| Un double attentat à la voiture piégée visant deux bâtiments officiels a fait au moins 132 morts et plus de 500 blessés dimanche dans le centre de Bagdad, qui connaît là son attaque la plus meurtrière depuis le début des mois. Ces deux explosions de forte puissance avaient pour cibles le ministère de la Justice et le siège du gouvernorat de la province de Bagdad, situés près des berges du Tigre.
Elles sont intervenues à quelques minutes d’intervalle l’une de l’autre. L’opération, effectuée par des kamikaze à bord de camionnettes selon certains témoins, d’un camion et d’une voiture selon d’autres, alimente les doutes sur la capacité des forces irakiennes à assurer la sécurité dans les villes, charge qui leur a été transmise par l’armée américaine. Le double attentat inquiète également les autorités à l’approche des élections législatives de janvier 2010. "Ce sont les mêmes mains, noires du sang du peuple irakien. Ces gens veulent semer le chaos dans le pays, freiner le processus politique et empêcher la tenue des élections législatives", a déclaré le Premier ministre Mouri al Maliki dans un communiqué. Le président Djalal Talabani, un Kurde, a de son côté accusé sans les nommer certains pays étrangers de soutenir les insurgés. "Ces pays proches et éloignés doivent immédiatemment et définitivement cesser d’abriter, de financer et de soutenir des forces qui proclament ouvertement leur hostilité à l’Etat irakien", a-t-il déclaré dans un communiqué.
CORPS MUTILÉS ET CARBONISÉS
La rue longeant le siège du gouvernorat était inondée et des pompiers ont retiré des corps mutilés et carbonisés. Plusieurs carcasses de véhicules incendiés jonchaient la voie. Les secouristes, équipés de grues, ont entrepris de fouiller les décombres de la façade du ministère de la Justice et ont retiré eux aussi des corps. Le porte-parole du gouvernement irakien, Ali al-Dabbagh, a expliqué qu’il se trouvait à l’hôtel Mansour lorsque les bombes ont explosé et que lui et d’autres personnes de son entourage ont reçu des bris de verre. Cet hôtel abrite l’ambassade de Chine et les bureaux de plusieurs entreprises de presse étrangères. On n’y signalait aucun blessé grave. Le 19 août, deux camions piégés avaient fait près de 100 morts et plusieurs centaines de blessés à Bagdad, dans des attentats visant les ministères des Affaires étrangères et des Finances. De manière générale, la violence a décliné en Irak depuis que Washington s’est assuré l’appui des chefs de tribus locales dans sa lutte contre Al Qaïda, et depuis l’envoi de renforts américains, mais les attentats n’en demeurent pas moins fréquents dans certaines parties du pays. Selon des responsables militaires américains, des attentats du genre de ceux commis à Bagdad dimanche et en août visent à rallumer le conflit intercommunautaire qui a ensanglanté le pays après l’invasion américano-britannique de 2003 et à saper la confiance dans Nouri al Maliki à l’approche des élections. On s’attend à ce que ce dernier fasse campagne en vantant l’amélioration des conditions de sécurité à travers le pays. Les forces américaines se sont retirées à l’intérieur de leurs bases et ont ainsi évacué les centres urbains en juin, laissant aux Irakiens le soin d’assumer la sécurité.
Les attentats les plus sanglants en Irak depuis son invasion en mars 2003
- 25 octobre 2009: deux attentats à la voiture piégée près de bâtiments officiels font au moins 147 morts et plus de 700 blessés dans le centre de Bagdad
- 14 août 2007: quatre attentats à la voiture piégée frappent simultanément le village de Qahataniya (nord-ouest), tuant plus de 500 Yézidis, une communauté religieuse de langue kurde
- 7 août 2007: un attentat à la voiture piégée fait 160 morts dans un village turkmène au sud de Kirkouk (nord)
- 18 avril 2007: au moins 183 personnes sont tuées dans un quadruple attentat dans des quartiers chiites de Bagdad
- 27 mars 2007: plusieurs véhicules piégés explosent sur des marchés à Tal Afar (nord-ouest), faisant au moins 152 morts
- 3 février 2007: attentat à la voiture piégée sur un marché dans un quartier majoritairement chiite de Bagdad, 137 morts
- 23 novembre 2006: des tirs de mortiers et l’explosion de cinq voitures piégées tuent 125 personnes à Sadr City, le grand quartier chiite de Bagdad
- 14 septembre 2005: une douzaine d’attentats coordonnés frappent Bagdad, 178 morts
- 2 mars 2004: une série d’attentats-suicide, de tirs de mortiers et d’explosions frappent des lieux de culte chiites à Kerbala et Bagdad, faisant au moins 181 morts.
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