L’Association Mauritanienne de Défense des Droits de l’Homme (Amdh), en partenariat avec la maison des cinéastes et la cimade, a organisé, ce 29 décembre, au village de la biodiversité, la première édition de « Migrant en scène ». Un festival qui s’organise depuis 2007 dans toutes les villes...
...de France par l’association Cimade pour montrer que le migrant est un être qui doit bénéficier d’une commisération. Pour sensibiliser les populations et l’Etat, les organisateurs n’ont pas trouvé mieux que de projeter le film du cinéaste mauritanien, Abderrahamane Sissako, « En attendant le bonheur » (Heremakono). Même si le public n’est pas venu nombreux, mais le film d’Abderrahmane Sissako a encore fait parler de lui. Un film qui a tout son sens dans la sensibilisation sur la situation du migrant. Cet être comme tous les autres êtres, parti à la quête du bien-être, d’un bonheur qu’il n’a pas trouvé chez lui, dans son pays d’origine. La rencontre entre les personnes de différentes langues, de nationalités ou d’origine, qui ont le même but, le même objectif, la même destinée, montre si besoin en était, que les migrations ont été de tout temps, des facteurs de rencontres et de construction d’un autre monde nouveau au sein duquel, chacun trouve son compte. C’est certes, la raison pour laquelle, les défenseurs des droits des migrants dont l’Amdh, combattent, la xénophobie, la discrimination et le mauvais regard de l’autre qui détruirait leur liberté pour paraphraser le philosophe français Jean Paul Sartre. Abderrahmane Sissako a réussi, en combinant tous les facteurs de la migration, à montrer que les migrants doivent être traités et considérés de la même façon que tous les autres êtres. Que leurs droits ne doivent pas être bafoués et qu’ils ne doivent pas être privés de liberté et de parole. La mer qui est au centre de la bravoure de ces hommes en quête perpétuelle d’un bonheur, d’un bien-être, les engloutit souvent au grand malheur de leurs proches. Dans tous les cas, une solidarité agissante doit être exprimée à l’endroit du migrant qui pourtant, au-delà de son statut d’être venu d’ailleurs, contribue, à coup sûr, au développement des pays et des continents. L’Amérique est construite par la force de la migration comme certains pays se sont développés par la contribution des migrants. Les Etats donc, sont également interpellés, eux qui luttent contre ce phénomène, qui privent un droit fondamental, inaliénable, à ces personnes. Le droit de bouger, de voyager. Le contrôle des territoires et de leur sécurisation est de leur ressort, mais la protection et la gestion des migrants en un autre. Cette mission régalienne est aussi valable pour cette communauté de migrants qui n’ont pas quitté leurs pays, leurs familles pour le simple plaisir. Mais c’est pour des raisons économiques, sociales voire politiques pour certains qui ont choisi la mer à défaut d’un visa, pour échapper à la persécution, fuir la pauvreté et être libre. En clair, l’attente du bonheur dont parle Sissako trouve son sens dans ce cadre. Le migrant doit bénéficier de notre commisération, notre solidarité et notre soutien et sa protection revient aux Etats. C’est pourquoi, Me Fatimata Mbaye a appelé les Etats africains, à veiller sur les migrants. «Autant, nos Etats ont le droit de se protéger, de sécuriser leurs frontières, autant, ils ont le devoir de protéger les personnes qui arrivent à un moment donné ou à un autre à pénétrer sur leur sol», a-t-elle soutenu à l’occasion de la projection du film du célèbre cinéaste, Abderrahmane Sissako. Pour la présidente de l’Amdh, «la migration est un programme dans la vie de chaque individu ». C’est pourquoi, selon elle, «Aucune barrière ne doit nous empêcher de partir vers d’autres horizons à la découverte d’autres civilisations, à la recherche du bien-être, de la connaissance ». Mais, poursuit Me Mbaye, «malheureusement, nous avons ces barrières symbolisées aujourd’hui par des lois qui empêchent les migrants de se déplacer, d’aller au-delà de leurs rêves». Cette manifestation qui entre dans le cadre du projet Loujna, constitue un prétexte pour l’Amdh, pour mieux sensibiliser les populations et l’Etat sur la migration. Pour dire non à la xénophobie, non à la discrimination et à l’exclusion des migrants. Ibou Badiane
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