Ouverture du premier congrès ordinaire du RFD   
26/06/2008

Sous le slogan :"FidĂ©litĂ© et Perseverence", les travaux du premier congrès ordinaire du Rassemblement des Forces DĂ©mocratiques (RFD) ont dĂ©marrĂ© le 26 juin au palais des congrès de Nouakchott. L’ouverture des travaux a Ă©tĂ© marquĂ©e par une allocution de M. Ahmed Ould Daddah  PrĂ©sident du RFD, que nous publions ici.



                   DISCOURS DU PRESIDENT DU RFD

Chers Invités, Représentants les partis frères et amis ici présents,
Chers congressistes,
C’est pour moi un réel plaisir et un grand honneur d’exprimer ma joie de vous accueillir aujourd’hui, à Nouakchott, les nombreuses délégations venues de l’extérieur, pour assister au premier congrès ordinaire du Rassemblement des Forces Démocratiques. Je voudrai, en votre nom à tous, remercier chaleureusement nos distingués hôtes qui ont tenu à faire le déplacement en nous honorant de leur présence. J’associe à ces remerciements les membres du corps diplomatique et organisations internationales accrédités en Mauritanie, les responsables des formations politiques, syndicales et de la société civile, ainsi que les éminentes personnalités nationales qui ont rehaussé cet évènement par leur présence à nos côtés. Je voudrai enfin, souhaiter la bienvenue aux délégués du congrès, particulièrement pour ceux, nombreux, qui sont venus de l’intérieur.
Chers congressistes,
Les vicissitudes de la lutte politique et les circonstances troubles  qui ont marquĂ© la pĂ©riode 2002/2007 n’ont jamais permis Ă  ce parti formĂ© en juillet 2001, hĂ©ritier de la dĂ©funte « Union des Forces DĂ©mocratiques – ère nouvelle » interdite arbitrairement le 28 octobre 2000 , d’entreprendre une campagne politique sereine d’adhĂ©sion et de constitution des instances de base.
C’est seulement cette année, à la faveur de cette éclaircie démocratique issue des dernières élections générales et présidentielles et si intensément vécue par le peuple mauritanien, que nous avons, dans la ferveur et l’enthousiasme, formé nos sections départementales et nos fédérations régionales.
Le RFD est maintenant implanté sur l’ensemble du territoire de la République au sein de 71 sections réparties sur 15 fédérations dont trois fédérations à Nouakchott.
                       FĂ©dĂ©rations Nbre de sections       nbre d’adhĂ©rents
Nouakchott                        3               9             45600
Nouadhibou                       1               1             5490
Hodh Charghi                     1              10             7028
Hodh El Gharbi                   1               6             4914
Assaba                               1               7             20129
Gorgol                                1               4             7566
Brakna                                1               8            17525
Trarza                                 1               12         46565
Adrar                                  1                 4            1320
Tagant                                1                 3            2016
Guidimakha                         1                 4            7206
Tiris zemmour                      1                 3            2180
Inchiri                                  1                 1            1161
Total                                    15                73       168700


Pendant cinq annĂ©es de 2000 au coup d’Etat de 2005, le fonctionnement rĂ©gulier du parti a toujours Ă©tĂ© entravĂ© par les agressions rĂ©pĂ©tĂ©es contre la Direction du parti, PrĂ©sident, vice- prĂ©sidents, membres du Bureau ExĂ©cutif ,cadres et militants arrĂŞtĂ©s et emprisonnĂ©s Ă  plusieurs reprises , notamment en avril 2000 et en dĂ©cembre 2004 par le pouvoir en place qui poursuivait ainsi la rĂ©pression arbitraire engagĂ©e contre le parti depuis 1992 du siècle dernier.  Ainsi le prĂ©sident et plusieurs membres du Bureau ExĂ©cutif ont Ă©tĂ© mis en rĂ©sidence surveillĂ©e pendant 15 jour Ă  Tichit et Wadane en 1995.Le prĂ©sident , le vice-prĂ©sident Mohamedhen Ould Babah et MaĂ®tre Mohameden Ould Ishedou ont Ă©tĂ© internĂ©s  pendant un mois Ă  Boumdeid entre mi-dĂ©cembre 1998 et mi-janvier 1999 et que MaĂ®tre Mohamed Mahmoud Ould Emate et Yedali Ould Cheikh ,respectivement vice-prĂ©sident et fĂ©dĂ©ral de Nouadhibou ont connu la torture. C’est l’occasion de rappeler la rĂ©pression sauvage exercĂ©e contre des centaines de militantes de notre parti qui protestaient devant le siège de l’AssemblĂ©e Nationale contre la dĂ©tention des dirigeants du pari Ă  Boumdeid en janvier 1999.
