Samory Ould Bèye: «Il y a toujours un système basé sur le mépris… »   
20/11/2009

Samory Ould Bèye est  secrétaire général de la CLTM, membre du conseil national de l’Alliance populaire progressiste et membre dirigeant d’El Hor, mouvement en faveur de l’émancipation des Harratines. Auteur, des déclarations fracassantes tenues récemment contre le Front national pour la défense de la démocratie (FNDD), il répond aux questions de Tahalil.



Tahalil : Selon «Le Divan», vous accusez le FNDD d’avoir comploté contre son candidat Messaoud Ould Boulkheïr au profit de Mohamed Ould Abdel Aziz, lors de la présidentielle passée. S’agit-il d’une information ou d’une désinformation? Avez-vous réellement accusé le FNDD de duplicité?
Samory Ould Bèye :
J’ai bien accusé le FNDD de trahison. C’est surprenant, elle nous ramène à la case départ.
Dans la mesure où les mauritaniens - toutes communautés confondues - se sont retrouvés pour dépasser leurs vieilles contradictions en vue de bâtir quelque chose de commun à partir duquel on pouvait évoluer vers des perspectives permettant à tous de se sentir égaux, concernés au même pied d’égalité de la vie et des affaires du pays, nous avons pensé (à El Hor)  que certains avaient évolué et changé leur mentalité. Or à traves la présidentielle, nous avons vu qu’il s’agit d’une situation toujours figée de mentalité rétrograde, d’un système d’exclusion qui n’a pas évolué, de manque de considération que certains ont toujours gardé vis-à-vis des autres, faisant d’eux un moyen de production ou de carte qu’on peut jouer en politique mais jamais pour asseoir un rapport de franchise, de sérénité pour créer un environnement propice afin de bâtir la confiance entre les uns et les autres.
Pour arriver au concret j’affirme que le directoire du FNDD, au lieu d’élaborer une bonne stratégie dans le but de réaliser un bon score, a travaillé pour mettre en place un système et une stratégie intelligemment préparés pour barrer la route à un candidat issu de la composante harratine que d’aucuns, dans ce pays, ne veulent de sa promotion et de son accession  aux droits fondamentaux auxquels aspire chaque citoyen et chaque être humain. Il s’agissait pour les acteurs politiques composant le FNDD de rééditer l’histoire. Faudrait-il le rappeler, en 92,  bon nombreux de ces acteurs, qui se disent progressistes, avaient pris part dans la machination visant à évincer Messaoud Ould Boulkheïr, leader incontesté à l’époque de l’UFD, au profit d’Ahmed Ould Daddah qu’ils ont fait venir de l’étranger, et imposer comme candidat du parti afin d’arrêter la progression des harratines. 
T : Pouvez vous nous fournir des preuves qui donnent raison quand vous affirmez que  le FNDD  a  comploté contre son candidat?
S.O.B :
Les preuves sont assez nombreuses et pertinentes, le moment venu je les livrerais à l’opinion, dans le détail. En attendant, la nomination de l’ancien ministre de l’intérieur Ould R’Zeïzim comme ambassadeur est un exemple patent qui montre qu’il y a eu marchandage entre Ould Abdel Aziz et le Front. La conférence dans laquelle le parti ADIL et Ould El Waghf justifient cette nomination est une preuve de plus que le marchandage a bien eu lieu. Ce qui est surprenant ce qu’aucune des composantes du FNDD n’a dit mot sur ce développement. Les sénatoriales également constituent une preuve que le Front est en cheville avec l’UPR contre l’APP. Le candidat de l’APP lors des sénatoriales, était assuré du soutien de huit voix municipales issues de son parti. Il n’avait besoin que de trois voix pour l’emporter à Nouakchott, mais à l’arrivée il a échoué. Ceci prouve que les autres composantes du Front ont trahi. Leurs éléments n’ont pas voté le candidat APP. Cela est une réédition des élections communales municipales de 2007 où les alliances avec les partis qui, aujourd’hui, composent le FNDD n’ont jamais respecté leurs engagements vis-à-vis de candidats de l’APP.   
 T. : La présidentielle est passée il y a environ quatre mois. Aujourd’hui vous criez à la trahison. Quelles  sont les raisons qui vous ont incité à garder le silence? Pourquoi n’avez-vous pas clamé plutôt que le FNDD  avait manigancé contre son candidat lors de la présidentielle?
 S.O.B :
Je n’ai jamais gardé le silence. A la veille de l’investiture d’Ould Abdel Aziz, il y avait eu une réunion ultime au siège de l’UNAD, entre partis du Front. La question, l’unique question, qui était  à l’ordre du jour se rapportait à la participation ou non à l’investiture. Lors de cette réunion-là, j’ai bien souligné qu’avant même qu’il ait discussions sur d’autres questions, il faut qu’il ait débat interne au Front pour discuter du déroulement de la campagne et de la façon dont elle a été gérée, en plus j’avais souligné que le candidat Messaoud Ould Boulkheïr lui-même avait lors d’une conférence de presse déclaré qu’il ne reconnait le résultat de ces élections. Et ce soir là les gens de l’ADIL étaient acharnés pour que la décision soit prise permettant au Front d’aller à l’investiture. Est-ce que qu’il va y avoir une réécriture pour permettre de voir s’il va y avoir une nouvelle situation, une nouvelle coordination? Nous (El Hor) avons gardé le silence pour voir l’évolution des choses. Ce qui m’a le plus poussé à parler aujourd’hui ce que nous, au sein du mouvement EL Hor, nous estimons qu’il ya toujours un système basé le mépris, l’exclusion et l’éloignement des harratines de l’échiquier politique. Au moment ou nous pensions qu’il ait évolution de mentalité, nous nous retrouvons devant cette situation ou tout le monde se sert de nous. C’est pour cette raison que nous avons pensé se démarquer du Front. Puisque on ne voit le projet d’El Hor ni part dans le programme du FNDD.

