La célébration de la journée internationale du migrant, le 18 décembre, a été organisée partout à travers le monde. Une occasion donnée aux personnes qui ont quitté leur pays, de s’exprimer. En Mauritanie, l’Amdh (Association Mauritanienne des Droits de l’Homme), ...
... a invité les communautés des migrants, la société civile, avocats, représentants de chancelleries et institutions internationales, professeurs, étudiants, élèves ou autres personnalités à une conférence débat sur la situation des migrants dans ce pays. Une rencontre qui a permis aux participants d’échanger et de soulever les difficultés auxquelles sont confrontées les personnes migrantes. Après la célébration de la journée contre l’esclavage et ses séquelles, contre les violences faites aux femmes et le 10 décembre, journée des droits de l’homme, c’est au tour des migrants de célébrer, ce 18 décembre, la journée internationale du migrant. C’est par une projection de film sur les difficultés des femmes maliennes suivie d’un débat que l’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH) en collaboration avec les communautés migrantes ont célébré, ce 18 décembre, à l’instar du monde entier, la journée internationale du migrant. L’occasion a été donnée aux migrants de tous bords, de s’exprimer par rapport à leur situation et aux conditions dans lesquelles ils vivent en Mauritanie. D’emblée, Me Fatimata Mbaye, présidente de l’Amdh, a indiqué que le monde doit se mettre au travail. « Nous devons nous mobiliser contre les injustices faites aux personnes qui ont quitté leurs pays d’une façon ou d’une autre » tonne Me Mbaye qui soutient que « l’activité menée au sein de nos pays est insuffisante ». Selon la présidente, chaque jour, des enfants, des femmes et des hommes prennent la route à la recherche d’une vie meilleure au risque de leur vie. Préoccupée par la femme migrante, elle a souligné que « la situation de la femme migrante ne nous permet pas de ferme les yeux et de nous taire en tant que défenseurs des droits de l’homme ». Dans nos civilisations anciennes, poursuit, l’avocate, le monde a connu des déplacements de communautés et de peuples. Donc, « les migrants, où qu’ils se trouvent, doivent bénéficier de la protection. On ne doit pas les rejeter parce qu’ils viennent d’ailleurs mais nous devons les accueillir et les aider à s’intégrer chez nous » a-t-elle martelé. Selon Me Mbaye, « on ne peut pas respecter les institutions lorsque nos droits sont bafoués ». Elle a soutenu qu’au niveau de l’Amdh, « nous œuvrons à ce que toute personne migrante ou en difficulté, soit protégée et se sent libre ». « Vous migrants qui êtes dans cette salle ou ailleurs dans le territoire mauritanien, la société civile est mobilisée derrière vous pour le respect de vos droits. Nous ferons en sorte que vos droits soient respectés parce que la Mauritanie a ratifié beaucoup de conventions en la matière », rassure-t-elle.
La femme migrante, la principale victime Pour sa part, le Dr Cheikh Tidiane Thiongane au nom des migrants et en sa qualité de vice-président de la Fédération des Associations des Migrants d’Afrique de l’Ouest en Mauritanie (FAMAM), a soutenu que Me Mbaye et l’Amdh ont toujours assisté les migrants en difficultés. Dans la foulée, il a rappelé un certain nombre de cas que cette association de défense de droits humain est venue au secours. Pourtant, poursuit Dr Thiongane, « il ya des multitudes d’Ong se réclament de défendre les droits des migrants mais qu’on ne voit jamais sur le terrain » regrette-t-il. Sans citer leurs noms, il a indiqué que « ces Ong devraient être là aujourd’hui ou pensé à cette journée ». Homme de terrain, Dr Thiongane a cité des cas de viol et sévices contre les femmes migrantes dont le récit fait naître l’émotion et la désolation. Dr Thiongane, a également dénoncé le manque d’assistance des autorités consulaires citant au passage le cas d’un vieux sénégalais mort en novembre dernier pour « manque d’assistance » alors qu’il a été hospitalisé à l’hôpital national de Nouakchott.