C’est parce que nous nous sommes battus pour dĂ©fendre une « certaine idĂ©e de la Mauritanie », face aux violations graves et rĂ©pĂ©tĂ©es contre l’unitĂ© nationale, dont le paroxysme a Ă©tĂ© atteint sous le rĂ©gime d’exception, que ces blessures physiques et morales nous ont Ă©tĂ© particulièrement infligĂ©es. Il est impossible d’oublier l’assaut lancĂ© par la police contre le siège de la fĂ©dĂ©ration de Nouakchott en 2000 qui a entraĂ®nĂ© beaucoup de blessĂ©s dont le grand militant, le regrettĂ© Mohamed Ould Haroun Ould Cheikh Sidya qui a subi une semi invaliditĂ© du bras droit jusqu’à son dĂ©cès il y’a moins d’un an. Et combien de militants anonymes ont subi la rĂ©pression, l’humiliation, l’exclusion. Les agressions policières rĂ©pĂ©tĂ©es, les tracasseries administratives, les exclusions, le boycott Ă©conomique : voilĂ  le lot commun du parti pendant cette pĂ©riode ; ce sont les formes utilisĂ©es  par  le pouvoir pour sanctionner la lutte de notre parti pour :
- Le renforcement de l’unitĂ© nationale et de la cohĂ©sion sociale
- l’instauration d’une dĂ©mocratie vĂ©ritable en Mauritanie
- l’exercice effectif des libertĂ©s individuelles et collectives
- la mise en Ĺ“uvre effective du rĂ©gime de la dĂ©claration prĂ©alable en matière de constitution des partis, d’associations, de syndicats, de rĂ©unions et de manifestations publiques.
- La libertĂ© de la presse comme fondement de la dĂ©mocratie
- Des Ă©lections libres, transparentes et sincères, après la mise en place d’un Etat civil fiable et la crĂ©ation d’une commission Ă©lectorale nationale indĂ©pendante.
- L’égalitĂ© des chances de tous les citoyens dans tous les domaines de la vie nationale.
- L’instauration d’une sociĂ©tĂ© moderne dont seraient bannis les privilèges et les inĂ©galitĂ©s que ne justifie ni le travail ni le talent.
- C’est pour moi ici l’occasion de saluer le courage, la persĂ©vĂ©rance, la fidĂ©litĂ© aux idĂ©aux qui sont le nĂ´tres des militants du RFD, dirigeants, cadres, hommes et femmes de toutes conditions, vivants ou dĂ©cĂ©dĂ©s. Je tiens Ă  dire ici solennellement notre fidĂ©litĂ© au combat pour nos idĂ©aux communs, notre dĂ©termination Ă  poursuivre  la lutte pour une  Mauritanie de justice pour tous, d’égalitĂ© pour tous, d’épanouissement et de bonheur pour tous. C’est pourquoi nous avons placĂ© ce congrès sous le signe de la fidĂ©litĂ© et de la persĂ©vĂ©rance.
