Le président du Haut Conseil d’Etat (HCE, junte), le général Ould Abdel Aziz, a annoncé, le 25 mars, que le dossier du passif humanitaire relatif aux violations des droits de l’homme enregistrées en Mauritanie la fin des années 80 et début des années 90 a été "clos définitivement".
La radio nationale a annoncé que le chef de la junte au pouvoir en Mauritanie, le général Ould Abdel Aziz, a lancé à Kaédi un processus de réparations pour les familles de centaines de négro-mauritaniens exécutés entre 1989 et 1991. A Kaédi, majoritairement peuplée de négro-mauritaniens, le général Aziz a participé à une cérémonie avec des familles des disparus et des représentants d’ong. Le président du HCE, a dit avec eux la "prière du disparu" et salué le "courage qu’ALLAH a donné à ces familles de surmonter leur douleur et la force d’essuyer les larmes de l’amertume sans ressentiment", selon la radio nationale. Il a annoncé des "mesures concrètes pour indemniser les ayants droit", selon la même source. "Nous avons décidé courageusement de panser nos blessures encore béantes et de tourner une page faite à la foi d’atrocités et de grandeur d’âme", a-t-il ajouté. Le HCE avait promis de clore ce dossier en lui trouvant une solution acceptable avec les familles (veuves et orphelins et ayants droits). "Une page où le pardon et la miséricorde l’ont emporté sur l’aveuglement et l’obstination. Aucune indemnisation, aucune compensation n’équivaudrait à une vie humaine. L’être humain est en effet irremplaçable dans son milieu’’, a indiqué le président du HCE devant les populations à Kaédi.
Il a ajouté que "si les ayants-droit des victimes, à la mémoire desquels nous allons prier dans quelques instants, ont accepté la procédure proposée par la commission chargée de résoudre la question du passif humanitaire c’est parce qu’ils ont décidé de venir à bout de l’agression par le pardon et repousser le mal par ce qui est meilleur". Une prière à la mémoire des disparus a été organisée après l’ouverture officielle des "journées de réconciliation et de règlement du passif humanitaire". Selon les organisations des droits de l’homme, plus de 500 negro-mauritaniens ont été tués durant les années 1990 et 1991 suite aux tensions intercommunautaires des années 86-89. M Sy Abou représentant de l’une des organisations qui prennent en charge le dossier du passif humanitaire, le collectif des victimes de la répression (COVIRE), a évoqué pour sa part "une reconnaissance des faits par l’Etat et des réparations morales et matérielles". Le front anti-putsch, opposé au coup d’Etat du 6 août, a accusé le pouvoir militaire d’utiliser ce dossier dans le cadre de la campagne pour l’élection présidentielle anticipée du 6 juin et rejeté "toute solution concoctée en catimini par des béni-oui-oui et imposée aux ayants droit" estimant qu’une solution à ce problème devait "obligatoirement passer par une large concertation".
|