Le prĂ©sident de la coordination de lâopposition (COD) en Mauritanie, Messaoud Ould Boulkheir, a accusĂ© jeudi le prĂ©sident Mohamed Ould Abdel Aziz de sâobstiner "dans une crise permanente avec lâopposition, et lâa appelĂ© Ă engager "un dialogue constructif".
"Mohamed Ould Abdel Aziz sâobstine Ă rester dans une crise permanente avec lâopposition, avec les Mauritaniens dont il prĂ©tend ĂȘtre le prĂ©sident" a affirmĂ© devant la presse M. Ould Boulkheir, qui prĂ©side lâAssemblĂ©e nationale. Lâopposant a rĂ©clamĂ© ce dialogue, "non pour avoir des postes au gouvernement mais pour discuter des problĂšmes du pays". "Nous voulons parler avec lui (le chef de lâEtat), dans le cadre des accords de Dakar (signĂ©s en juin 2009 pour mettre un terme Ă la crise politique consĂ©cutive au putsch dâaoĂ»t 2008, ndlr), de lâavenir du pays, de ses institutions, de son armĂ©e, de sa sĂ©curitĂ©", a Ă©numĂ©rĂ© M. Ould Boulkheir. Le chef de lâEtat mauritanien avait rejetĂ© samedi toute idĂ©e de "partage du pouvoir avec lâopposition" en faisant valoir quâelle devait seulement "accepter de jouer son rĂŽle normal dâopposition dans un systĂšme dĂ©mocratique". "Nous ne sommes pas contre le dialogue, nous y sommes prĂȘts sur les Ă©crans (de tĂ©lĂ©vision), dans les rues et espaces publics", avait soutenu le prĂ©sident, tout en estimant que lâopposition devait "reconnaĂźtre dâabord" son Ă©lection quâelle continue de contester en Ă©voquant des fraudes. M. Ould Abdel Aziz, qui avait renversĂ© le 6 aoĂ»t 2008 le prĂ©sident civil Sidi Ould Cheikh Abdallahi, avait Ă©tĂ© Ă©lu le 18 juillet 2009 avec plus de 52% des suffrages, dĂšs le premier tour de la prĂ©sidentielle. M. Ould Boulkheir avait recueilli 16% des voix. Lâopposant a par ailleurs dressĂ© un tableau sombre de la situation du pays, en Ă©voquant une "dĂ©gradation sans prĂ©cĂ©dent de la situation des pauvres" et "la montĂ©e en flĂšche des prix du riz, du sucre, des huiles, etc."(Afp)
Messaoud Ould Boulkheir, PrĂ©sident de la COD : "Sâagissant de gabegie, Ould Abdel Aziz doit dâabord balayer devant sa porte"
Câest entourĂ© des prĂ©sidents des partis membres de la Coordination de lâOpposition DĂ©mocratique (COD) que Monsieur Messaoud Ould BoulkeĂŻr PrĂ©sident en exercice de la COD a ouvert la confĂ©rence de presse organisĂ©e jeudi 18 Mars 2010 au siĂšge de lâAlliance Populaire Progressiste (APP).
Il a dâabord exprimĂ© la solidaritĂ© de tous les partis de la Coordination avec le peuple palestinien frĂšre, Ă lâoccasion de la JournĂ©e Nationale de la ColĂšre proclamĂ©e mercredi 17 mars 2010 ; condamnant avec fermetĂ© les dĂ©clarations dĂ©magogiques du pouvoir qui prĂ©tend avoir rompu les relations avec lâentitĂ© sioniste, alors que tout prouve quâil nâen a rien Ă©tĂ©. « Si le rĂ©gime prĂ©tend quâil nâentretient plus de relations avec lâEtat hĂ©breu quâil le dĂ©montre », a dit le PrĂ©sident Ould Boulkheir, avant dâaborder la situation nationale, quâil a qualifiĂ©e de prĂ©occupante ; le pays Ă©tant enlisĂ© dans une crise multidimensionnelle, causĂ©e par les Ă©checs patents du rĂ©gime en place et les tensions quâil sâemploie Ă crĂ©er aux plans politique, Ă©conomique et social.
