Sensibilisation sur les droits des femmes   
27/11/2009

L’Association des femmes chefs de familles (Afcf) en partenariat avec le Projet d’Appui à la Société Civile et à la bonne gouvernance (Pasoc) a organisé du 24 au 25 Novembre dernier à l’hôtel Khater, un atelier de sensibilisation des élus sur la promotion des droits des femmes en Mauritanie. L’objectif visé par l’Afcf était d’imprégner et d’impliquer...



...les parlementaires dans sa lutte pour l’émancipation de la femme mauritanienne et la promotion de ses droits fondamentaux. Outre les membres de la société civile, notamment SOS Esclaves et l’Association des imams et oulémas de Mauritanie, il y a eu la présence des élus de quelques partis politiques parmi lesquels, l’Ufp, le Rfd, l’App, le Pndd-Adil et l’Udp. L’Union pour la République (UPR) parti au pouvoir qu’on attendait beaucoup parce qu’étant le parti-Etat s’était inscrit aux abonnés absents. Le Ministère des Affaires sociales, de l’enfance et de la famille que dirige Mme Moulaty Mint El Moctar et qui est plus concerné par ce combat que mènent les femmes de l’Afcf ne s’est même pas fait représenter à cet atelier. Pourtant, il a été invité au même titre que les partis politiques selon les organisateurs.
Toutefois, il faut souligner que cet atelier qui entre dans le cadre du projet et destiné aux élus, vise à promouvoir les droits de la femme et à susciter une réflexion en vue d’actualiser les textes législatifs pour l’amélioration de la situation de la femme mauritanienne.
A l’ouverture de l’atelier, madame Aminetou Mint Ely, président de l’Afcf a indiqué que cet atelier a pour but de sensibiliser les élus locaux, les parlementaires, la société civile … sur la promotion des droits des femmes. «C’est pour mieux impliquer nos élus sur la situation de la femme mauritanienne sur les aspects de la vie, notamment conjugale » a déclaré Mint Ely. L’objectif selon Aminetou Mint Ely est d’amener l’ensemble des élus locaux et les parlementaires à prendre conscience des discriminations qui existent dans certaines lois et conventions à l’égard des femmes. C’est pourquoi, la présidente de l’Afcf considère que ces dernières doivent être levées pour une meilleure émancipation de la femme afin d’aboutir à l’égalité entre homme et femme en vue d’une synergie d’efforts dans le développement socio-économique du pays. Elle a rappelé que cet atelier devrait se tenir depuis longtemps mais pour des raisons de crise institutionnelle, il a été reporté à ce jour. Elle a interpellé à cette occasion les autorités pour une application des lois et a invité à cet effet, les parlementaires à une meilleure contribution, constructive et positive à l’atelier.
Pour sa part, M. Sidi Ould Khalifa, reprĂ©sentant le Coordinateur du Pasoc, partenaire dans cette sensibilisation, a dit que son projet qui a vu le jour en 2007 sur financement de l’Union EuropĂ©enne, et a pour objectif de promouvoir la sociĂ©tĂ© civile et la bonne gouvernance et le renforcement de  ses capacitĂ©s institutionnelles et organisationnelles. Dans le cadre de ce partenariat avec l’Afcf, le Pasoc appuit cette association dans sa sensibilisation pour la promotion des droits des femmes.
Quant Ă  Salimata Sy, coordinatrice du Pasoc elle a indiquĂ© que « la situation de la femme en dĂ©pit des avancĂ©es notoires enregistrĂ©es au cours des quatre dernières dĂ©cennies, reste encore tributaire de discriminations dans bien des domaines de la vie » notamment le droit Ă  la pension de veuvage, la pension pour les ayants droits d’une femme dĂ©cĂ©dĂ©e entre autre. Elle a toutefois dĂ©plorĂ© l’inapplicabilitĂ© des conventions en matière des droits de la femme. Il s’agit principalement des rĂ©serves Ă©mises par l’Etat mauritanien sur la convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminations Ă  l’égard des femmes (CEDEF), le manque d’harmonisation de la lĂ©gislation interne avec les conventions internationales et l’absence de dĂ©crets de mise en application des conventions ratifiĂ©es et les lois internes.  Selon Mme Sy, «Tous ces facteurs posent autant de problèmes pour la protection des droits de la femme mauritanienne et l’expose Ă  une discrimination dans tous les domaines, singulièrement les femmes esclaves, les femmes victimes de violences et des conflits familiaux … ».
