Pour discuter de la situation en Mauritanie après le coup d’Etat du 6 août, l’émission «le Débat Africain» du 31 août sur Radio France Internationale (RFI) a accueilli au micro de Madeleine Mukanbano quatre hommes politiques mauritaniens : Messaoud Ould Boulkheir président de l’assemblée nationale Ahmed Ould Daddah leader de l’opposition démocratique Ba Bokar Moussa vice-président de l’Union des Forces du Progrès et Bal Amadou Tidjane ministre de la justice (reconduit) du Gouvernement renversé.
Nous publions ici, la transcription de cette émission dans laquelle, langue de bois et accents de sincérité étaient de la partie. Qu’elle est belle la sincérité, au pays du: 2+2 = 8 ! Madeleine Mukanbano : Il y a eu un coup d’Etat qui a renversé la tête de l’exécutif et le Premier ministre, sans toucher aux institutions. On assiste à l’éclatement du champ politique avec des formations qui soutenaient le président renversé qui sont maintenant contre lui et des partis d’opposition qui acceptent les coups d’Etat. Qu’est ce qui explique cette situation ? Bal Amadou Tidjane : Ce qui l’explique, c’est qu’il y a eu une crise parlementaire à l’origine. Ce n’est pas avec les militaires que cela a commencé. Mais au niveau parlementaire. Cette crise les parlementaires ont essayé de la résoudre par les mécanismes institutionnels. C’est devant l’impossibilité de la résoudre ainsi, qu’il y a eu l’avènement des militaires. Madeleine Mukanbano : Le parlement était au départ en majorité favorable au président. Bal Amadou Tidjane : Je rappelle qu’il y avait une crise entre l’exécutif et le législatif et c’est parce que l’executif a bloqué les mécanismes institutionnels de solution, qu’on est arrivé là . Madeleine Mukanbano : M. Messaoud Ould Boulkheir, est-ce que c’était la seule solution pour sortir du bras de fer entre le Président et l’Assemblée, censée être de sa majorité. Messaoud Ould Boulkheir : Evidement non ! Il y avait moult autres solutions mais pour revenir aux causes je m’élevé tout à fait contre l’affirmation du respecté ministre de la justice. S’agissant de la crise qui se serait produite entre le Parlement et l’Exécutif . Cette crise a été fabriquée et suscitée par le Général Mohamed Ould Abdel Aziz . Elle a pris naissance au BASEP (BAtaillon de la SEcurité Présidentielle) qui est sa base. C’est là où elle a été suscitée chez les parlementaires .Je le rappelle que la majorité des parlementaires sont indépendants sans partis politiques et qu’ils avaient été suscités durant la transition par les militaires, eux même. Maintenant on voit clairement pourquoi les candidatures indépendantes avaient été suscitées : c’est pour arriver là . Il y avait une volonté de renverser le chef de l’Etat et on voulait trouver pour cela une cause institutionnelle qui n’existe pas. Madeleine Mukanbano : Pourquoi faire élire un président pour le destituer après ? On avait dit que le président avait été soutenu par les militaires. Messaoud Ould Boulkheir : Cela est en partie vrai. Le président a été suscité et soutenu par les militaires comme d’autres candidats à la magistrature suprême qui ont été eux aussi soutenus par des militaires. Mais le fait d’être suscité n’implique pas qu’on soit à la solde. Parmi les candidats il y en avait au moins deux autour desquels sa partageaient les militaires qui étaient au pouvoir durant la transition. Madeleine Mukanbano : M. Ahmed Ould Daddah on a l’impression que ce coup d’Etat est le résultat de la façon avec laquelle les electins présidentielles de 2007 qualifiées d’exemplaires avaient été menées. Ahmed Ould Daddah : Parfaitement. Cette élection n’était pas si exemplaire que ça. Ces militaires avaient amèné un candidat qui avait été soutenu financé et appuyé par l’armée et l’administration. Les mêmes militaires avaient suscité des candidatures indépendantes. C’est pourquoi aujourd’hui nous avons un parlement ingérable parce que les indépendants n’ont pas de partis, pas d’idéologie commune. Ceci étant, même les indépendants ont le droit de changer de camp, de changer d’opinion et ce n’est pas une raison de bloquer le fonctionnement normal des institutions. La moitié des députés de l’assemblée nationale avaient demandé la convocation