La presse malienne s’en prend à la Mauritanie et l’Algérie   
27/02/2010

Plusieurs journaux maliens ont pris position partisane dans la brouille diplomatique qui oppose le Mali à  l’Algérie et la Mauritanie suite à la libération par le Mali de quatre terroristes dont certains faisaient l’objet de demandes d’extradition formulées par ses voisins. Les journaux maliens par fibre patriotique ou par passion ont défendu  leur pays et probablement aussi, leur pitance. Tour d’horizon !



 

Algérie, Mali , Mauritanie : de mal en pis , à quand la fin de la surenchère?

 

La libération des quatre islamistes, réclamée par Al Qaïda du Maghreb Islamique (Aqmi) comme condition de celle de leur otage français, Pierre Camatte, a servi de prétexte à l’Algérie et à la Mauritanie de rappeler leurs ambassadeurs au Mali. Mais, à quand la fin de cette sordide surenchère de la part de ces deux pays, qui semblent ’’chercher des poux sur le crâne tondu’’ de leur pacifiste voisin ? Réaction attendue de Bamako. 
Dès l’annonce de l’enlèvement de Pierre Camatte le 26 novembre 2009, à Ménaka, par des inconnus, Paris toujours soucieuse du sort de ses ressortissants, a demandé à Bamako de tout mettre en Å“uvre pour obtenir sa libération. Nos dirigeants seraient bien inspirés de faire comme Sarkozy, on assisterait moins souvent à ces scènes humiliantes de compatriotes menottés jetés comme des ordures sur le tarmac de Bamako -Sénou. Le président s’est engagé, et il l’a prouvé à maintes reprises, à voler au secours de son concitoyen dans le pétrin, où que ce dernier soit et quoi qu’il ait fait. Quoi de plus normal !
Mais, entre nous, la libération de celui que l’on appelle à raison ’’le plus Malien des Français’’ (pour avoir longtemps aidé la communauté locale à travers des actions de développement) n’était-elle pas un point d’honneur pour le pays du jatigiya, dont le penchant pour la paix n’est un secret pour personne? Tant pis si les sollicitations de l’Elysée et de Quai d’Orsay ont paru aux yeux de certains comme des injonctions !
Reste qu’il est indéniable que le sort du ’’frère par adoption’’ enlevé sur le territoire malien devrait bien interpeller les autorités maliennes, le Président de la République en tête, qui a déclaré en faire une affaire personnelle. Dès lors, ce serait leur faire un mauvais procès d’avoir exploité la seule alternative offerte pour sauver la vie de Pierre. A savoir, satisfaire aux exigences d’Al Qaïda qui avait demandé la libération de quatre de ses éléments détenus au Mali : deux Algériens, un Mauritanien et un Burkinabé. En prenant toutefois soin de mettre la forme. En contrepartie, les responsables d’Aqmi ont honoré leur engagement en libérant Pierre Camatte.
Il n’en fallait pas plus pour susciter la colère de l’Algérie et de la Mauritanie qui ont rappelé respectivement leurs ambassadeurs. Pour Alger, la décision du gouvernement malien de libérer "des terroristes recherchés par des pays voisins est un développement dangereux pour la sécurité et la stabilité dans la région sahélo - saharienne.’’ Nouakchott, à en croire le ministère mauritanien des Affaires étrangères, juge la décision de Bamako ’’non cordiale…’’
Des sous-produits des sociétés algérienne et mauritanienne !
Donc, dans la logique de nos deux chers voisins, la vie d’un homme, présent de surcroît chez nous pour des raisons humanitaires, ne vaut pas tant de sacrifices. 
Dans la logique de nos deux chers voisins, ils auraient s’ils se trouvaient dans la même position que le Mali, laissé le Français crever entre les mains de ses ravisseurs ! Décidément, le ridicule ne tuera plus en Afrique. Car à se demander à quoi rime toute cette comédie, hélas de mauvais goût, de la part d’un pays comme l’Algérie qui, non contente de soutenir et de servir de base - arrière aux pires des criminels multirécidivistes et apatrides que le Mali ait enfanté, joue à présent à l’amie frustrée ?
Les Ibrahim Ag Bahanga, Hassan Fagaga et autres inconnus qui font des razzia, s’attaquent aux symboles de l’Etat, massacrent leurs compatriotes, violent des femmes, castrent des innocents, posent des mines anti-personnelles avant d’aller se réfugier à Alger où ils sont accueillis comme des héros. 
Entre la Mauritanie et le Mali, les relations ont commencé à être compliquées au lendemain du putsch du 6 août 2008, perpétré par le général Mohamed Ould Abdel Aziz contre le président démocratiquement élu, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi.
Devant la neutralité du président ATT, le général putschiste va apporter un appui précieux à Ibrahim Ag Bahanga dans l’attaque meurtrière contre le camp de Nampala. C’était le samedi 20 décembre 2008. La Mauritanie, à travers la Direction générale de la sûreté nationale (Dgsn) a fourni du carburant, des munitions et des véhicules à la bande à Bahanga. Le général putschiste Mohamed Ould Abdel Aziz s’est même permis de tenir des propos discourtois à l’endroit de son homologue malien. Récemment, lors l’une de ses rencontres avec certains députés de son pays, il a accusé ATT de favoriser, par son laxisme, le développement de l’insécurité dans l’espace sahélien.