Au plan social, M. Messaoud Ould BoulkheĂŻr a exprimĂ© la solidaritĂ© indĂ©fectible de la COD avec les fonctionnaires en grĂšve, qui revendiquent lâamĂ©lioration de leur pouvoir dâachat en perpĂ©tuel dĂ©gradation. Il est surprenant sâest-il Ă©tonnĂ© que, face Ă ces revendications lĂ©gitimes, et au lieu dâengager un dialogue social serein avec les syndicats, le pouvoir opte pour le mĂ©pris des reprĂ©sentants lĂ©gitimes des travailleurs, la guerre dâusure et lâusage de toutes les formes de pression, de chantage et de dĂ©sinformation. Il a ajoutĂ© que la Coordination sâest toujours abstenue et sâabstient toujours de politiser les syndicats, mais quâelle soutient les revendications des forces laborieuses. Le PrĂ©sident de la COD a Ă©galement dĂ©noncĂ© le caractĂšre dĂ©magogique de la propagande du gouvernement au sujet de la « distribution Ă©quitable des indemnitĂ©s de transport et de logement », soulignant quâil ne sâagit que dâune privation de certains, sans satisfaire les autres et que le pouvoir devrait plutĂŽt amĂ©liorer les conditions des travailleurs sans en lĂ©ser une partie, toute infime soit-elle !
Concernant la lutte contre la pauvretĂ© dont le pouvoir prĂ©tend faire un de ses objectifs stratĂ©giques, les jours ont prouvĂ©, a dit le PrĂ©sident Messaoud Ould Boulkheir, quâil ne sâagit que dâun slogan vaseux ; les pauvres sâappauvrissent davantage, compte tenu des flambĂ©es perpĂ©tuelles des prix des denrĂ©es alimentaires et de la dĂ©tĂ©rioration du pouvoir dâachat dues aux politiques inconsĂ©quentes de ce pouvoir.
Au plan politique, le PrĂ©sident de la COD a constatĂ© quâaujourdâhui, lâadministration est inexistante, du fait la purge des compĂ©tences effectuĂ©e par le rĂ©gime, ainsi que de la concentration de toutes les dĂ©cisions entre les mains Mohamed Ould Abdel Aziz. Les Ministres, les secrĂ©taires gĂ©nĂ©raux, les chefs de services, etc., tous ne peuvent agir que sur ordre de celui-ci. Câest pourquoi on assiste aujourdâhui Ă une paralysie totale des appareils de lâEtat. Lorsque le MinistĂšre de la santĂ©, par exemple, avait eu besoin dâacquĂ©rir des roues pour les ambulances, il a Ă©tĂ© dans lâobligation dâĂ©crire Ă Ould Abdel Aziz, a rĂ©vĂ©lĂ© le PrĂ©sident de lâAPP, avant de douter de la sincĂ©ritĂ© du chef du rĂ©gime actuel, sâagissant de la fameuse lutte contre la gabegie et de lâappeler Ă balayer devant sa porte. Comment pouvons-nous le croire Ă ce sujet, lui qui nâa pas encore fait une dĂ©claration de son patrimoine, en violation de la loi et au mĂ©pris dâun principe fondamental de la transparence inaugurĂ© par Sidi Ould Cheikh Abdallahi ? Mais on peut lui trouver une excuse de toujours enfreindre cette loi de la rĂ©publique : il nâaurait pas encore pu achever lâinventaire de ses biens, tellement nombreux et Ă©parpillĂ©s car on en trouve au Maroc, au SĂ©nĂ©gal et partout en Mauritanie, a encore dit le PrĂ©sident de la COD.