d’une session extraordinaire de l’assemblée alors que le président Messaoud était absent. L’un des vice-présidents a adressé une lettre au président de la république et celui-ci, a dit suivant des arguties peu fiables, qu’il faut que ce soit le président de l’assemblée nationale qui la convoque. A quoi servent les vice- présidents s’ils ne peuvent convoquer en l’absence une session en l’absence du président de l’assemblée ? Il ne faut pas oublier que ce changement a été fait par le président déchu qui nuitamment avait décapité l’armée et les forces de sécurité non pas par décret -ce qui serait son droit- mais dans le dit décret il fallait quand mêmes dire « entendu le ministre de la Défense », c’est une formule classique quand on change les chefs d’état Major et non par un communiqué no numéroté fait nuitamment. Non seulement les institutions avaient été bloquées, les conditions d’élection avaient été plus que contestables mais il y a aussi cette agression contre la hiérarchie militaire et cette façon de faire aurait pu entraîner un début de guerre civile si jamais il y avait eu des morts au niveau des états Major et cela pouvait avoir lieu. Madeleine Mukanbano : Qu’est ce qui explique que des démocrates comme vous, qui vous battez pour la démocratie on vous entendu dans cette émission condamner les coups d’Etat et aujourd’hui vous ne les condamnez pas. Ahmed Ould Daddah : J’ai dit d’abord que le président déchu a été amené par les militaires et qu’il a aussi cogéré avec eux. Je suis assez étonné d’un certain nombre de gens qui avait fait partie de ce gouvernement quasi militaire nous dire aujourd’hui qu’il faut défendre la démocratie. Vous savez la démocratie ne peut pas être à la carte. Nous avons eu jusqu’ici 16 mois blancs. Une année blanche comme on dit dans le scolaire ou l’universitaire, une année de tâtonnements, de situations tout à fait, ingérables et conflictuelles. Sur le plan institutionnel, il y a un système bloqué. Madeleine Mukanbano : M. Ba Bocar Moussa partagez vous cette opinion ? Ba Bokar Moussa : Pas du tout. Je suis étonné d’entendre les propos de M Ahmed Ould Daddah et ceux du ministre de la justice. La question fondamentale qui se pose est la suivante : Reconnaissent-ils fondamentalement que l’élection présidentielle était juste et équitable ?Si Oui, le président Sidi Ould Cheikh Abdellahi exerçait-il constitutionnellement ses fonctions ? Auquel cas ce coup d’Etat mené contre lui est anti-constitutionnel (…inaudible) Ahmed Ould Daddah : (…) On est pas des élèves pour répondre à des questions. Je n’ai jamais dit que je suis pour que les militaires restent en classe. J’ai toujours été pour la démocratie. Notre parti s’est toujours sacrifié pour la démocratie. D’ailleurs parmi l’ensemble des partis, il est seul à porter le mot «Démocratie » dans son sigle « RFD». Notre position comporte deux aspects. Un aspect compréhension et accompagnement du changement et un aspect pour l’après changement. C’est pour cela que nous n’avons pas accepté de participer au gouvernement tant qu’on a pas des conditions démocratiques. Madeleine Mukanbano : Maintenant je m’adresse à vous M. Messaoud Ould Boulkheir. Aujourd’hui on parle de la nécessité de rétablir l’ordre constitutionnel. Qu’entendez vous par là ? Messaoud Ould Boulkheir : Je voudrais bien répondre mais il faudrait qu’on revienne sur ce qu’on a entendu auparavant. On a parlé de blocage institutionnel. Une majorité de députés qui a demandé la tenue d’une session parlementaire. Mais il y a des canaux, des créneaux. La constitution et le règlement de l’assemblée disposent que la suppléance du président de l’assemblée nationale c’est seulement pour présider les séances, les réunions et la représentation de l’assemblée aux cérémonies officielles. C’est écrit noir sur blanc. Ce n’est pas des arguties. C’est la loi. C’est ce, avec quoi le gouvernement avait répondu au vice président qui avait demandé la session alors que le président de l’Assemblée (en l’occurrence moi) je venais de quitter Nouakchott pour l’intérieur du pays où je suis joignable à n’importe quel moment et au bout de champ. Personne n’a eu le soin ou la délicatesse de me saisir ou de me demander de transmettre cette