Ramener la Jamahiriya à de meilleurs sentiments à l’égard de la Mauritanie après plus de deux décennies d’animosités et d’hostilités, parfois ouvertes, aura été une grande victoire de la diplomatie mauritanienne.C’est ce qui a eu lieu pourtant, après le voyage du président Sidi Ould Cheikh Abdellahi à l’occasion du dernier mini-sommet arabe de Tripoli et la tenue des travaux de la Grande commission mixte Mauritano-Libyenne 10 et 11 juin à Tripoli.
La Grande Jamahiriya est revenue à de meilleurs sentiments et l’animosité a cédé la place à la coopération et à l’assistance. L’ambassadeur de Mauritanie en Libye, Dr Benhmeida dont l’apport a été considérable dans l’évolution des rapports entre les deux pays, peut se frotter les mains. La Libye a décidé d’effacer le gros de la dette mauritanienne (à peu prés 200 millions de dollars), de fixer un nouveau plafond de l’investissement libyen en Mauritanie (entre et 500 millions et 1 milliard de dollars) en plus d’engagements fermes pour la construction d’infrastructures éducatives, hydrauliques, sanitaires et la fourniture d’équipements agricoles. Grands donateurs en Afrique, courtisés par les plus grandes démocraties du monde, les libyens ont été longtemps absents de notre pays malgré un début prometteur les années 70 et 80, au moment où leurs aides et investissements ont continué à pleuvoir sur le Burkina, le Mali, le Sénégal et plusieurs autres pays.
Nouvel élan
Les travaux de la Grande commission mixte Mauritano Libyenne ont pris fin, le 11 juin à Tripoli avec la signature d’un accord cadre de coopération englobant tous les domaines en plus de la création d’un nouveau portefeuille d’investissements libyens en Mauritanie ainsi que la levée des contraintes qui pesaient sur nos compatriotes vivant en Libye. Les autorités libyennes se sont engagées à lever toutes les difficultés auxquelles faisaient face nos compatriotes dont le nombre est estimé à plus de 30 000 personnes. Ces difficultés avaient trait à l’obtention du certificat de résidence, l’obligation de versement de taxes élevées pour les inscriptions scolaires l’impossibilité d’exercer le commerce, les difficultés et tracasseries pour les personnes circulant au niveau des frontières, l’impossibilité pour les enfants mauritaniens de fréquenter les écoles publiques libyennes sous réserve de paiement de frais colossaux, les difficultés dans le transfert des fonds et les menaces d’expulsions. Certains, peuvent évidemment continuer à se poser des questions sur le coût des voyages présidentiels. Ils ont en attendant, l’occasion, d’avoir au moins, une idée de ce qu’ils rapportent. IOM, Envoyé spécial à Tripoli
Le communiqué sanctionnant les travaux de la Commission
La première session de la Grande Commission Mixte Mauritano Libyenne s’est tenue à Tripoli les 11 et 12 Juin 2008, sous la présidence du Secrétaire du Comité Populaire Général de la Grande Jamahiriya Arabe Libyenne et Populaire, Dr El Baghdadi Ali Al Mahmoudi, et le Premier ministre de la République Islamique de Mauritanie, Monsieur Yahya Ould Ahmed El Waghef. Les deux parties ont signé un accord cadre de coopération englobant tous les domaines de partenariat, allant de la concertation politique au commerce, en passant par l’enseignement supérieur et la recherche scientifique, la culture et la communication, la normalisation industrielle, la santé et la promotion de la femme, de l’enfance et de la famille. Au niveau économique, les deux pays se sont engagés à mettre en place, dans les plus brefs délais, les conditions nécessaires à la mise en place d’investissements libyens en Mauritanie à hauteur de 500 millions de Dollars dans les domaines de la production animale (transformation et exportation des viandes rouges, produits laitiers, peaux etc.), du tourisme, des banques, de la pêche, de l’électricité, de l’agriculture, des mines et du pétrole (prospection et production), ainsi que dans la commercialisation et le stockage des hydrocarbures. La partie mauritanienne s’engage à identifier des projets prioritaires pour le pays et à accorder les facilités nécessaires pour leur réussite. S’agissant de la dette, la Jamahiriya a décidé l’annulation des intérêts sur les dettes et les dépôts signés entre les deux pays le 18 juillet 1973 entre les deux pays et la conversion des fonds initiaux en investissements pour les projets de développement. Deux projets de convention pour encourager et protéger l’investissement, sur lesquels une commission technique des deux pays se réunira en juillet 2008, seront finalisés. Les différentes conventions sectorielles seront adoptées au fur et à mesure qu’elles seront convenues. Par ailleurs, la Grande Commission Mixte a appelé le secteur privé dans les deux pays à initier des partenariats dans le domaine du traitement et de la conservation des produits de la pêche et des PME. Enfin, la Libye a accordé à la Mauritanie, dans le cadre de l’aide bilatérale. La prise en charge par l’Etat libyen des coûts de l’enseignement pour les enfants de citoyens mauritaniens résidents en Libye et l’accord pour leur accès prioritaire à l’emploi. L’accord de principe pour l’octroi de 50 bourses de formation supérieure aux étudiants mauritaniens. La viabilisation et le forage de puits pour un seuil de financement de 250 millions de dollars. La construction de centres préscolaires pour un financement global d’un million de dollars. L’octroi d’un montant de deux millions de dollars durant l’année 2008 comme participation initiale dans le préfinancement de la construction de la Faculté de sciences humaines à Nouakchott. La construction de dix unités sanitaires pour un financement global d’un million de dollars. La mise à disposition de dix tracteurs, entièrement pris en charge par la Libye, pour appuyer l’effort de la Mauritanie en matière d’agriculture. La mise à disposition d’une aide alimentaire d’urgence. Un comité de suivi, dirigé par le ministre délégué auprès du ministre des affaires étrangères et de la coopération chargé du Maghreb arabe, M. Mohamed Lemine Ould Naty, et le Secrétaire chargé du Monde arabe au niveau du Comité Populaire Général chargé des relations extérieures, M. Mohamed Taher Seyala, a été créé. Il doit se réunir tous les six mois par alternance dans l’une ou l’autre des deux capitales, et a pour mission de concevoir et suivre les différents aspects et domaines de coopération entre les deux pays.
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