Cette fidélité aux valeurs et principes fondateurs de notre parti explique notre attachement à la résorption du passif humanitaire, l’organisation d’un retour digne et équitable des déportés et rapatriés, l’éradication des pratiques et séquelles de l’esclavage, comme la réalisation de l’aspiration du peuple mauritanien à la liberté et au bien-être social.
Dans son souci permanent de prĂ©server la paix civile et l’unitĂ© nationale souvent mises Ă  l’épreuve par l’absence chez nos gouvernants d’une vision claire de l’intĂ©rĂŞt national qui rĂ©sidait dans l’abandon du monolithisme politique maintenu artificiellement par la corruption, la direction du parti a toujours Ă©vitĂ© la confrontation et acceptĂ© de participer aux Ă©lections lĂ©gislatives de 2001 et aux Ă©lections prĂ©sidentielles du 7 novembre 2003 après l’entrĂ©e du pays dans une grave zone de turbulence suite Ă  la tentative de coup d’Etat du 08 juin 2003 : sans surprises, les techniques Ă©prouvĂ©es de fraudes et de manipulation du ministère de l’intĂ©rieur, des walis et des hakems, ont donnĂ© une victoire Ă©clatante au chef de l’Etat et Ă  son parti Etat. Mais ce n’était finalement qu’une victoire Ă  la Pyrrhus : Le 08 juin, Le trĂ´ne s’est brisĂ©, l’aura et le respect se sont Ă©vanouis, le roi est  abandonnĂ© par son parti et ses partisans.
La multiplication des coups d’Etats et des tentatives de coups d’Etats, l’instabilité, la gestion patrimoniale de l’Etat, l’appropriation frauduleuse des biens publics par les proches et les laudateurs du chef de l’Etat et le règne de la corruption ont fini par détruire nos systèmes de valeur et instauré une grave et persistante crise morale qui s’est doublée d’une crise politique aiguë.
Pendant vingt mois, Ă  partir de dĂ©cembre 2003, les Ă©vĂ©nements politiques, militaires, Ă©conomiques et financiers se sont succĂ©dĂ©s dans une mĂŞme perspective de dĂ©stabilisation du rĂ©gime pour conduire Ă  ce coup d’Etat du 3 aoĂ»t 2005 qui a Ă©tĂ© accueilli avec une immense clameur de joie par l’ensemble du peuple mauritanien qui y a vu une lueur d’espoir pour une vraie rupture avec les rĂ©gimes d’exception. Le RFD a facilitĂ© l’installation et la reconnaissance internationale du rĂ©gime de transition dirigĂ© par le CMJD : il Ă©tait Ă©vident que l’intĂ©rĂŞt national dictait la nĂ©cessitĂ© d’amĂ©nager une pĂ©riode transitoire aussi courte que possible pour prĂ©parer la mise en place  d’institutions dĂ©mocratiques issues d’élections gĂ©nĂ©rales et prĂ©sidentielles libres, transparentes et crĂ©dibles, pour crĂ©er les conditions constitutionnelles, lĂ©gales et administratives d’alternance politique entre familles politiques et sortir l’armĂ©e des pièges venimeux de l’espace politique pour se consacrer dans le cadre d’un rĂ©gime dĂ©mocratique et un Etat de droit, Ă  sa noble mission de dĂ©fense de l’indĂ©pendance nationale et de l’intĂ©gritĂ© du territoire national.
Le RFD a contribué avec les autres formations politiques de l’opposition et avec l’appui déterminant des Nations Unies, de l’Union Européenne, de l’Union Africaine, de la Ligue Arabe, à accompagner le processus de transition dont la durée , ramenée à 19 mois, a permis la révision intégrale des listes électorales, la mise en place d’une commission électorale nationale indépendante, l’adoption d’un nouveau code électoral et l’organisation d’élections certes plus proches de la transparence que celles organisées entre 1992 et 2003 mais néanmoins entachées de graves irrégularités .