lettre. Tout simplement parce qu’il y avait une atmosphère de putsch, de coup d’Etat organisé avec les députés qui ont déposé la motion de censure et qui prenaient leurs ordres au niveau du BASEP. Le problème c’est que la loi est là et on lui a tordu le cou. Ce n’est pas des arguties, c’est la loi M. Ahmed. S’agissant du candidat qui a été amené par les militaires, je pense que ce n’est pas la première édition de candidat amené par les militaires. Vous même, Monsieur le Président Ahmed, vous aviez été amené par Ould Sid’Ahmed Taya durant les élections (de 1992 Ndlr). Ce sont les mêmes qui ont suscité votre candidature, qui vous ont demandé, d’où vous étiez, de venir assister à ces élections, qui ont également pressenti Sidi Ould Cheikh Abdallahi pour être le candidat. Vous même, Monsieur le Président Ahmed, vous avez de tout temps été au côté des militaires, pensant que Sidi Ould Cheikh Abdallahi n’était qu’une diversion, mais que leur vrai candidat, c’était vous. Au bout du compte, voyant que ce n’était pas aussi vrai, et qu’ils étaient partagés, vous aviez commencé à nourrir ses sentiments, et vous n’avez jamais digéré votre non élection, vous n’avez jamais digéré que Sidi Ould Cheikh Abdallahi accepte de se présenter en même temps que vous. Depuis que les élections sont terminées, vous n’avez jamais accepté qu’il soit Président, vous avez été parmi tous les coups fomentés contre lui, pour le discréditer et pour le déstabiliser. Et c’est ce que vous faites maintenant avec les militaires. Vous avez été avec les militaires durant la transition, vous êtes avec eux dans ce coup d’état et, la démocratie, très sincèrement, ce n’est pas un slogan, c’est une réalité : La démocratie cohabite difficilement avec les coups d’état. Vous avez supporté et vous avez cautionné ce coup d’état, avant d’avoir la moindre précaution, ou de savoir qu’est ce qu’ils veulent en faire. Maintenant, cette reculade, de ne pas assister au gouvernement, vraiment, ne trompe personne. Vous avez nettoyer, d’un coup de balai, votre soit disant attachement à la démocratie, qui n’existe que de façade.». Madeleine Mukamabano : Le retour de Sidi Ould Cheikh Abdellahi au pouvoir est-il envisageable ? Ball Amadou Tidjane : Quelque soit la manière dont les candidats sont choisis, il faut savoir que le fait d’être élu démocratiquement n’est pas une fin en soi. C’est un moyen. C’est à partir du moment où on est élu on doit s’atteler à un certain nombre de choses à réaliser à partir d’un programme. Il y a un programme gouvernemental qu’on a soutenu et des promesses qu’il faut tenir. Quand on ne les tient pas et quand on a voulu, au contraire, bafouer les institutions, on n’est pas fondé à réclamer une solution constitutionnelle quand on a soi même détruit les mécanismes qui devaient être à l’origine de cette solution. Madeleine Mukamabano : Comment sortir de la crise actuelle ? Ball Amadou Tidjane : Il n’y a pas de potion magique. L’événement vient de se produire. Il y a donc un minimum de concertation avec la classe politique et la société civile pour arriver à un calendrier respectable et fiable. Ce n’est pas traîner les pieds ? Il s’agit de ne pas se tromper et de ne pas commettre les erreurs de la première transition. Voila pourquoi, la concertation dont on a parlé est nécessaire pour la date qu’il faut fixer mais aussi le calendrier, les moyens… La sortie de crise doit tenir compte, autant que possible, de ce que la majorité des mauritaniens veut. Aujourd’hui, la majorité des partis politiques, des citoyens, des organisations… soutient le HCE. C’est un élan populaire qui ne peut pas être nié. Madeleine Mukamabano : Donc pour vous, pas de retour possible de Sidi Ould Cheikh Abdellahi ? Ball Amadou Tidjane : Venez voir la scène politique mauritanienne, les rues de Nouakchott, les villes, villages et campements de l’intérieur du pays ; vous verrez que cette hypothèse risque de produire les effets contraires au souhait de ce qui réclament ce retour. Il a été donné aux citoyens de constater la situation déplorable qu’ils vivaient. Vous croyez que le retour à la case départ va régler les problèmes ? Ceux qui croient à cette solution se trompent. Ba Boubacar Moussa : Monsieur le