L’AMDH organise une rencontre avec les migrants   
29/06/2013

Dans le cadre du projet Loujna Tunkaranké, l’Association Mauritanienne des Droits Humains (AMDH) a organisé ce 29 juin à son siège, une rencontre avec les migrants pour échanger sur les difficultés auxquelles ils sont confrontés dans l’exercice de leurs ...



... mĂ©tiers ou dans le cadre de leur sĂ©jour. L’AMDH  a mis Ă  la disposition de la communautĂ© des migrants, un avocat pour les accompagner et les assister dans leurs difficultĂ©s. Me El Ide Mohameden Mbareck, avocat Ă  la cour, a exposĂ© sur la façon d’assister les migrants. D’emblĂ©e il a campĂ© le dĂ©cor afin de faciliter l’échange et de mieux aider Ă  la comprĂ©hension de cette collaboration dont l’AMDH demeure l’artisan principal.

Le projet Loujna Tunkaranké vise la défense et la protection des droits des migrants. Il concerne le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Mauritanie, le Sénégal, le Mali, la Côte d’ivoire etc. Cette rencontre entre l’avocat et les migrants a été l’occasion d’échanger sur les difficultés rencontrées et les possibilités offertes en matière d’assistance judiciaires au profit des migrants.
Les migrants qui mĂ©connaissent le rĂ©gime juridique de la Mauritanie sont, selon l’avocat très souvent confrontĂ©s Ă  d’énormes difficultĂ©s. Toutefois, Me El Ide s’est dit disponible Ă  accompagner les migrants ou leur offrir des consultations gratuites afin que ces derniers soient Ă©clairĂ©s sur leurs devoirs et leurs droits. Il a Ă  cette occasion expliquĂ© en dĂ©tail les mĂ©canismes juridiques et les procĂ©dures de recours possibles pour les migrants. Il a prĂ©cisĂ© que cette assistance couvre toute la scène de  procĂ©dure dans son ensemble. C’est-Ă -dire depuis le dĂ©clenchement de la procĂ©dure (dĂ©pĂ´t de la plainte) jusqu’à son terme. «A l’absence de l’avocat dĂ©fenseur, le migrant risque d’encourir des peines lourdes » a dit Me El Ide. C’est pourquoi, il a conseillĂ© aux migrants de toujours recourir Ă  l’assistance d’un avocat Ă  partir mĂŞme de la police. En dĂ©pit des difficultĂ©s de communication de la langue (arabisation de la justice), les accusĂ©s sont parfois exposĂ©s car le procureur n’arrive pas suffisamment Ă  avoir le contradictoire nĂ©cessaire bien Ă©clairci de l’accusĂ©, a-t-il dit.
Au sujet de la cour criminelle compétente pour juger des crimes, il a indiqué que là aussi il faut connaitre les mécanismes. Pour les recours, Me El Ide a précisé qu’il est possible de le faire dans l’intervalle de 15 jours en matière pénale après le jugement sinon, l’accusé ne pourra plus avoir la possibilité de recourir. Seul en matière civile où le recours peut intervenir dans l’intervalle de 30 jours.
Me El Ide a révélé que la plupart des prisons visitées dans le pays, abritaient des prisonniers en majorité de migrants. En Mauritanie, le fait qu’on soit étranger expose cette personne à une vulnérabilité, a-t-il dit. Ce qui aiderait à l’étranger de surmonter cette difficulté, c’est de demander la lecture et la traduction du PV. Il conseille aux accusés de demander aux services de l’interprète de lire le PV pour mieux comprendre les faits qui leur sont reprochés. En outre, l’autre difficulté, les migrants méconnaissent certains aspects liés à la charia.
Selon Me El Ide, pour les condamnations au-delà de 5 ans, le condamné est obligé de faire recours au service d’un avocat. Le migrant quelque soit son statut, bénéficie du même régime social que le mauritanien et de la protection de l’Etat.
La Mauritanie a un régime spécifique. Les délits, des peines qui vont de 0 à 5 ans d’emprisonnement ferme. Les tribunaux spéciaux près des wilayas (régions) sont des juridictions compétentes. Les cours criminels jugent au-delà de 5 ans et les chambres civiles compétentes pour juger les mariages, les assurances, les conflits pécuniaire, le travail (trois tribunaux Nouakchott, Kiffa et Nouadhibou), les chambres administratifs (entre l’Etat et les populations pour les litiges fonciers).
En outre, Me El Ide a soulignĂ© que «la Mauritanie a de bons textes mais l’application fait dĂ©faut» alors qu’elle a ratissĂ© beaucoup de conventions. Il a conseillĂ© de toujours saisir les Ong qui pourront s’en saisir du dossier et interpeller les autoritĂ©s sur une Ă©ventuelle violation de droits humains. Toutefois, il a soulevĂ© le cas de manque de coordination et de solidaritĂ© des migrants qui les expose Ă  tout. «MalgrĂ© les formations faites pour les officiers de la police judiciaire, les magistrats, nous avons toujours des problèmes d’application » a-t-il dit. Pour ce faire,  «il faut que l’action des migrants soit collĂ©giale pour faciliter le travail des Ong et des avocats ».
Pour sa part, Daouda Sarr, Coordinateur de l’antenne AMDH de Rosso, il a souligné qu’un projet de loi sur l’entrée et la sortie en Mauritanie qui éclaircit en détail est proposé mais n’a pas encore été voté même si les autorités l’appliquent. L’AMDH a pris les devants en élaborant un guide composé de textes juridiques au profit des migrants. Toutefois, il a été souligné que les migrants doivent s’enquérir des conditions de séjour dès leur arrivée dans le pays d’accueil.
Interpellé sur l’emploi des migrants, Me El Ide Mohameden Mbareck a précisé qu’il faut toujours demander une pièce qui pourrait justifier votre relation avec l’employeur (contrat de travail, permis de travail, carte professionnelle, badge, bulletin de paye etc.). Cela permettra en cas de litige de justifier le lien entre l’employé et l’employeur.
Au sujet des mariages, les migrants (catholiques) ont posé le problème de manque de reconnaissance pour une union entre eux. Il ne leur est pas permis d’avoir un document justifiant leur mariage (certificat) selon une migrante. A ce sujet, Me El Ide a évoqué l’article 11 du code des obligations matrimoniales. Mieux, ce n’est pas la Mairie dans le cas d’espèce (Mauritanie) c’est le Cadi (autorité civile locale reconnue par l’Etat) qui a les compétences de le faire. Ce problème est quasi vécu par certains citoyens mauritaniens a-t-il dit.