A l’occasion de ce congrès, mon devoir est de reconnaĂ®tre que si ces Ă©lections ont Ă©tĂ© techniquement mieux organisĂ©es, plus transparentes  et crĂ©dibles, elles n’ont pas, loin de lĂ , Ă©tĂ© libres Ă  cause des pressions et du trafic d’influence exercĂ©s par les plus hautes autoritĂ©s militaires et civiles de la transition, la diabolisation des partis politiques, l’encouragement des candidatures indĂ©pendantes aux Ă©lections municipales, parlementaires et prĂ©sidentielles, l’utilisation de fonds publics pour financer frauduleusement les campagnes des candidats indĂ©pendants. La neutralitĂ© si souvent clamĂ©e a Ă©clatĂ©e comme une baudruche et a muĂ© en un appui sans fard Ă  une multitude de candidatures indĂ©pendantes toutes liĂ©es Ă  un mĂŞme centre opĂ©rationnel qui fixe les objectifs et les tactiques, alloue les ressources financières et rĂ©partit le personnel des campagnes Ă©lectorales. MalgrĂ© l’handicap qui lui a Ă©tĂ© ainsi ostensiblement créé, le RFD a participĂ© Ă  toutes les consultations Ă©lectorales et, obtenant les meilleurs rĂ©sultats comparatifs, devint la première force politique. Son candidat aux Ă©lections prĂ©sidentielles qui a obtenu officiellement plus de 47% des suffrages exprimĂ©s, a tenu, en acceptant immĂ©diatement après le scrutin, la victoire du candidat officieux du pouvoir en place, Ă  Ă©viter Ă  La Mauritanie les dĂ©rives et les troubles politiques, vĂ©cus par d’autres pays dans de pareilles circonstances.
Ainsi des candidats indĂ©pendants ont pris les rennes des pouvoirs exĂ©cutif et lĂ©gislatif, Ă  la prĂ©sidence de la RĂ©publique, au Gouvernement et Ă  l’AssemblĂ©e Nationale. Mais partout, ce sont des individualitĂ©s que rien ne lie, ni une vision commune, ni une expĂ©rience de lutte politique commune, ni des objectifs Ă©laborĂ©s en commun. EnivrĂ©s par leur rĂ©ussite, les lambris des palais, les dĂ©penses somptuaires et le train de vie d’institutions aux allures d’un pays pĂ©trolier et par la perspective de participer au partage des biens publics toujours soumis Ă  la gestion patrimoniale du Chef de l’Etat, ils ont tournĂ© le dos aux prĂ©occupations essentielles de populations  confrontĂ©es Ă  de sĂ©vères conditions d’existence, tant dans les villes que dans les campagnes, consacrant l’essentiel de leurs efforts de rĂ©flexion et d’analyse Ă  l’apaisement de leurs querelles internes et Ă  un hypothĂ©tique rassemblement d’une multitude de « particules politiques » aux ambitions dĂ©mesurĂ©es et qui exigent chacune le prix fort pour son allĂ©geance.
Si nous avons soutenu les deux mesures prises par le PrĂ©sident de la RĂ©publique, Ă  savoir le retour des dĂ©portĂ©s et la loi criminalisant l’esclavage, c’est parce qu’il n’est un secret pour personne que nous n’avions pas attendu 2007 pour porter de telles revendications. Cependant, nous avions exprimĂ© des rĂ©serves quant Ă  la manière avec laquelle ces questions essentielles ont Ă©tĂ© abordĂ©es et qui ressemble plus aujourd’hui Ă  un effet d’annonce, plutĂ´t qu’une vraie conviction. De fait, la toute dernière mission d’évaluation que notre parti vient d’effectuer du 19 au 23 juin 2008, auprès de nos compatriotes rapatriĂ©s du SĂ©nĂ©gal et rĂ©installĂ©s dans les rĂ©gions du Trarza et du Brakna, nous a Ă©difiĂ©e sur le manque de prĂ©paration, de sĂ©rieux, voire un certain amateurisme dans la gestion de ces dossiers. La dĂ©ception est grande aujourd’hui chez nos  concitoyens qui ont acceptĂ© de rentrer dans leur pays, malgrĂ© leurs apprĂ©hensions. Et c’est le lieu de recommander au congrès de manifester une solidaritĂ© agissante Ă  l’égard de tous nos rapatriĂ©s afin de les aider Ă  surmonter la situation de dĂ©tresse dans laquelle ils vivent aujourd’hui.