"Tant qu’ATT est au pouvoir, le terrorisme ne reculera pas", aurait déclaré en substance Ould Abdel Aziz à ses interlocuteurs.
Il est connu de tous que les islamistes, qui coupent le sommeil à Alger et Nouakchott, sont les sous-produits de leurs sociétés et ils sont nombreux dans la nature. Qu’ils arrêtent de nous pomper l’air. Il est temps pour nos autorités de s’assumer, en ’’garçons’’ comme diraient nos frères ivoiriens, face à la nouvelle donne qui n’est, ni plus ni moins, que de la surenchère.
Le Président Nicolas Sarkozy, à propos de la libération de Camatte
’’Le président Amadou Toumani Touré a agi avec un très grand courage’’
Le président français, Nicolas Sarkozy, était attendu dans la soirée d’hier mercredi à Bamako où il devrait faire escale, pour rencontrer l’ex-otage Pierre Camatte. Du Gabon, il a annoncé se rendre à Bamako pour rencontrer l’ex-otage français, Pierre Camatte. ’’Nous ne laisserons tomber aucun de nos compatriotes enlevés par des terroristes. Nous ne laisserons tomber aucun Français, quelles que soient les erreurs qu’ils aient pu faire, qui se trouvent dans l’épreuve. Les Français sont ramenés à la maison (...) c’est un engagement constant’’, a martelé le chef de l’Etat français. ’’Je tiens à remercier tout particulièrement le président Amadou Toumani Touré, qui a agi avec une grande détermination et un très grand courage. Je veux aussi remercier les autres Etats qui ont apporté leur concours’’, a déclaré le président Sarkozy.
Chiaka DOUMBIA
SOURCE : Le Challenger, 26/02/2010

 

Coup de pied : Haro sur l’Algérie et la Mauritanie


Après la libération des quatre prisonniers d’Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) par les autorités maliennes, l’Algérie et la Mauritanie ont rappelé leurs ambassadeurs pour protester contre cette libération. 
Selon ces deux pays, ces personnes sont des terroristes qui n’ont pas droit à respirer l’air pure. C’est pour cette raison que les autorités algériennes avaient demandé l’extradition de deux des quatre personnes. La Mauritanie, quant à elle, avait souhaité extradition d’un prisonnier. 
Cette attitude de l’Algérie et de la Mauritanie est incompréhensible dans la mesure où ces quatre éléments n’ont commis aucun forfait sur le territoire malien et le mal qu’ils ont commis, à savoir la détention illégale d’armes à feu, n’est pas resté impuni car, ils ont été condamnés à 9 mois d’emprisonnement ferme. 
Les autorités maliennes ont bien fait de libérer les prisonniers en échange de l’otage français, Pierre Camatte car, les algériens ont refusé d’arrêter et d’extrader les terroristes Hassane Fagaga et Ibrahim Ag Bahanga ayant commis des actes terroristes au Nord-Mali entre 2006 et 2009.
Mamoutou DIALLO
SOURCE : Nouvel Horizon, 26/02/2010


Libération des 4 otages : Nouakchott et Alger s’agitent pour rien


Pour détention illégale d’armes et munitions, messieurs Mohamed Ben Ali Beïbe Ould Nafaa ,Houdo Karifo et Tayeb Naïl ont été assignés à comparaitre devant le tribunal .

En possession d’armes de guerre et de munitions, ils ont été interpellés à Tadhac à 60 km de Tessalit dans la région de Kidal le 26 avril 2009 par une patrouille de l’armée malienne.

Les quatre islamistes d’AQMI condamnés à 9 mois de prison ferme, ont été libérés le jeudi 18 février 2010, après avoir passé dix mois de détention dont neuf mois ferme.
Cette libération était une conditionnalité posée par Al Qaïda pour le Maghreb Islamiste, afin de libérer l’otage français, Pierre Camatte. Malgré la forte pression de la France et la bande d’AQMI, la justice malienne a rendu son verdict.

