Le point sur la mĂ©diation internationale en Mauritanie   
22/05/2009

Les mĂ©diateurs dĂ©pĂŞchĂ©s par la communautĂ© internationale en Mauritanie ne sont pas parvenus Ă  faire asseoir les protagonistes de la crise (le gĂ©nĂ©ral Ould Abdel Aziz, le RFD et le FNDD) autour d’une mĂŞme table de nĂ©gociations (malgrĂ© une première rencontre Ă  huis clos entre leurs deleguĂ©s), et ce, après une semaine de mĂ©diation. Les mĂ©diateurs ont quittĂ© la Mauritanie le 22 mai après avoir annoncĂ© que leur mĂ©diation se poursuivra.



Aucune solution consensuelle sur les enjeux majeurs de la crise consecutive au putsch du 6 aout : le report (ou l’annulation de l’agenda Ă©lectoral (initiĂ© par la junte et ses soutiens), la libĂ©ration des dĂ©tenus politiques (libĂ©rĂ©s par la Cour SuprĂŞme et maintenus en dĂ©tention), le gouvernement de transition et le rĂ©amĂ©nagement de la commission Ă©lectorale, ne s’est dĂ©gagĂ©e jusqu’à prĂ©sent.

Des rumeurs persistantes ont circulĂ© sur des avancĂ©es, notamment, sur le report de la prĂ©sidentielle jusqu’au 15 juillet,  mais n’ont pas Ă©tĂ© confirmĂ©es.

Le report de la prĂ©sidentielle, l’association de la mouvance anti-putsch Ă  un gouvernement de transition et le rĂ©amĂ©nagement de la Commission Electorale figureraient parmi les propositions faites le 20 mai, par les mĂ©diateurs internationaux aux protagonistes de la crise mauritanienne.

Les mĂ©diateurs ont rencontrĂ© le 21 mai toutes les parties et ont ensuite tenu une rĂ©union avec les ambassadeurs occidentaux Ă  Nouakchott (France, Allemagne, Espagne, Union EuropĂ©enne et Etats-Unis) pour leur exposer le rĂ©sultat de leur mĂ©diation.

Au milieu de la journĂ©e du 21 mai le Haut conseil d’Etat (HCE, junte militaire restĂ©e au pouvoir malgrĂ© la dĂ©mission de son prĂ©sident) a tenu une rĂ©union de «politico-sĂ©curitaire» dit-on, et invitĂ© les mauritaniens Ă  faire preuve de "civisme et de responsabilitĂ©" mettant en garde contre "toute action tendant Ă  troubler l’ordre public ou Ă  porter prĂ©judice Ă  la sĂ©curitĂ© des personnes ou de leurs biens".

 Le HCE a soulignĂ© aussi qu’il comptait sur "le sens Ă©levĂ© de patriotisme des diffĂ©rents acteurs politiques, engagĂ©s ou non dans cette campagne, pour que le climat de tolĂ©rance et d’apaisement, cher au mouvement de rectification soit prĂ©servĂ© au mieux des intĂ©rĂŞts supĂ©rieurs de la nation". 

Le gĂ©nĂ©ral Ould Abdel Aziz candidat Ă  la prĂ©sidentielle avec trois autres candidats (non identifiĂ©s comme protagonistes de la crise), auraient rejetĂ© le report de la date du scrutin du 6 juin en l’absence d’une solution consensuelle, tandis que la mouvance anti-putsch : la coalition RFD-FNDD exigeait un engagement clair annonçant ce report, ainsi que la libĂ©ration des dĂ©tenus politiques, comme geste d’apaisement et volontĂ© d’entamer le dialogue.
Dans l’après- midi du 21 mai le gĂ©nĂ©ral Ould Abdel Aziz est parti Ă  Kiffa, capitale de l’Assaba (600 kms Ă  l’est de Nouakchott) pour l’ouverture officielle de sa campagne Ă©lectorale qu’il avait dĂ©calĂ© de 24 heures «pour donner une chance Ă  la mĂ©diation». De Kiffa, il se rendra le 22 mai dans les deux rĂ©gions des Hodhs.

La mouvance nationale anti-putsch a organisĂ© en dĂ©but de soirĂ©e du 21 mai, une confĂ©rence de presse dans laquelle, elle a fait porter la responsabilitĂ© de l’échec de la mĂ©diation internationale Ă  «l’entĂŞtement» du gĂ©nĂ©ral Ould Abdel Aziz et annoncĂ© l’organisation de manifestations pacifiques, pour exprimer son opposition Ă  l’agenda Ă©lectoral de la junte et ses soutiens.

"Nous ne saurions accepter de mener des négociations sous la menace d’une campagne, ce serait un chantage, un forcing pour nous imposer un agenda que nous refusons et considérons comme illégal", a indiqué dans cette conférence de presse Ahmed Ould Daddah, chef de file institutionnel de l’opposition démocratique mauritanienne.

Le gĂ©nĂ©ral Ould Abdel Aziz, a rĂ©agi en fin de soirĂ©e du vendredi 21 mai en accusant l’opposition anti-putsch de «bloquer» la dĂ©mocratie. "Ce sont eux qui bloquent la dĂ©mocratie, nous sommes prĂŞts Ă  nĂ©gocier alors qu’ eux ne le sont pas", a-t-il dĂ©clarĂ© lors de son premier discours de campagne prononcĂ© Ă  Kiffa. Le gĂ©nĂ©ral candidat a encore une fois accusĂ© ses opposants de "chercher Ă  imposer un embargo contre leur pays et Ă  oeuvrer pour l’affamer", estimant qu’ils ne "reprĂ©sentent rien " et qu’ils ne sont qu’une «minoritĂ© constituĂ©e de symboles de la gabegie».
Wade et la France s’y mettent encore !
A la veille de son dĂ©part le 22 mai de la Mauritanie, M. Ramdane Lamamra le commissaire de l’Union africaine chargĂ© de la paix et de la sĂ©curitĂ© a voulu maintenir l’espoir en indiquant -dans une dĂ©claration Ă  la presse- que la poursuite de la campagne Ă©lectorale ne veut pas dire la fin de la mĂ©diation internationale. M. Lamamra a rendu -dans le jargon diplomatique- un hommage appuyĂ© aux protagonistes de la crise mauritanienne (le prĂ©sident renversĂ© Sidi, le gĂ©nĂ©ral Aziz et les leaders du RFD et du FNDD) pour leur contribution Ă  ce stade de la mĂ©diation et indiquĂ© que le prĂ©sident Abdoulaye Wade entreprendra de nouveau des contacts Ă  partir du 22 mai avec les protagonistes.
La France a Ă©galement apportĂ© (toujours, le 22 mai) son soutien Ă  la mĂ©diation internationale conduite par le SĂ©nĂ©gal et espĂ©rĂ© la conclusion d’un accord sur l’élection prĂ©sidentielle.

"Nous saluons les démarches entreprises par le Sénégal ainsi que par les représentants de l’Union africaine et des Nations unies en vue de parvenir à une sortie de crise en Mauritanie", a déclaré le porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères, Frédéric Desagneaux.

"Nous avons rappelé à plusieurs reprises, avec nos partenaires du groupe de contact international, notre souhait que le processus électoral se déroule de manière transparente et régulière, dans des conditions qui permettent à toutes les forces politiques représentatives d’y participer et d’assumer leurs responsabilités", a-t-il ajouté.

Qui sont-elles ces forces reprensentatives dont la France souhaite la participation ? Et Ă  quel processus Ă©lectoral ? FrĂ©dĂ©ric Desagneaux n’a pas apportĂ© de prĂ©cisions lĂ -dessus.


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