Abordant la question de la lutte contre le terrorisme, le PrĂ©sident Messaoud Ould Boulkheir sâest fĂ©licitĂ© de lâannulation par le Conseil Constitutionnel de la loi de Ould Abdel Aziz Ă ce sujet, sâĂ©tonnant que le chef du pouvoir regimbe contre cette dĂ©cision dâune institution grĂące Ă laquelle il doit pourtant le fauteuil sur lequel il est assis actuellement !
Le PrĂ©sident de la COD a aussi Ă©voquĂ© la question de la drogue, rappelant quâil y a quelques semaines, le pouvoir en place avait fait une campagne mĂ©diatique assourdissante sur des prĂ©tendus terroristes et trafiquants arrĂȘtĂ©s Ă la suite dâune embuscade tendue dit-on par une unitĂ© de lâarmĂ©e nationale, alors quâils convoyaient 6tonnes de cocaĂŻne Ă travers le grand Sahara. Pourquoi, aujourdâhui, ce dossier on ne peut plus sensible tend-il Ă ĂȘtre oubliĂ©, sâest-il interrogĂ© ? Pourquoi cette drogue nâa-t-elle jamais Ă©tĂ© incinĂ©rĂ©e? Quelle en est dâailleurs la quantitĂ© rĂ©elle et quâen est-il advenu ? Pourquoi, quelques jours aprĂšs ces Ă©vĂ©nements, un bateau de pĂȘche en provenance de la Mauritanie a-t-il Ă©tĂ© arraisonnĂ© au large du Chili avec, Ă son bord, une cargaison de 3 ou 6 tonnes de cocaĂŻne ? Le pouvoir doit au peuple de donner rĂ©ponse Ă ces interrogations, a prĂ©cisĂ© le PrĂ©sident de la COD.
Le PrĂ©sident Messaoud Ould Boulkheir a ensuite mis en garde contre les dangers qui pĂšsent ces jours-ci sur la stabilitĂ© pays, en raison des crises suscitĂ©es par le rĂ©gime avec les voisins, respectivement le Mali et le SĂ©nĂ©gal. Ces problĂšmes sont essentiellement dus aux approches erronĂ©es du pouvoir en place en matiĂšre de sĂ©curitĂ©, qui se soldent dâailleurs par une insĂ©curitĂ© galopante.
Le PrĂ©sident Messaoud Ould Boulkheir a abordĂ© dâautres questions de lâheure, et notamment celle du dialogue, que Ould Abdel Aziz sâentĂȘte Ă refuser, reniant ses engagements dans le cadre de lâaccord de Dakar, parrainĂ© pourtant par la CommunautĂ© internationale Ă laquelle il tend la main. Pourtant, seul un dialogue inclusif et sincĂšre est de nature Ă mettre fin au climat de tension qui prĂ©vaut en Mauritanie a martelĂ© le PrĂ©sident de la COD. Il semble que Mohamed Ould Abdel Aziz conditionne ce dialogue par la reconnaissance par lâOpposition de son statut de PrĂ©sident de la RĂ©publique a dit M. Messaoud Ould Boulkheir. Mais quâil se reconnaisse dâabord lui-mĂȘme prĂ©sident et agisse comme tel, avant de nous demander de le reconnaĂźtre. La prĂ©sidence, câest dâabord un Ă©tat dâesprit, un niveau de sagesse et une pondĂ©ration, une attitude, une confiance en soi et un comportement ! Et Mohamed Ould Abdel Aziz, dans sa sortie Ă Arafat, ne sâest pas prĂ©sentĂ© comme un PrĂ©sident, Ă affirmĂ© le dirigeant de la COD, qui nâa pas manquĂ© de dĂ©noncer les politiques Ă©conomiques du pouvoir, qui tente de sâapproprier les quelques projets en cours dâexĂ©cution, alors que ceux-ci datent de 2003 ou 2007. Le tapage mĂ©diatique fait autour de ces projets et dâune subvention de 100 millions de dollars accordĂ©e par le FMI sur trois ans (comme sâil sâagit dâun rĂ©el exploit), est une preuve irrĂ©futable de lâincurie de ce pouvoir et un signe que la situation financiĂšre du pays est vraiment critique a conclu le PrĂ©sident Messaoud Ould Boulkheir.