Chers congressistes,
Six mois après son intronisation, le nouveau Chef de l’Etat et son premier gouvernement restèrent indiffĂ©rents aux mises en garde rĂ©pĂ©tĂ©es des partis de l’opposition dĂ©mocratique attirant leur attention sur les graves dĂ©tĂ©riorations du pouvoir d’achat des mĂ©nages et sur l’inquiĂ©tude suscitĂ©e par les  hausses brutales et persistantes des prix des denrĂ©es alimentaires et par le risque d’apparition d’une crise alimentaire. Ils rĂ©pondirent presque par le mĂ©pris aux cris d’alarme sortis de l’immense meeting du 31 octobre 2007 organisĂ© par l’opposition dĂ©mocratique et persistèrent Ă  nier publiquement l’existence de crises Ă©conomiques ou alimentaires jusqu’au moment oĂą, trahis par leur mauvais système de prĂ©vision et leur manque de discernement, ils subirent, complètement pris au dĂ©pourvu, « les Ă©meutes de la faim » qui prirent naissance dans les villes du Hodh Charghi rĂ©putĂ©es « rĂ©servoir Ă©lectoral intarissable » des indĂ©pendants et s’étendirent ensuite comme une traĂ®nĂ©e de poudre sur l’ensemble du territoire de la RĂ©publique. C’était le premier choc frontal subi par ce RĂ©gime : le message violent des affamĂ©s n’était que la face visible de l’iceberg de mĂ©contentements et de dĂ©fiances populaires. A l’immobilisme et Ă  l’indiffĂ©rence du gouvernement face Ă  la chertĂ© excessive de la vie, le peuple a rĂ©pondu par des manifestations anarchiques sans encadrement politique. La confection d’un plan d’urgence en novembre 2007 n’a Ă©tĂ© finalement qu’une rĂ©ponse timide, inadaptĂ©e Ă  l’ampleur des problèmes et d’efficacitĂ© limitĂ©e par la lenteur de son exĂ©cution.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le RFD appelant le 27 mars 2008 le gouvernement à agir en urgence pour faire face au spectre de la famine et le chef de l’Etat annonça, le 05 avril 2008, dans un discours à la nation, le Plan Spécial d’Intervention (PSI) avant le parachèvement et l’évaluation du programme d’urgence et avant l’élaboration d’une étude objective déterminant les besoins des citoyens en produits alimentaires et en aliments de bétail et le niveau d’assistance et d’aide qu’exige la situation. Deux mois et demi après le lancement du plan spécial d’intervention, la représentation nationale ignore encore complètement les conditions de financement et d’exécution de ce plan. Aucun collectif budgétaire n’a été présenté jusqu’à présent : c’est maintenant le règne de l’improvisation et de l’exercice du pouvoir personnel sans partage méprisant le parlement.
Chers congressistes,
Le système de gestion et les pratiques du pouvoir en place nous ramènent Ă  la case dĂ©part d’avant le coup d’Etat du 3 aoĂ»t 2005 : il n’y a pas de contre pouvoir suffisamment influent pour modĂ©rer l’appĂ©tit de ce rĂ©gime pour les vices de forme, les extravagances et les manipulations. Nous sommes dans une nouvelle situation intolĂ©rable et ce congrès  doit engager un large dĂ©bat pour Ă©laborer une nouvelle stratĂ©gie de lutte pour les semestres et les annĂ©es prochaines.
