Alors que la communauté internationale multiplie l’envoi d’émissaires porteurs de messages condamnant le putsch du 6 août et menaçant les nouvelles autorités militaires de sanctions, une cinquantaine de parlementaires Pro-putsch ont adopté le dimanche 14 septembre une résolution proposant un délai "de 12 à 14 mois" pour l’organisation d’une nouvelle élection présidentielle afin de rétablir "l’ordre constitutionnel ", évidemment, pas celui, qui prévalait avant le 6 août 2008.
Dans leur résolution, les parlementaires favorables au coup d’Etat du 6 août ont «invité» le Haut Conseil d’Etat (la junte militaire qui a pris le pouvoir en renversant Sidi Ould Cheikh Abdellahi, le président démocratiquement élu) à mettre en place un mécanisme de concertation devant préparer une feuille de route de sortie de crise. Le texte de la résolution souligne propose, en gage de transparence des futures élections, la "réactivation de la Commission Electorale Nationale Indépendante" et l’interdiction de se porter candidat pour les militaires et "tous ceux qui, pendant la période de transition, exercent des responsabilités exécutives susceptibles d’influencer les électeurs". Les députés favorables aux militaires ont suggéré également la formation d’un "gouvernement de large coalition pour la période avant l’élection présidentielle envisagée". La résolution a été adoptée à l’unanimité des députés présents (52 sur les 95) que compte l’assemblée. La plénière du 14 septembre a été boycottée par 43 députés mauritaniens, dont 17 du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) d’Ahmed Ould Daddah, qui soutient le coup d’Etat mais exige la non-éligibilité des membres du Haut Conseil d’Etat à la présidentielle et 26 députés du Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD), une coalition de partis opposés au coup d’Etat militaire du 6 août, présenté au niveau des media officiels -dans un jargon digne de la Pravda du temps du Soviet Suprême- comme «une œuvre grandiose de rectification» . Les députés du FNDD dont M. Messaoud Ould Boulkheir le président de l’assemblée nationale, qui a siégé sans lui, considèrent que la session parlementaire extraordinaire en cours est illégale, parce qu’elle a été convoquée par décret du chef de la junte alors qu’elle devrait l’être par le président de la République, toujours assigné à résidence surveillée par la junte parvenue au pouvoir par les armes. Mais au delà de la légitimité de la présente session du parlement, les parlementaires favorables au militaires (qui ne sont as revenus dans leur résolution sur leur projet d’amendements constitutionnels) ont franchi un pas considérable vers la recherche d’un compromis, notamment, avec le RFD, dont le leader a été reçu en début d’après- midi du 14 septembre au palis présidentiel par le Général Mohamed Ould Abdel Aziz. Il reste aussi à savoir, qu’est ce que les députés favorables au coup d’Etat entendent proposer aux nombreux autres mauritaniens qui s’en tiennent à l’ordre constitutionnel hérité des élections de mars 2007 et surtout quelles sont les garanties que le président de la République qui sera élu dans «12 ou 14 mois» ne va pas, lui aussi, être déposé par un coup d’Etat. Le problème, disait récemment un homme politique mauritanien, ce n’est pas les élections, mais, les garanties contre les coups d’Etat.
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