ould Boulkheir. Mais qu’il se reconnaisse d’abord lui-mĂȘme prĂ©sident et agisse comme tel, avant de nous demander de le reconnaĂźtre. La prĂ©sidence, c’est d’abord un Ă©tat d’esprit, un niveau de sagesse et une pondĂ©ration, une attitude, une confiance en soi et un comportement ! Et Mohamed Ould Abdel Aziz, dans sa sortie Ă  Arafat, ne s’est pas prĂ©sentĂ© comme un PrĂ©sident, Ă  affirmĂ© le dirigeant de la COD, qui n’a pas manquĂ© de dĂ©noncer les politiques Ă©conomiques du pouvoir, qui tente de s’approprier les quelques projets en cours d’exĂ©cution, alors que ceux-ci datent de 2003 ou 2007. Le tapage mĂ©diatique fait autour de ces projets et d’une subvention de 100 millions de dollars accordĂ©e par le FMI sur trois ans (comme s’il s’agit d’un rĂ©el exploit), est une preuve irrĂ©futable de l’incurie de ce pouvoir et un signe que la situation financiĂšre du pays est vraiment critique a conclu le PrĂ©sident Messaoud Ould Boulkheir.

Source: Flash info du 18 mars 2010
ãÀÓÞíÉ ÇáãÚÇÑÖÉ ÇáÏíãÞÑÇØíÉ
Coordination de l’Opposition DĂ©mocratique

              Coordination de l’Opposition DĂ©mocratique

                                 COMMUNIQUE
La Mauritanie s’enlise, chaque jour davantage, dans une crise multidimensionnelle, du fait de l’improvisation et de la gestion inconsĂ©quente des affaires du pays par Mohamed Ould Abdel Aziz et son pouvoir.
En effet, La grogne sociale va s’amplifiant, entretenue par la prĂ©caritĂ©, le chĂŽmage, la hausse vertigineuse des prix, la dĂ©tĂ©rioration des conditions de vie des populations, surtout les plus vulnĂ©rables ; en plus du rĂšgne de l’insĂ©curitĂ©, contrairement aux allĂ©gations officielles, dans nos villes et sur toutes nos frontiĂšres.

 Tout cela, sans que les pratiques du rĂ©gime laissent entrevoir une quelconque conscience des dangers encourus, ni une stratĂ©gie de sortie de crise.
Et comme si le bilan de ses errements n’était pas dĂ©jĂ  suffisamment dĂ©sastreux, et au lieu de faire preuve de plus de responsabilitĂ©, voilĂ  que ce rĂ©gime, pour toute solution aux problĂšmes du pays, s’emploie Ă  rĂ©veiller les dĂ©mons de la haine et de la discorde au sein de nos populations, porte prĂ©judice Ă  la sĂ©rĂ©nitĂ© de nos relations avec les pays voisins, renie les engagements qu’il a signĂ©s dans le cadre de l’Accord de Dakar, se pourfend en accusations, invectives, et menaces de toute sorte contre l’Opposition dĂ©mocratique et, comble de l’irresponsabilitĂ©, s’attaque illĂ©galement et ouvertement Ă  une institution rĂ©publicaine – le Conseil Constitutionnel – et dans les mĂ©dias publics en plus !
Face Ă  cette attitude irresponsable et aux pĂ©rils graves que ce rĂ©gime fait courir Ă  notre pays, la COD :

-engage le pouvoir Ă  prendre conscience des consĂ©quences nĂ©fastes de ses agissements sur l’existence mĂȘme du pays, Ă  Ɠuvrer Ă  y mettre fin ou, Ă  dĂ©faut, Ă  dĂ©missionner dans l’intĂ©rĂȘt de l’Etat et du peuple mauritaniens ;

-rejette toute surenchĂšre sur l’identitĂ© nationale et rappelle, Ă  cet Ă©gard, que la Constitution de 1991 amendĂ©e, qui a judicieusement fixĂ©e les contours de celle-ci, demeure la seule et unique rĂ©fĂ©rence en la matiĂšre ;

-appelle l’ensemble des forces vives mauritaniennes Ă  prendre la mesure des risques qui pĂšsent ces jours-ci sur la Mauritanie et Ă  se mobiliser pour sauver notre pays du chaos vers lequel le rĂ©gime actuel persiste Ă  nous conduire ;

-rĂ©itĂšre son exigence du dialogue inclusif instituĂ© par l’Accord de Dakar et sa disponibilitĂ© pour y contribuer, afin de discuter de l’ensemble des problĂšmes de notre pays et de leur trouver les solutions appropriĂ©es, dans la cohĂ©sion nationale et la sĂ©rĂ©nitĂ©. 

 

Nouakchott, le 18 mars 2010

La Coordination 

 


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