T. : En accusant le FNDD, à quoi aspirez-vous? A  semer le doute dans l’esprit de ses sympathisants et finalement précipiter sa dislocation de cette coalition de partis politiques?
S.O.B :
En accusant le Front, mon souci c’est de dire la vérité sur ce que nous vu lors la présidentielle passée. Mon objectif et également de défendre  les intérêts et les droits des harratines, en vue de leur  libération émancipation ainsi que leu intégration en tant que citoyen entier dans le circuit du développement économique et social de ce pays, parce que je ne trouve plus la différence entre la situation de l’époque et aujourd’hui ou les harratines sont exclues marginalisés réduits et exploités en tant qu’esclaves éternels. Cette tendance de dominer, d’exclure, et d’exploiter éternellement les harratines est en train de revenir en force à travers la discrimination devant la nomination les recrutements, l’emploi à la fonction publique, l’expropriation des terres pour les fragiliser davantage. On veut continuer à leur faire croire qu’ils sont représentés par les fils de leurs maîtres ou de leurs anciens maîtres en tentant de leur croire que leur mission est de continuer à servir ces anciens. Notre lutte est de changer cette situation et de créer des rapports normaux basés sur le respect réciproque et l’égalité des chances. Aujourd’hui on veut nous ramène à la case départ en pour nous assujettir  ce que nous refusons. Nous estimons que nous sommes une composante de la société mauritanienne et non pas une population maudite condamnée à vivre en marge de cette société par la volonté de ceux qui s’adjugent le droit de repartir les richesses et les fonctions dans ce pays, nos enfants sont comme les autres enfants. Ils doivent jouir de mêmes droits. Cette velléité, cette volonté d’asphyxier les harratines au plan économique en vue de les fragiliser  constitue aujourd’hui de la provocation et doit cesser.  

Propos recueillis par Samba Camara


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