Amnesty International demande aux autorités mauritaniennes de mettre un terme à la répression violente des manifestations pacifiques organisées à Nouakchott, (la capitale) depuis le coup d’état militaire qui a renversé, le 6 août 2008, le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi et son gouvernement.
Au cours de deux de ces manifestations, les 5 et 7 octobre 2008, plusieurs personnes dont un sĂ©nateur, Youssouf Sylla et plusieurs dirigeants syndicaux, y compris Abderahmane Ould Boubou et Mohamed Ould Saleck, ont Ă©tĂ© frappĂ©es Ă coups de matraques alors qu’elles manifestaient de manière pacifique en faveur d’un retour Ă l’ordre constitutionnel et de la restauration de l’état de droit. Ces manifestations ont Ă©tĂ© dispersĂ©es Ă l’aide de grenades lacrymogènes. La rĂ©pression de ces deux dernières manifestations fait suite Ă la dĂ©cision prise par le gouverneur de Nouakchott, le 30 septembre 2008 de suspendre « toutes les manifestations Ă caractère politique devant ĂŞtre organisĂ©es sur la voie publique … jusqu’à nouvel ordre ». Cette dĂ©cision porte atteinte Ă la libertĂ© d’expression et de rĂ©union inscrites dans la constitution mauritanienne en son article 10 et consacrĂ©es par les articles 19 et 21 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifiĂ© par la Mauritanie le 17 fĂ©vrier 2005. Amnesty International appelle Ă©galement Ă la libĂ©ration immĂ©diate et inconditionnelle du prĂ©sident mauritanien, Sidi Ould Cheikh Abdallahi et de son premier ministre Yahya Ould Ahmed Waghf, qui sont dĂ©tenus de manière arbitraire et sans inculpation aucune. Amnesty International estime que le prĂ©sident mauritanien et son premier ministre sont des prisonniers d’opinion. L’ancien prĂ©sident mauritanien est placĂ© en rĂ©sidence surveillĂ©e depuis plus de 60 jours. Sa famille et ses avocats n’ont pas Ă©tĂ© autorisĂ©s Ă lui rendre visite. Par ailleurs, l’ancien premier ministre a Ă©tĂ© aussi placĂ© en rĂ©sidence surveillĂ©e Ă Tagant, sa rĂ©gion natale, situĂ©e Ă 500 kilomètres Ă l’est de Nouakchott. CONTEXTE Le 6 aoĂ»t 2008, plusieurs responsables de l’armĂ©e ont renversĂ© le gouvernement mauritanien mis en place Ă la suite de l’élection prĂ©sidentielle de mars 2007. Le PrĂ©sident Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi ainsi que son premier ministre, le ministre de l’IntĂ©rieur et deux autres hauts fonctionnaires de l’État ont Ă©tĂ© arrĂŞtĂ©s. À l’exception du chef de l’État et son premier ministre, tous ont Ă©tĂ© libĂ©rĂ©s. Un Haut conseil d’État composĂ© de onze membres de l’armĂ©e a Ă©tĂ© mis en place par le gĂ©nĂ©ral Mohamed Ould Abdel Aziz qui a dirigĂ© le coup d’État. Le Haut conseil d’État s’est engagĂ© Ă organiser des Ă©lections libres et transparentes « dans une pĂ©riode qui sera la plus courte possible». La communautĂ© internationale a appelĂ© Ă la libĂ©ration du chef de l’État et au retour Ă l’ordre constitutionnel. Plusieurs pays dont la France et les États-Unis ont gelĂ© leurs aides non humanitaires avec la Mauritanie. En outre, l’Union Africaine (UA) a, le 9 aoĂ»t 2008, suspendu le pays de son organisation. Le 22 septembre 2008, le Conseil de paix et de sĂ©curitĂ© (CPS) de l’UA a appelĂ© au « retour Ă l’ordre constitutionnel par le rĂ©tablissement inconditionnel de M. Sidi Ould Cheikh Abdallahi, PrĂ©sident de la RĂ©publique Islamique de Mauritanie, dans ses fonctions, Ă la date du 6 octobre 2008 au plus tard » et a mis en garde les auteurs du coup d’Etat et leurs soutiens civils contre les risques de sanctions et d’isolement. Amnesty International 8 octobre 2008
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