ministre, j’ai beaucoup de respect pour vous. Mais c’est affligeant d’entendre un juriste qui a une spécialité dans les régimes constitutionnel s’exprimer ainsi. Monsieur le ministre, vous avez été à Kaédi. Vous y avez réuni les populations et certaines notabilités pour soutenir le président Sidi Ould Cheikh Abdellahi. Vous voila soutenir aujourd’hui un coup d’Etat militaire. Vous êtes prêt à , soutenir n’importe quel système politique. C’est affligeant ? Monsieur le ministre de la justice, Monsieur Ahmed Ould Daddah, vous avez dit que pour l’essentiel, les élections ont été transparentes. Si c’est vrai, malgré le critique que vous faites, malgré les erreurs qui auraient pu être commises par Sidi Ould Cheikh Abdellahi et son gouvernement, n’est-ce pas dans le système démocratique et constitutionnel qu’il faut trouver les solutions en faisant jouer toutes les institutions. Est-ce par un coup de force que les crises doivent êtres résolues dans les pays démocratiques ? Non. Pour l’essentiel, je pense qu’à ce niveau, vous vous trompez et vous ne servez pas la cause de la démocratie dans notre pays. Madeleine Mukamabano : Qu’est-ce que vous proposez face au blocage ? Ba Boubacar Moussa : Nous sommes des partis politiques, des institutions civiles et militaires, trouvons des moyens de nous assoir, de réfléchir aux solutions de sortie de crise avec pour préalable la libération de Sidi Ould Cheikh Abdellahi et de son Premier ministre Ould El Waghf. Avec eux, le dialogue peut être engagé pour trouver des solutions qui préservent la Mauritanie de toutes les crises maléfiques. Madeleine Mukamabano : Certains préconisent que le Président Sidi Ould Cheikh Abdellahi démissionne ? Ba Boubakar Moussa : Qu’on le libère d’abord et à lui de prendre la décision convenable en âme et conscience. Laissons lui la possibilité de s’exprime librement en le libérant et en le rétablissant dans ses fonctions. Ahmed Ould Daddah : Je voudrais vous lire les deux dernières phrases de deux de nos communiqués. Dans le communiqué du 06 août : « nous appelons à l’instauration rapide d’un débat national, responsable, franc et sincère dans le but d’assurer le retour rapide à une vie constitutionnelle normale en évitant tous les dérapages préjudiciables à l’unité de note pays et à la pérennité de l’Etat.» Et, le 19, nous sommes revenus à la charge en disant « le RFD lance un appel pressant à toutes les partis prenantes à cette crise et aux acteurs politique à prendre conscience d’un péril qui menace le pays… » Nous pensons qu’il faut instaurer ce débat entre toutes les forces politiques et avec l’armée et il faut aboutir à un compromis permettant la libération du président qui, à son tour se libère lui-même de la situation en servant le pays. Il faut que toutes les forces politiques du pays s’organisent pour que des élections libres, honnêtes, transparentes et indiscutables puissent avoir lieu. Nous pensons qu’avec le concours de tous, les choses peuvent revenir vers la bonne direction pour que les mauritaniens puissent aller dans le sens de la démocratie, de la stabilité et de la sérénité. Messaoud Ould Boulkheir : Dans un débat aussi sérieux, on devait rompre un peu avec la langue de bois ou la démagogie. La démocratie n’est pas un slogan. Elle doit être pratiquée. Le premier acte de cette pratique est de refuser tout pouvoir imposer par la force, qui n’est pas passé par le suffrage des citoyens. Je voudrais rebondir sur les propos de Me Ball. Monsieur le ministre, s’agissant d’une soi-disant majorité qui approuve, ce n’est pas vérifié. Il y a effectivement, une multitude de partis cartables qui ne représentent absolument rien et qui sont là pour se vendre en de telles occasions. Les partis sérieux sont contre le coup d’Etat à l’exception du parti très démocratique du RFD d’Ahmed Ould Daddah. Madeleine Mukamabano : C’est quand même la première force de l’opposition ? Messaoud Ould Boulkheir : Je regrette, elle n’est plus opposition. Elle est maintenant la première force alignée sur le pouvoir militaire. Je ne sait pas si elle garde sont statut d’opposant. S’agissant maintenant de la solution de sortie de crise, la seule possible et acceptable pour les mauritaniens qui sont dans leur