Source: Flash info du 18 mars 2010 ĂŁĂ€ĂĂĂĂ ĂĂĄĂŁĂĂĂĂĂ ĂĂĄĂĂĂŁĂĂĂĂĂĂ Coordination de lâOpposition DĂ©mocratique
Coordination de lâOpposition DĂ©mocratique
COMMUNIQUE La Mauritanie sâenlise, chaque jour davantage, dans une crise multidimensionnelle, du fait de lâimprovisation et de la gestion inconsĂ©quente des affaires du pays par Mohamed Ould Abdel Aziz et son pouvoir. En effet, La grogne sociale va sâamplifiant, entretenue par la prĂ©caritĂ©, le chĂŽmage, la hausse vertigineuse des prix, la dĂ©tĂ©rioration des conditions de vie des populations, surtout les plus vulnĂ©rables ; en plus du rĂšgne de lâinsĂ©curitĂ©, contrairement aux allĂ©gations officielles, dans nos villes et sur toutes nos frontiĂšres.
Tout cela, sans que les pratiques du rĂ©gime laissent entrevoir une quelconque conscience des dangers encourus, ni une stratĂ©gie de sortie de crise. Et comme si le bilan de ses errements nâĂ©tait pas dĂ©jĂ suffisamment dĂ©sastreux, et au lieu de faire preuve de plus de responsabilitĂ©, voilĂ que ce rĂ©gime, pour toute solution aux problĂšmes du pays, sâemploie Ă rĂ©veiller les dĂ©mons de la haine et de la discorde au sein de nos populations, porte prĂ©judice Ă la sĂ©rĂ©nitĂ© de nos relations avec les pays voisins, renie les engagements quâil a signĂ©s dans le cadre de lâAccord de Dakar, se pourfend en accusations, invectives, et menaces de toute sorte contre lâOpposition dĂ©mocratique et, comble de lâirresponsabilitĂ©, sâattaque illĂ©galement et ouvertement Ă une institution rĂ©publicaine â le Conseil Constitutionnel â et dans les mĂ©dias publics en plus ! Face Ă cette attitude irresponsable et aux pĂ©rils graves que ce rĂ©gime fait courir Ă notre pays, la COD :
-engage le pouvoir Ă prendre conscience des consĂ©quences nĂ©fastes de ses agissements sur lâexistence mĂȘme du pays, Ă Ćuvrer Ă y mettre fin ou, Ă dĂ©faut, Ă dĂ©missionner dans lâintĂ©rĂȘt de lâEtat et du peuple mauritaniens ;
-rejette toute surenchĂšre sur lâidentitĂ© nationale et rappelle, Ă cet Ă©gard, que la Constitution de 1991 amendĂ©e, qui a judicieusement fixĂ©e les contours de celle-ci, demeure la seule et unique rĂ©fĂ©rence en la matiĂšre ;
-appelle lâensemble des forces vives mauritaniennes Ă prendre la mesure des risques qui pĂšsent ces jours-ci sur la Mauritanie et Ă se mobiliser pour sauver notre pays du chaos vers lequel le rĂ©gime actuel persiste Ă nous conduire ;
-rĂ©itĂšre son exigence du dialogue inclusif instituĂ© par lâAccord de Dakar et sa disponibilitĂ© pour y contribuer, afin de discuter de lâensemble des problĂšmes de notre pays et de leur trouver les solutions appropriĂ©es, dans la cohĂ©sion nationale et la sĂ©rĂ©nitĂ©.
Nouakchott, le 18 mars 2010
La Coordination
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