Cette stratégie doit s’inspirer de notre discours politique qui fixe nos valeurs et nos positions politiques fondamentales. Le RFD est un parti social démocratique qui vit et agit parmi tout le peuple mauritanien, dans la fidélité à son identité, pour organiser l’Etat et la société dans le but d’instaurer un ordre imprégné des valeurs démocratiques de liberté, d’égalité, de justice et de solidarité et de défendre en toutes circonstances l’unité nationale, l’indépendance nationale et l’intégrité du territoire national.
L’Etat doit :
- Rechercher les voies et moyens de rĂ©soudre consensuellement les questions qui touchent Ă  l’exigence de la rĂ©sorption du passif humanitaire en plaçant les victimes au centre de toute prĂ©occupation.
- Mettre en Ĺ“uvre les mesures d’accompagnement pour l’éradication des  pratiques et sĂ©quelles de l’esclavage. 
- veiller Ă  la subsistance des citoyens pour favoriser le dĂ©veloppement d’une sociĂ©tĂ© libre et Ă©galitaire.
- AdhĂ©rer consciemment au concept moderne de «citoyenneté», qui n’est pas un concept ethnique, ni un concept liĂ© au sang ou au sol, mais une idĂ©e politique abstraite impliquant des droits et des devoirs sociaux, politiques, lĂ©gaux et Ă©gaux pour les habitants d’un espace national donnĂ©. Une telle adhĂ©sion consciente est seule susceptible de contribuer Ă  la formation d’une communautĂ© nationale solidaire dans sa diversitĂ©. Sur la base de ce concept, l’Etat doit construire et favoriser le dĂ©veloppement de la solidaritĂ© nationale au dĂ©triment des autres formes de solidaritĂ© (solidaritĂ© ethnique, solidaritĂ© clanique, solidaritĂ© tribale, solidaritĂ© rĂ©gionale).
- Veiller en permanence au maintien de l’égalitĂ© des chances devant l’emploi, les marchĂ©s publics et l’accès aux facteurs de production (crĂ©dits, terrains agricoles, terrains industriels et Ă  usage d’habitation, etc.).
- Etablir annuellement un programme de lutte contre la pauvretĂ© dont l’objectif essentiel est de rĂ©duire les inĂ©galitĂ©s. La politique des salaires et des traitements est un moyen adĂ©quat et nĂ©cessaire pour assurer une rĂ©partition plus Ă©quitable des revenus et des fortunes. Le RFD opte pour une rĂ©vision radicale du système actuel de rĂ©munĂ©ration de la fonction publique puisque, dans son Ă©tat actuel, ce système est la source de la corruption qui gangrène l’Etat et met en pĂ©ril ses institutions. Le plus bas salaire, net d’impĂ´t, de la fonction publique ne doit plus ĂŞtre  infĂ©rieur Ă  50.000 UM par mois, aux conditions Ă©conomiques de juin 2008.
Pour le RFD, les pouvoirs publics ne doivent jamais perdre de vue que l’objectif de la politique économique est d’assurer le plein emploi sur la base d’une monnaie stable, d’accroître la productivité et d’augmenter le bien être général. Les politiques et réformes structurelles entreprises depuis 1985, notamment en terme de politiques monétaires, de libéralisation des marchés et des prix, de désengagement de l’Etat des activités commerciales, n’ont permis ni de réduire le taux de pauvreté, ni d’arrêter l’exode rural et la dégradation des conditions de vie des ruraux, ni de diminuer le taux du chômage des citadins et en particulier des jeunes diplômés.
