Le général Mohamed Ould Abdel Aziz, Président du Haut Conseil d’Etat (HCE, junte au pouvoir depuis le 6 août 2008), s’est rendu mercredi 25 février en Libye. Il est accompagné d’une délégation gouvernementale comprenant plusieurs ministres ainsi que l’ambassadeur de Mauritanie à Tripoli, Mohamed Lemine Ould Khattri.
Le groupe de contact international sur la crise en Mauritanie avait invité le 20 février les protagonistes de cette crise consécutive au coup d’Etat, à un "dialogue politique" sous les auspices du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, récemment élu pour un an, président de l’Union Africaine (UA) et qui a reçu, il y a quelques jours, les lettres de créances du nouvel ambassadeur mauritanien designé par la junte en Libye. Le Front National de la Défense de la Démocratie (FNDD), coalition de partis qui s’oppose au coup d’Etat, a accepté le principe de ce dialogue. Ahmed Ould Daddah président du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) ex-opposition au président renversé le 6 août, qui a soutenu le coup d’Etat et s’oppose depuis fin janvier 2009 à la candidature des militaires à l’élection envisagée au mois de juin 2009 ainsi qu’à la supervision de celle-ci par le gouvernement de la junte, s’est également déclaré favorable au dialogue. Les protagonistes de la crise mauritanienne : le général Ould Abdel Aziz, deux représentants du FNDD dont le président de l’assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir ainsi que Ahmed Ould Daddah accompagné d’un haut responsable de son parti, vont se retrouver à Tripoli séparément pour un «dialogue politique» avec le guide libyen, en vue de préparer une rencontre qui pourra les regrouper.
En cas de succès, le dialogue amorcé pourra peut être mettre terme à l’impasse actuelle aux conséquences déja désastreuses et imprévisibles en Mauritanie. Les protagonistes de la crise mauritanienne avaient déjà avancé des propositions de sortie de crise. Le Président renversé Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi soutenu par le FNDD, a notamment envisagé la possibilité de la tenue d’élections présidentielle et législatives anticipées sous certaines conditions, dont le retour des militaires dans leurs casernes. Le RFD a exclu tout retour à la situation d’avant le 6 août 2008 et demandé l’organisation d’une élection présidentielle anticipée, avec comme condition l’inéligibilité des militaires en fonction à la date du 6 août 2008. En quelque sorte un «pousse-toi, que je m’y mette» adressé, à la fois, au président constitutionnel renversé et au chef de la junte qui lui a succédé. La junte au pouvoir, a proposé un plan de retour à l’ordre constitutionnel qui s’articule sur la tenue d’une élection présidentielle pour le 6 juin 2009 et d’un référendum constitutionnel pour le 20 juin 2009, à la veille desquels, l’intérim de la présidence de la République sera assuré par le Président du Sénat.
La junte a aussi proposé que son gouvernement reste en place pour devenir un "gouvernement intérimaire" en plus de la réorganisation des attributions du HCE et la mise en place d’une commission électorale nationale indépendante. La communauté internationale a souligné dans sa réunion du 20 février l’importance de la participation de l’ensemble des acteurs mauritaniens à la recherche d’une solution consensuelle de sortie de crise et rappelé que l’élection présidentielle doit être libre, juste et transparente, et organisée par des institutions crédibles, sous l’égide d’un gouvernement neutre.
Cette éléction -avait insisté le groupe de contact-, doit aussi faire partie d’une solution globale, pacifique et démocratique à la crise, qui soit acceptable par le peuple mauritanien et qui jouisse de l’appui de la communauté internationale.
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