Les islamistes cassent la dynamique d’une candidature unique du FNDD   
14/06/2009

C’est le flou artistique ! Jusqu’au milieu de la journĂ©e du 14 juin le parti «Tawassoul» (islamistes modĂ©rĂ©s) n’ avait  pas encore donnĂ© de dĂ©tails sur sa position par rapport Ă  la prĂ©sidentielle du 18 juillet. Plusieurs options auraient Ă©tĂ© discutĂ©es dans le conseil national de ce parti tenu la veille,  parmi lesquelles, une candidature interne Ă©manant du parti Tawassoul, celle d’Ahmed Ould Daddah et enfin, la candidature unique du FNDD dont Tawassoul assure la prĂ©sidence tournante.



Mais la session du conseil national n’a pas permis Ă  prĂ©miere vue  d’avoir une idĂ©e prĂ©cise de l’orientation future de ce parti et a incontestablement brisĂ© la dynamique d’une candidature unique au sein du FNDD dont toutes les composantes -Ă  part Tawassoul- s’accordaient dĂ©jĂ  sur Messaoud Ould Boulkheir.

Plusieurs raisons ont Ă©tĂ© avancĂ©es pour expliquer le flou entretenu par les islamistes. La pemiere, pourrait se justifier par le pragmatisme politique. Le putsch du 6 aoĂ»t ayant en partie Ă©chouĂ©, la prĂ©sidentielle du 6 juin a Ă©tĂ© reportĂ©e, une nouvelle recomposition du paysage politique est entrain de naĂ®tre sur les cendres du militantisme anti-putsch qui n’est donc plus un dĂ©nominateur commun.
D’ailleurs Ghoulam Ould Haj Cheikh l’un des dirigeants islamistes l’a dit rĂ©cemment : «la page du putsch est tournĂ©e, Ould Abdel Aziz est un candidat comme tous les autres !».
La seconde raison qui explique le suspens entretenu par les islamistes pourrait être liée à la nature de la candidature unique déjà annoncée par les composantes du FNDD dont le choix s’était porté sur Messaoud Ould Boulkheir. Les analystes proches de Tawassoul estiment qu’une candidature unique ne garantit pas une orientation unique du vote de l’électorat du FNDD.

Il serait suicidaire affirment-ils de ne pas multiplier les candidatures pour tenir compte de la diversitĂ© des Ă©lecteurs. Une option ont-ils estimĂ©, qui aura l’avantage d’imposer un deuxième tour; dans lequel le FNDD sera l’arbitre.
Une troisième raison avancĂ©e pour justifier l’hĂ©sitation de Tawassoul serait en relation dit-on avec  l’influence (non confirmĂ©e) qu’aurait exercĂ©e le Cheikh Ould Dedew guide spirituel de la mouvance islamiste (mĂŞme s’il n’aime pas ĂŞtre qualifiĂ© ainsi) et qui aurait Ă©tĂ© rĂ©cemment Ă©tĂ© dĂ©marchĂ© par de très hautes autoritĂ©s militaires soucieuses de faire Ă©clater la cohĂ©sion des composantes du FNDD et de s’attirer le soutien des islamistes.
Enfin une dernière raison est liĂ©e Ă  la candidature d’Ahmed Ould Daddah qui est une personnalitĂ© hautement apprĂ©ciĂ©e par la base traditionnelle de la mouvance islamiste dont les dirigeants et les electeurs furent tous, par le passĂ©, des militants de l’UFD et de son successeur le RFD.
Aussi la dĂ©cision du dernier conseil national de Tawassoul est venue habilement masquer les terribles dilemmes, les impĂ©ratifs et les pressions, pour entretenir le flou et laisser les observateurs interprĂ©ter Ă  leur guise, l’orientation future des islamistes qui va immanquablement Ă©voluer -au cas oĂą Ould Mansour n est pas candidat- vers une alliance avec l’un des deux pĂ´les politiques qui se rapporchent de plus en plus : les pĂ´les d’Ahmed Ould Daddah et du gĂ©nĂ©ral Mohamed Ould Abdel Aziz.
Le parti Tawassoul (ex-réformateurs centristes) reconnu sous le président renversé Sidi Ould Cheikh Abdellahi avait soutenu la candidature de Saleh Ould Hannena à la présidentielle de mars 2007 et obtenu plus de 7% des suffrages.