Des actions louables mais à renforcer … Toutefois, Dr Thiongane a reconnu les efforts que les autorités mauritaniennes déploient dans les commissariats et au niveau de la justice en faveur des migrants. Des efforts qu’il souhaite voir se renforcer pour améliorer les conditions de vie de cette communauté migrante. Pour mieux plaider la cause des migrants, Dr Thiongane a souhaité la mise en place d’un cadre de concertation qui regroupera les différents acteurs intervenant dans les questions migratoires. « Il faut que les Ong impliquent les migrants dans ce qu’elles font », martèle-t-il. C’est le moment choisit par Dr Thiongane pour louer le rôle que jouent les journalistes et l’Institut Panos Paris et l’IPAO dans le renforcement des capacités de cette corporation pour mieux traiter les questions migratoires. Prenant la parole à son tour, le Secrétaire Général de l’Amdh, Amadou Mbow, a tenu à remercier l’engagement militant de Me El Ide Mbareck qui a accepté d’offrir gratuitement ses services pour accompagner et assister les migrants en difficultés du commissariat à la prison en passant par le tribunal. Il a précisé que depuis 2005, l’Amdh a assisté les migrants et les candidats à l’immigration dont les embarcations de fortune échouent en pleine mer. Tout comme il a souligné le projet Loujna Tounkaranké qui regroupe l’Algérie, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, le Mali et la Tunisie et qui travaille pour sensibiliser et renforcer les capacités des acteurs intervenant dans les questions migratoires. Ce réseau vient d’adhérer à Migreurope pour plaider la liberté de circulation des migrants.
Un guide pour les migrants Daouda Sarr, chef d’antenne del’Amdh à Rosso, a eu le privilège de présenter le guide des migrants élaboré par son association. Ce guide est composé de trois parties. Une approche-droit qui est un condensé de certaines règles de droits qui permettront aux personnes migrantes de connaître leurs droits et les droits humains. Une présentation des différentes conventions internationales et lois nationales en faveur des migrants et autres exilés politiques que ces personnes doivent connaître pour mieux se défendre. Et enfin, une troisième partie qui explique les différentes étapes pour la mise en valeur des actions de plaidoyer pour défendre les droits des migrants. Cet outil a été mis à la disposition des migrants afin qu’ils s’imprègnent des législations en vigueur en la matière. Avant l’intervention des migrants, Me Mbaye est revenue pour indiquer que «le rôle des organisations de la société civile est de dénoncer et d’alerter les Etats ». Ensuite, les migrants ont fait des témoignages sur le vécu et sur le soutien et l’assistance qu’ils ont bénéficiés de l’Amdh et des autres organisations intervenant en leur faveur. Un débat riche et fécond a été engagé entre participants et l’échange a été fructueux. Les migrants et l’Amdh ont dénoncé les conditions dans lesquelles leurs collègues sont expulsés du Maroc pour se retrouver dans le Noman S’Land du Sahara à la frontière entre la Mauritanie et le Maroc. Véritable zone de mouroir des migrants.
Un film pour dénoncer la discrimination des femmes Enfin, le film sur les difficultés des femmes maliennes a été projeté pour montrer certaines souffrances auxquelles cette catégorie est confrontée. Mme Rougui Niang qui porte un projet sur l’apport des femmes migrantes dans l’économie mauritanienne, a expliqué en détail le film en mettant en exergue la discrimination des femmes dans le traitement des questions migratoires. Il a engagé les journalistes pour faire des enquêtes sur la situation des femmes migrantes. Tout cela pour démontrer que « Plus que jamais ensemble pour affirmer et défendre les droits des migrants, des réfugiés et des personnes déplacées ». C’est d’ailleurs cela qui a été le thème principal de la rencontre du 18 décembre, consacrant la célébration de la journée internationale des migrants. Compte rendu Ibou Badiane
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