Le compte à rebours pour une purge visant les députés opposés au putsch du 6 août a commencé avec la soumission devant le conseil constitutionnel de nouveaux amendements apportés par les députés favorables au putsch au règlement intérieur de l’assemblée nationale.
Ces amendements proposés dans un premier temps lors d’une session extraordinaire convoquée par le chef de la junte, puis lors d’une session ordinaire prévue par la constitution par les députés favorables au coup d’Etat du 6 août prévoient la destitution (de sa fonction) de tout député assurant une charge au bureau de l’assemblée nationale en cas d’ «absence volontaire» durant deux sessions consécutives. Une trentaine de parlementaires mauritaniens refusent de participer aux sessions du parlement affirmant que seul le président constitutionnel renversé et placé en résidence surveillée depuis le 6 août est habilité à le convoquer. Ils soutiennent également que la «décapitation de l’institution présidentielle» élue et légitime suite au coup d’Etat et son remplacement par une junte militaire place le pays dans une situation d’exception dans laquelle l’ordre constitutionnel se trouve d’office bloqué. C’est surtout à cause de la farouche opposition qu’elle rencontre à l’intérieur et à l’extérieur du pays que la junte et ses soutiens au niveau du parlement ont décidé de destituer Messaoud Ould Boulkheir de la présidence de l’assemblée nationale . Ould Boulkheir est aussi président de l’Alliance Populaire Progressiste (APP) . Il fut l’artisan incontestable (malgré ces 5 députés et ses 10 % de suffrages à la présidentielle) de la victoire du président Sidi Ould Cheikh Abdellahi à la présidentielle de mars 2007 et aussi, de la défaite d’Ahmed Ould Daddah. Messaoud, actuellement en tournée en Afrique où il fut reçu par plusieurs chefs d’Etat va être la première victime désignée de cette purge parlementaire. Il sera remplacé par Al Arbi Ould Jideine premier vice président de l’assemblée, ex-chef d’Etat major National ou par Kaba Ould Elewa deux fois ministre de l’intérieur sous Ould Taya. D’autres députés membres du Front National de la Défense de la Démocratie (FNDD, coalition anti-putsch) sont également visés par la destitution des charges qu’ils occupaient au niveau du bureau de l’assemblée. Les députés concernés sont Saleck Ould Sidi Mahmoud (parti Tawassoul, islamistes modérés) Cheikhna Ould Sakhawi (UFP) Aminettou Mint El Mewloud (ADIL) et Maalouma Mint Bilal (APP).
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