Le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD, ex-opposition) qui avait soutenu le coup d’Etat du 6 août et participé aux Etats Généraux de la Démocratie (EGD) organisés par le Haut Conseil d’Etat (HCE-junte) entre le 27 décembre et le 5 janvier avant de rejeter leurs résultats, veut rebondir en exerçant des pressions sur le HCE pour empêcher la candidature de son président à l’élection prévue le 30 mai, au titre d’une feuille de route adoptée par la majorité de la classe politique mauritanienne.
Ainsi le comité permanent du RFD a examiné dans une réunion tenue le 12 janvier la possibilité de nouer une alliance avec le Front National de la Défense de la Démocratie (FNDD-front anti-putsch), sinon, adopter une «troisième voie» en gardant une distance égale entre les militaires et le front anti-putsch qui voudrait ramener le président renversé Sidi Ould Cheikh Abdellahi au pouvoir. Cette option «ni Sidi, ni les militaires» vers laquelle s’oriente le RFD avait été avancée par le passé (entre autres) par des proches d’Ely Ould Mohamed Vall. Mais elle avait été rejetée, aussi bien par les militaires, que par le front anti-putsch. Un dindon, quelque part Après avoir accompagné le HCE et exprimé son soutien à sa « rectification» espérant l’amener à ne pas se présenter à la future élection (anticipée, avant la très lointaine année 2012), le RFD découvre tardivement trois réalités têtues: Première réalité, les militaires submergés par «la Mauritanie des Profondeurs» - dont les représentants sont parfois sincères- n’ont plus besoin de la caution morale de l’ex-leader de l’opposition au régime qu’ils ont renversé. Seconde réalité, le HCE semble-t-il, ne s’est pas donné autant de peines, pour servir le pouvoir sur un plateau d’argent. Troisième réalité, enfin, le HCE dispose de solides soutiens au sein même du RFD, et pourra, au besoin, le faire imploser. La marge de manœuvre du RFD est presque inexistante. Le HCE a tellement bien joué, que le tour est joué. Il y a bien un dindon, quelque part.
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