 

Comment saisir l’AMDH

 

L’AMDH en collaboration avec le Cabinet Conseil de Me El Ide Mohameden Mbareck a mis en place des personnes disponibles pour assister et accompagner les migrants dans le besoin. D’abord, par le canal du conseil de Me El Ide avec l’assistance de l’AMDH. Cette assistance se fera à partir même de la police jusqu’à la fin de la procédure judiciaire si l’affaire est transmise au tribunal. Mieux, avant d’aller au tribunal, il faut saisir le service de l’avocat conseil. Pour la défense et le recours qui pourraient exiger des documents à fournir, tout cela se fera en rapport avec l’avocat. Toutefois, les migrants ont souhaité que l’AMDH fasse mieux en mettant l’accent sur la collaboration étroite et permanente.
C’est le moment choisi par Me Fatimata Mbaye, présidente de l’AMDH pour soutenir qu’il y a des améliorations au niveau de la justice sauf dans les commissariats où l’on assiste toujours à des harcèlements, des intimidations, des extorsions de preuves …). A la question de savoir quelle différence y’a-t-il entre le citoyen et le migrant, Me Mbaye a indiqué que « la seule différence ce sont les documents ». Car « nous sommes tous des citoyens du monde ». Toutefois, il a souligné que le pays d’accueil est dans l’obligation de protéger toutes les personnes qui vivent sur son sol y compris les étrangers. La Mauritanie ayant ratissé la convention internationale de protection des migrants et de leurs familles. Malheureusement, le migrant aussi bien le citoyen n’a pas connaissance de cette loi et de tant d’autres. En tout état de cause, l’AMDH essaie par ses moyens de sensibiliser et de porter à la connaissance des migrants et des citoyens ces lois en dépit des abus de pouvoir et des excès de zèle des autorités notamment policières. Toutefois, souligne-t-elle, l’idéal, est que le migrant doit aussi rester en relation avec son pays. «Nous sommes très conscients des problèmes auxquels vous êtes confrontés. Nous avons une oreille qui écoute, une main qui tend».
Par ailleurs, elle indiqué que la Mauritanie doit savoir qu’elle a des relations spécifiques avec les autres pays. « A notre niveau, nous voulons défendre le principe de la libre circulation des personnes et des biens. Le fait que la police entre dans les domiciles, dans les lieux de travail pour exiger des papiers, est une violation des droits humains. Nous ne pouvons pas vous aider si vous ne venez pas vers nous. Il ne faut pas vous laisser avoir. Le soleil sèche ce qu’il voit» a-t-elle martelé.
Toutefois, les migrants invités se sont réjouis d’être impliqués par l’AMDH dans le cadre de ce projet important et de l’assistance juridique. Ils ont souhaité que cette collaboration se poursuive au mieux en vue d’aider les migrants à faire face à leur situation. Certains ont même demandé une autre rencontre du genre pour créer une dynamique de partenariat dans ce sens. Pour les organisateurs, «nos portes sont ouvertes et nous sommes entièrement disponible. La preuve, nous avons recruté un avocat conseil pour vous assister dans vos difficultés », soutient Daouda Sarr qui a dit qu’une journée sera organisée pour remettre aux migrants le guide des textes juridiques.
Compte rendu Ibou Badiane


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