La Mauritanie et l’Algérie qui ont rappelé leurs ambassadeurs à la suite de la libération des otages, affichent des attitudes incompréhensives qui n’aident pas à résoudre le problème commun de l’insécurité dans le Sahara.

Les pays de la bande Sahélo-saharienne doivent œuvrer ensemble pour combattre le terrorisme qui s’impose à eux au lieu d’entretenir des crises diplomatiques.

Quant au régime mauritanien, il n’aspire pas confiance et ne croît à personne, à cause de son malheureux coup d’état contre le Président légalement élu.

Prenons toujours le cas mauritanien, il est connu de tous, que ce pays juge ses terroristes, les libère sans informer les autorités de Bamako, pourquoi aujourd’hui s’agiter ? Même si la Mauritanie est confrontée à des difficultés économiques et politiques d’ordre interne et externe, cela ne doit pas le faire perdre la raison. Le régime de Nouakchott rappelle son ambassadeur pour le motif qu’il ne veut pas d’un jugement transparent, l’Algérie en veut au Mali. Les autorités voisines sont obligées de consommer le verdict rendu par la justice malienne qui a agi en toute indépendance.

Rappelons qu’en 2006, le Mali avait arrêté et jugé cinq islamistes d’origines Libyennes, ils ont été extradés à l’issue de leur jugement. Dans ce cas précis, la Libye avait donné des informations avec photos à l’appui des personnes recherchées.

En 2007, la Mauritanie avait lancé un avis de recherche de quatre islamistes par ses services de sécurité avec signalements et photos à l’appui. Ces éléments ont été arrêtés, jugés et remis à la Mauritanie.

Si aujourd’hui, des terroristes sont jugés et libérés après avoir purgé leurs peines, la Mauritanie dans ces conditions n’a rien à reprocher au Mali, elle ne doit pas entrainer l’Algérie dans cette tempête diplomatique qui n’arrange personne même si les deux pays se réclament du Maghreb.
Quant à l’Algérie cette décision de la justice malienne ne saurait être un crime d’autant plus que, le Mali n’a appliqué que la loi en toute souveraineté.

Le Mali n’a pas de leçons à recevoir de l’Algérie et de la Mauritanie.
Le Président ATT n’est pas un homme dépourvu de tout humanisme. La France de Sarkozy à multiplié les interventions, sollicitant du Mali afin qu’il jette tout son poids dans la balance pour sauver la vie de Pierre Camatte. Il fallait Ã©pargner Ã  Pierre un assassinat sauvage. Rappelons-le, un Britannique avait été exécuté par les mêmes islamistes en juin 2009 pour non satisfaction de leur exigence.

Quoi qu’on dise, le Mali a emprunté la bonne voie dans la gestion de cette crise.
A SUIVRE
SOURCE : L’Orage, 25/02/2010

 

Bande sahélo saharienne : Que veulent réellement l’Algérie et la Mauritanie ?