Pour Boubacar Ould Messaoud de SOS Esclaves, «Le fait que le département chargé de la condition de la femme et de l’enfant ainsi que le Commissariat aux droits de l’homme et autres institutions de l’Etat soient absents à cet atelier est regrettable. Parce que cet atelier concerne ce département, la société civile dans son ensemble. Il est vrai que la question de la femme est une question sensible parce que d’autres questions tel que l’esclavage sont également les problèmes du passif humanitaire. Les gens continuent à croire que c’est du domaine politique alors qu’en fin de comptte, il s’agit pour nous des problèmes de droits de l’homme. Nous en tant qu’activistes des droits de l’homme, nous tenons à être là parce qu’on parle des droits de la femme mais on parle rarement des droits de la femme esclave. On a souvent parlé lors des forums et autres à la femme du grand monde sans parler de la femme esclave qui, elle, est victime doublement. Elles sont victimes en tant que femmes mais elles sont encore victimes parce qu’elles sont des esclaves. C’est pourquoi, nous regrettons l’absence des pouvoirs publics à cet atelier ».
Pour Mohamed Ould Bedredine, député à l’assemblée nationale, membre de l’Ufp, «C’est une très bonne initiative. Cet atelier, le pays en a besoin surtout qu’il touche un problème sensible, celui des droits de la femme et les problèmes de discrimination contre les femmes. Nous en tant que parlementaires, nous croyons que c’est parmi les priorités du pays d’assister les femmes, de lutter pour leur égalité et leurs droits. Je pense que l’atelier va dans ce sens et nous soutiendrons les résultats auxquels cet atelier aboutira » a-t-il déclaré.
«Comme règle générale, renchérit-il, il faut que les citoyens s’organisent et luttent pour leurs droits. Les femmes ne font pas l’exception. Quand elles s’organiseront, l’opinion publique sera sensibilisée. Je ne dis pas que tous les élus soutiennent les femmes, mais il y a certains dont moi-même qui soutiennent les femmes dans leur combat pour la promotion de leurs droits».
Des spécialistes en la matière ont exposé des sujets qui touchent le problème fondamental dans ce sens. Malal Samba Guissé, consultant en développement communautaire, a rappelé les origines et les principales caractéristiques des droits humains et a exposé sur les conventions sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF), le rôle que doit jouer le parlementaire dans la protection et la défense des droits de la femme (aspects économique et social). Quant à Mme Sara, juriste de formation chargée des relations extérieures à l’Afcf, elle a exposé sur le Code du statut personnel tandis que Me Bazeide, lui, a exposé longuement sur les problèmes rencontrés dans l’application des lois en cas de violation des droits humains.
Ces exposĂ©s ont suscitĂ© des dĂ©bats riches et fĂ©conds, notamment chez les imams et oulĂ©mas qui ont dĂ©fendu la position de l’islam par rapport aux droits de la femme dans la vie conjugale. Des Ă©changes fructueux ont marquĂ© l’assistance durant tout l’atelier.  
Tout compte fait, les participants à l’atelier, après des travaux de groupes, ont fait un plaidoyer auprès des élus pour le renforcement du cadre de protection des femmes, proposé une stratégie pour la levée de la réserve de la Mauritanie sur la CEDEF et ont formulé des recommandations pour obtenir à une implication des élus dans la protection et la défense des droits de la femme. Il reste à savoir si cet appel sera entendu par les élus pour la promotion des droits de la femme.
Compte rendu Ibou Badiane


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