Face à la menace de disette persistante depuis 2007, il devient impératif de tout mettre en œuvre pour augmenter et diversifier la production vivrière, de réhabiliter et dynamiser les institutions de recherches agronomiques et vétérinaires, de faciliter l’accès au intrants de base (semences de qualité, engrais, produits phytosanitaires, équipements agricoles, aliments de bétail, médicaments à usages vétérinaires, etc), de rapprocher les services agricoles et vétérinaires des producteurs en affectant dans chaque commune rurale un nombre suffisant de formateurs, d’agents de vulgarisation agricole et d’assistants d’élevage et d’instituer un système efficient de crédit pour l’agriculture et pour l’élevage prenant en compte les besoins des petits exploitants en mettant l’accent sur sa diversification, l’assouplissement de ses procédures et la sécurisation de ses institutions.
L’exploitation des ressources naturelles non renouvelables constitue par sa contribution Ă  la crĂ©ation d’emplois, ses effets induits et son apport essentiel Ă  l’équilibre de la balance des paiements, le secteur industriel performant qui peut devenir la rampe de lancement du dĂ©veloppement industriel et reprĂ©senter la chance de la Mauritanie. En particulier, avec le projet de pelletisation du minerai des Guelbs et l’exploitation du gaz, il devient possible de crĂ©er un complexe sidĂ©rurgique important Ă  Nouadhibou, ce qui induirait l’implantation de multiples industries mĂ©caniques. L’emploi des ressources budgĂ©taires de l’Etat provenant de l’exploitation des ressources naturelles non renouvelables doit obligatoirement comporter une première tranche de 10% alimentant un fonds d’assurances  pour les gĂ©nĂ©rations futures, une deuxième tranche de 10% affectĂ©e Ă  la recherche scientifique et une troisième tranche de 10% pour le financement de la sĂ©curitĂ© sociale gĂ©nĂ©ralisĂ©e.
Les ressources halieutiques sont des ressources naturelles renouvelables : leur exploitation doit ĂŞtre Ă©tablie sur la base d’études scientifiques fiables. La prioritĂ© d’accès Ă  la ressource doit ĂŞtre accordĂ©e aux nationaux. Les ressources budgĂ©taires que l’Etat tire de l’effort de pĂŞche doivent couvrir en prioritĂ© les  besoins financiers d’une surveillance professionnalisĂ©e efficace de l’exploitation et des exploitants.
La politique sociale du RFD vise l’institution d’un système généralisé de sécurité sociale où adhèrent les salariés et les travailleurs indépendants (commerçants, artisans, paysans, éleveurs, pêcheurs). Le RFD considère que :
- Chaque citoyen a un droit entièrement indĂ©pendant de sa situation Ă©conomique, Ă  toutes les mesures thĂ©rapeutiques correspondant Ă  l’état actuel de la science mĂ©dicale dans notre pays. Pour ce, la mise en place de services hospitaliers est une tâche prioritaire des pouvoirs publics.
- Chaque citoyen a le droit d’être dĂ©cemment logĂ© : la politique de logement, de la construction et du droit foncier doit rĂ©soudre rapidement la pĂ©nurie de logement dans les centres urbains.
Il devient impératif de reformer notre système éducatif pour qu’il soit capable d’aborder les problèmes de notre époque. L’école publique, égale pour tous, est le lieu approprié pour former et éduquer les jeunes pour devenir finalement des hommes libres et égaux : cette institution prépare l’avenir du pays et doit faire l’objet de toute l’attention des pouvoirs publics. L’organisation des systèmes scolaires et des programmes d’enseignement doit être conçue de façon à ce que tous les talents puissent s’épanouir à toutes les phases de l’évolution. Les mieux doués, doivent avoir en tout temps, la possibilité de compléter leur formation dans des écoles supérieures. Les moyens d’enseigner et de s’instruire doivent être mis gratuitement à la disposition des écoles. La valorisation de la profession d’enseignant et l’amélioration des conditions et des revenus des enseignants de tous les ordres d’enseignement doivent être le souci permanent des pouvoirs publics. La liberté et l’indépendance de l’université doivent être reconnues et garanties par l’Etat qui doit mettre à la disposition de la recherche et de l’enseignement scientifique les moyens suffisants. Les meilleures conditions matérielles possibles, compatibles avec les ressources mises à la disposition des établissements universitaires, doivent être accordées aux étudiants (bibliothèques, accès gratuit à l’internet, les restaurants, cités universitaires, centres sportifs, etc.).