Ce parti a participĂ© au deuxième gouvernement du prĂ©sident Ould Cheikh Abdellahi sous l’ex-premier ministre Ould Waghf.

Mais les ministres de Tawassoul avaient été expulsés de ce gouvernement sur pression des généraux tombeurs de Ould Cheikh Abdellahi et de leurs soutiens parlementaires qui les avaient présentés comme des «fondementalistes».
DirigĂ© par Jemil Ould Mansour que certains prĂ©sentent comme un futur «Abdalla GUL» mauritanien, Tawassoul est incontestablement un parti de masses et  d’avenir dans une sociĂ©tĂ© fortement islamique.

Une certaine habilitĂ© politique est concĂ©dĂ©e Ă  Ould Mansour dotĂ© d’un sens Ă©lĂ©vĂ© de la manoeuvre qui se manifeste souvent par les suspens et les sous entendus. InterrogĂ© en 2004 sur les liens entre les islamistes et leurs Ă©lĂ©ments impliquĂ©s dans la tentative de putsch du mois septembre de la mĂŞme annĂ©e,  organisĂ©e par les «cavaliers du changement» Ă  partir du Burkina Faso, Ould Mansour avait rĂ©pondu qu’il s’agissait d’accusations Ă©manant de services de sĂ©curitĂ© et que mĂŞme si elles sont fondĂ©es n’impliqueraient que des personnes et non la mouvance islamiste. Deux annĂ©es après, en 2006 au cours de la transition, Ould Mansour se vantera sur la TĂ©lĂ©vision de Mauritanie de «l’expĂ©rience militaire commune» entre les islamistes et les «cavaliers du changement Â» !

Une «expérience commune» qui se prolongera d’ailleurs à la présidentielle de mars 2007.
PressĂ© en juin 2008 de prendre position par rapport Ă  la fronde parlementaire et au diffĂ©rend persistant entre les gĂ©nĂ©raux et le prĂ©sident Sidi Ould Cheikh Abdellahi, Ould Mansour avait rĂ©pondu -non sans un brin de machiavĂ©lisme- : Â«Nous ne pouvons prendre position dans un litige qui oppose les militaires et le prĂ©sident Sidi !». En d’autres termes: "Nous attendrons voir. Le combat des militaires et celui de Sidi, ce n’est pas notre salade".

Cela n’empĂŞchera pas Ould Mansour de monter au crĂ©neau le 8 aoĂ»t 2008, deux jours après le putsch, pour rejeter le coup d’Etat. Et c’était quand mĂŞme, Ă  son honneur !
Au mois de mai 2009 Ould Mansour Ă©tait Ă©galement montĂ© au crĂ©neau suite Ă  la publication d’un communiquĂ© du FNDD qui se fĂ©licitait de l’hostilitĂ© amĂ©ricaine vis-Ă -vis de la junte et s’en prenait Ă  la position de la France. Les observateurs avaient estimĂ© que le dirigeant islamiste avait travaillĂ© ainsi contre son camp, mĂŞme s’il est certain qu’il prenait une telle position sur pression de l’aile radicale et anti amĂ©ricaine du parti Tawassoul, Ă  l’époque dĂ©stabilisĂ© par l’appropriation faite par le gĂ©nĂ©ral Ould Abdel Aziz de certains de ses thèmes de mobilisation, notamment, avec le soutien fort apportĂ© au peuple palestinien Ă  Gaza ainsi que le gel des relations diplomatiques avec IsraĂ«l.

Des thèmes fort usités par les islamistes et sur lesquels, ils se retrouvent maintenant doublés.
MAOB


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