écrasante majorité contre le coup d’Etat, à l’exception des applaudisseurs qui ont le rôle de mouche, la seule sortie de crise acceptable pour les populations, c’est le retour à la légalité. Il faut que le Président Sidi Ould Cheikh Abdllahi soit rétabli dans ses fonctions constitutionnelles légales. Une fois ceci acquis, il est certain que nous serons prêt à discuter avec tous les partis pour trouver une solution de sortie de crise. Mais, on ne peut pas demander à un président emprisonné de démissionner. Madeleine Mukamabano : l’idée de démission est en filigrane dans vos différents interventions. ? Messaoud Ould Boulkheir : Non, on veut le retour à la légalité. Le président va reprendre ses responsabilités et, à partir de cette reprise de responsabilité, tout sera possible. Il n’y a pas de solution intermédiaire. Madeleine Mukamabano: En 2005, après le coup d’Etat, il y a eu un calendrier, des échéances pour une transition. Mais cette fois on a entendu les militaires faire un discours programme. Monsieur Ball, puisque vous êtes de leurs coté, quelles sont leurs intentions ? Ball Amadou Tidjane : Leurs intentions ne sont pas celle que vous leur prêtez. Ils ont simplement choisi la prudence, la concertation avec toutes les forces politiques pour arriver à quelques choses de crédibles. Il ne suffit de faire des pressions en disant : donner une date comme si c’était automatique. Ils n’ont jamais dit qu’ils ne donneront pas de date. Il faut d’abord une large concertation pour prévoir avec précision les moments où les conditions du jeu démocratique seront établies. En ce moment, il sera possible de donner une date. Comme l’a dit le président Messaoud, il n faut pas user ici de langue de bois ni de démagogie mais aussi pas de mécontentement comme Ba Boubakar Moussa parce qu’il a été expulsé du second gouvernement Waghf. Il faut le dire, on était au bord de la guerre civile. La tentative de décapitation des forces de sécurité était suffisante pour pousser le pays vers le gouffre. Les militaires sont venus. Ils cherchent une issue. Ce n’est pas en brandissant des schémas stéréotypés qu’on arrivera à une solution. Ba Boubacar Moussa : Le préalable, c’est la libération du Président et de son premier ministre. S’il est libre, le président, avec ses charges constitutionnelles et ses responsabilités aura le pouvoir, tous les pouvoirs pour négocier avec les institutions civiles et militaires pour une sortie de crise. J’ai beaucoup de respect pour le ministre de la justice. Il a employé un bien grand mot en disant que nous avons été expulsé du gouvernement. Nous n’avons pas été expulsés. Le Général Ould Abdel Aziz et ses soutiens ont exigé du président Sidi Ould Cheikh Abdellahi de se séparer de nous et de Tawassoul. Nous avons accepté de quitter ce gouvernement tout en continuant à soutenir le programme du Président de la République. Je voudrais bien que monsieur Ball emploie des mots convenables conformes à son statut de diplomate et de ministre de la justice qui sait que les mots ont du poids. Ahmed Ould Daddah : L’opinion mauritanienne sait qui est démagogique et qui ne l’est pas. Le RFD, lui, parle vrai et clair. Ce dont nous avons besoin, c’est un dialogue, une concertation entre toutes les forces politiques mauritaniennes pour aboutir à une solution acceptable sans vainqueur ni vaincu. Madeleine Mukambano : Quelles sont les conditions que vous posez alors ? Ahmed Ould Daddah : Il faut un délai acceptable (un fourchette de 6mois à une année). Les militaires ne doivent pas être candidat. Il faut leur neutralité, celle du gouvernement et celle de l’Administration. D’autres conditions importantes concernent l’unité nationale. Je voudrais citer ceux qui partagent ces conditions avec nous : l’AJD/MR, un grand parti dont le leader, à la dernière présidentielle, a fait 8% comme Messaoud, le MDD (Mouvement de la démocratie directe) Messaoud Ould Boulkheir : Je ne pense pas qu’il y ait d’autres issues possible que le retour à la légalité. A partir de ce retour, on pourrait chercher une solution consensuelle. La seule manière de sortir de cette crise, c’est de montrer que l’ère des coups d’Etat est finie.
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