Il y a lieu de méditer sur les raisons et les enjeux de l’initiative de sortie de crise initiée par le Guide libyen, le Frère Mouammar Kadhafi, tout comme le contexte et le moment très spéciaux dans lesquels elle intervient.
Cette initiative, annoncée dans le communiqué sanctionnant la fin des travaux de la rencontre consultative du Groupe de Contact, tenue à Paris le 20 février, est le résultat d’un consensus entre l’ensemble des organisations concernées par le dossier mauritanien (Union Africaines, Ligue Arabe, OCI, OIF, Union Européenne et les Nations Unies).
C’est en même temps un ultime avertissement aux putschistes qui ont longtemps misé sur la possibilité de pouvoir susciter une hypothétique division de la Communauté Internationale en vue d’opposer, souhaitent-ils, la Ligue Arabe qu’ils jugent favorable à leur forfait, au reste du monde. Cette entreprise s’est révélée totalement vaine ; la Communauté internationale étant restée unanime sur le principe de la condamnation et du rejet absolu du coup d’Etat, ainsi que sur le maintien des sanctions, laissant à chaque organisation la latitude d’envisager l’application de celles-ci suivant ses mécanismes propres.
La médiation du Guide de la Jamahiriya intervient donc avec l’enclenchement, au niveau international, du processus de sanctions ciblées qui, sans la mise en échec du coup d’Etat, risque d’être irréversible et très préjudiciable pour le pays tout entier, contrairement à la propagande irresponsable des putschistes. En effet, non seulement les positions, dont celles des bailleurs de fonds qui n’avaient pas attendu longtemps après le coup d’Etat pour geler leurs financements, vont s’endurcir, mais même en cas de retour à la normale, la mise en place des mécanismes de levée de sanctions sera très lente.
C’est dire que l’initiative du Guide Frère Mouammar Kadhafi qui vise à désamorcer la crise à travers un règlement consensuel s’inscrit bel et bien dans le cadre des efforts diplomatiques déployés par la communauté internationale pour mettre fin à plusieurs mois d’impasse politique, dans le but d’épargner les pauvres populations des effets implacables de sanctions précipitées sur la Mauritanie par le coup d’Etat démoniaque du Général Mohamed Ould Abdel Aziz.
Il y a lieu de préciser que le Guide libyen intervient dans ce dossier en sa qualité de Président en exercice de l’Union Africaine, laquelle est mandatée par toutes les organisations régionales, sous-régionales et internationales pour gérer le dossier de la crise mauritanienne.
C’est dans cette optique qu’il prépare d’arrache-pied l’imminent rassemblement des protagonistes devant se tenir, comme prévu à Tripoli sous les auspices de l’Union Africaine et en présence des autres membres de la Communauté Internationale.
Si, cependant, au niveau du FNDD les responsables se félicitent de cette opportunité de dialogue qui répond à leur exigence excluant de fait tout pourparler sous le plafond du régime putschiste, ce n’est pas le cas de la junte et ses laudateurs lesquels partent en Libye en traînant les pieds, en plaçant plus d’un obstacle devant les efforts du Frère Guide de la Jamahiriya. En effet, jusqu’à l’isolement absolu de la junte consacré par la prise de décision, au dernier sommet des Chefs d’Etat à Adis Abéba, de mettre en application des sanctions décidées par le CPS, le général Ould Abdel Aziz pensait toujours pouvoir continuer ses manœuvres dilatoires et se jouer de l’Union Africaine en différant une sentence pourtant inéluctable.
Aujourd’hui, il tente de faire échouer la médiation du Guide en provoquant le FNDD et le Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi (Menaces d’arrestation de Boydiel Ould Houmoïd, Passeport avec mention « ancien président » etc.).
La Libye s’est impliquée dans cette crise par acquit de conscience, par devoir de fraternité, d’amitié et d’appartenance au monde islamique, arabe et africain. Elle nourrit, en plus de cela, des ambitions diplomatiques qu’elle a légitimement méritées par ses nombreuses médiations et bons offices qu’il s’agisse des dossiers touaregs du Mali et du Niger, ou celui du Darfour responsable des malentendus entre le Soudan et le Tchad.
Bref, les autorités libyennes souhaitent occuper une place sous-régionale et même continentale à la hauteur du renom de leur Guide et de leur tradition de peuple arabe et africain. Il n’y a aucune crainte que les manœuvres des putschistes pour discréditer leur médiation en la présentant comme d’office favorable à leur agenda réussissent.
Ethmane Ould Bidiel
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