Le RFD considère  que la rĂ©ussite des rĂ©formes politiques, Ă©conomiques et culturelles dĂ©pend de l’émancipation des femmes et de leur participation active dans la vie politique du pays. La femme doit avoir les mĂŞmes possibilitĂ©s d’éducation et de formation professionnelle que l’homme. Elle doit avoir un libre choix de la profession et de son exercice et doit bĂ©nĂ©ficier de la mĂŞme rĂ©munĂ©ration que l’homme. L’Etat et la sociĂ©tĂ© doivent protĂ©ger, favoriser et renforcer la famille pour assurer sa sĂ©curitĂ© matĂ©rielle et son pouvoir Ă©ducatif.
La jeunesse doit être préparée à ses responsabilités futures vis-à-vis de la communauté nationale et être en mesure d’orienter elle-même son existence. Dans tous les domaines de l’existence qui concernent l’éducation, la promotion et la protection de la jeunesse, il convient d’assurer que le bien des jeunes ait le pas sur toutes les autres considérations.
En matière de dĂ©fense nationale, le RFD souscrit Ă  l’ardente obligation de dĂ©fendre l’indĂ©pendance nationale et l’intĂ©gritĂ© du territoire national et  opte pour l’institution du service national et la formation d’une armĂ©e populaire. L’armĂ©e doit toujours bĂ©nĂ©ficier d’une attention spĂ©ciale et obtenir, pour qu’elle puisse remplir sa mission de dĂ©fense nationale, les moyens nĂ©cessaires compatibles avec les ressources du pays.
En matière de politique étrangère, le problème du Sahara Occidental et la recherche d’une solution à cette question demeurent pour nous une préoccupation majeure à plus d’un titre. A cet égard, nous souhaitons vivement que les parties au conflit aboutissent à un règlement pacifique honorable sur la base des décisions et résolutions des instances internationales tout en appréciant hautement les efforts déployés par les Nations Unies ainsi que la poursuite des négociations entre le Royaume du Maroc et le Front POLISARIO.
Notre parti demeure profondément attaché à l’Union du Maghreb arabe qu’il considère comme une réalisation indispensable dictée par la tendance mondiale aux regroupements régionaux ainsi qu’à l’impérieuse nécessitée d’assurer le développement, la sécurité et la stabilité au niveau de la région. Aussi nous lançons un appel pressant aux partis et organisations politiques du Maghreb Arabe pour qu’ils fassent preuve de sagesse et de volonté politique afin que soient surmontées toutes les contradictions et difficultés pour permettre aux instances communautaires du Maghreb Arabe de jouer pleinement leur rôle pour faire de ce regroupement régional une organisation efficace à l’instar des autres organisations similaires dans l’intérêt bien compris des peuples du Maghreb Arabe.
Notre parti réaffirme son attachement à l’organisation de Mise en Valeur du Fleuve Sénégal qui regroupe des Etats avec lesquels la Mauritanie est rattachée par des liens historiques, culturels et économiques.
Notre parti souhaite faire retrouver à notre pays son rôle historique dans cette région ouest-africaine où nous étions notamment membre fondateur de la Communauté Economique de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dont les Etats membres sont unis à la Mauritanie par des liens économiques et commerciaux séculaires.
Plus que jamais, conformément à ses positions traditionnelles, notre parti demeure profondément attentif aux problèmes majeurs et au devenir de notre continent africain et de notre nation arabe.
En souhaitant pleins succès à nos travaux, je déclare ouvert le premier congrès ordinaire du Rassemblement des Forces Démocratiques.

VIVE LE RFD POUR QUE VIVE LA MAURITANIE !


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