Nos deux voisins, suite à la décision de justice de faire libérer leurs ressortissants, au lieu de s’en réjouir, ont décidé de rappeler leurs ambassadeurs respectifs au Mali. Un geste qui cache mal leur crainte d’un déballage public. Un geste qui jette un coup de froid sur les relations avec des pays censés « amis Â» du Mali.
Ça y est, les autorités maliennes ont obtenu la libération du Français Pierre Camatte, détenu depuis fin novembre dans le nord du Mali par une cellule de la branche magrébine d’Al Qaïda. Le désormais ex otage libéré mardi dernier par ses ravisseurs dans le cercle de Ménaka, après une escale à Gao, est arrivé à Bamako hier. Cette libération est intervenue, contrairement à certaines allégations, sans que les autorités cèdent au chantage des terroristes. Ceux-ci demandaient comme monnaie d’échange, la libération de quatre de leurs camarades arrêtés dans le nord du Mali. Il s’agit de deux Algériens, d’un Mauritanien et d’un Burkinabé. La libération est intervenue également sans que le Mali cède aux sollicitations de la France qui, en l’espace de quelque jours, a délégué à deux reprises son ministre des affaires étrangères venu à Bamako pour demander aux autorités de tout mettre en Å“uvre pour obtenir la libération de l’otage français.
Les deux fois, Bernard Kouchner a dû repartir bredouille, les autorités ayant jugé une sortie de crise à leur manière. Et de fait, la voie choisie par le Mali a été un procès en bonne et due forme des quatre présumés terroristes. En l’absence de tout autre motif d’inculpation, les quatre hommes ont été accusés de détention illégale d’armes. Ils ont été jugés la semaine dernière et ont écopé chacun de neuf mois de prison ferme. Etant détenus depuis avril 2009, ils avaient donc, au moment de leur condamnation, déjà purgé leur peine en détention préventive. Après quelques formalités administratives, c’est tout logiquement qu’ils ont recouvré la liberté dimanche dernier. Quelques heures plus tard, Al Qaïda qui n’avait plus aucune raison de garder en captivité Pierre Camatte a relâché le Français. L’histoire aurait dû s’arrêter là. Mais non.
Que faut-il craindre ?
C’est la Mauritanie qui a donné le ton. Elle a décidé de rappeler son ambassadeur au Mali. Elle a été suivie de près par l’Algérie. Pourquoi ? Ces deux pays ont avancé le même langage diplomatique. Les diplomates ont été rappelés pour consultation. En réalité, ces deux pays reprochent au Mali d’avoir libéré leurs compatriotes, cédant ainsi aux exigences d’Al Qaïda. Allant plus loin, l’Algérie accuse le Mali d’avoir violé les règles des conventions de coopération judiciaire en refusant de lui livrer les deux Algériens dont elle avait demandé l’extradition. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’officiellement l’Algérie n’avait aucune autorité ou légitimité à demander l’extradition de ces deux hommes. En effet, les autorités algériennes n’ont aucun chef d’inculpation, aucun acte d’accusation. Elle n’a jamais émis aucun mandat d’arrêt international. Pire, tout en sachant pourtant que le Mali détenait deux de ses ressortissants, l’Algérie ne s’était jamais empressée de les réclamer.
Et même lorsqu’elle l’a fait, c’était sans véritable conviction. En effet, si l’Algérie voulait vraiment l’extradition de ces deux hommes, elle n’allait pas attendre la dernière minute pour en faire la demande et, dans le même temps, offrir aux autorités maliennes un soi-disant arsenal juridique pour résister aux pressions. En réalité, l’Algérie, dont personne ne n’ignore les véritables desseins dans la gestion de l’insécurité dans la Bande, entendait laisser le Mali faire le sale boulot, nettoyer les écuries d’Augias et tirer les marrons du feu. L’Algérie ne pouvait pas se permettre, même si le Mali avait accepté, d’accueillir chez elle ces deux hommes et de leur offrir un procès équitable et public. Ces hommes ont été formés en Algérie, un pays qu’ils connaissent parfaitement. Ils sont des créatures de la sécurité militaire et de l’armée nationale et populaire. Ils ont eu des liens étroits avec plusieurs responsables de ces deux nébuleuses. Ils savent ou soupçonnent pourquoi leur pays a connu une décennie sanglante. Ils savent qui tire en réalité les ficelles dans ce pays. Bref, ils savent beaucoup trop de choses pour qu’on leur donne la chance de s’exprimer en public. En fait, à cause des clivages qui perdurent encore dans leur pays, ils n’auraient pas survécu à une extradition, une fois la frontière franchie.
Garder le profil bas
Quid de la Mauritanie ? Ce pays aurait eu intérêt à garder le profil bas. Les cinq otages, encore aux mains d’AQMI, ont été enlevés chez lui, grâce à des complicités locales, avec des logistiques locales. Certaines sources font de plus en plus état de l’implication de certains officiels mauritaniens, vu la facilité avec laquelle sont menées certaines actions sur ce territoire. La Mauritanie, informée comme l’Algérie de la détention au Mali d’un de ses ressortissants, n’a jamais demandé d’extradition. Certains officiels craindraient-ils que ce Mauritanien, une fois libre au Mali ou remis aux autorités mauritaniennes, se mettent à table en révélant des faits qui doivent être enfouis à jamais ? Il faut le croire.
Par ailleurs, le chef d’Etat malien a toujours demandé une conférence internationale sur l’insécurité (narcotrafic, banditisme, trafic d’armes et terrorisme confondus) dans la bande sahélo saharienne. Un tel forum a pour mérite d’aplanir les difficultés et d’accorder les points de vue. Le revers de la médaille est qu’il est aussi l’occasion de mettre les choses à nu, autrement dit, de situer les responsabilités dans le pourrissement de la situation sécuritaire. Jusque là, l’Algérie et, dans une moindre mesure, la Mauritanie n’ont jamais fait preuve d’empressement ou d’enthousiasme. Au contraire. Et pour cause.
Cheick Tandina
SOURCE : Le Quotidien de Bamako, 25/02/2010

 


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