Après deux ans de travail sans relâche sur le terrain, les trois associations mauritaniennes notamment l’AFCF, l’AMDH et SOS Esclaves partenaires de l’Ong française Agir Ensemble pour les Droits de l’Homme (AEDH) ont procédé, ce 27 septembre dernier, à la restitution...
...de leurs travaux dans le cadre du projet FAM (Former et Agir en Mauritanie). Septembre 2010-Septembre 2012, deux années pendant lesquelles, les acteurs mauritaniens des organisations de la société civile se sont mobilisés aussi bien sur le terrain que dans le domaine de la formation pour sensibiliser, éduquer, conscientiser et renforcer leurs capacités dans la défense et la promotion des droits des femmes. Au finish, les femmes revendiquent l’adéquation des nationaux aux instruments internationaux. A tout seigneur, tout honneur. D’abord, c’est à la présidente de l’Afcf, (Association des Femmes Chefs de Familles), Mme Aminetou Mint Moctar de prendre la parole pour témoigner des efforts consentis sur le terrain par ces trois associations dans le cadre du projet FAM. Pour Mme Aminetou, ces efforts déployés «témoignent de l’intérêt que nos différentes organisations portent à l’amélioration des droits des femmes mauritaniennes» dira-t-elle à l’occasion. Toutefois, elle a déploré le «manque d’engagement» des décideurs étatiques pour améliorer la situation. Ce qui fait dire à la présidente de l’Afcf que «cette situation a conduit nos organisations à avancer des suggestions parmi lesquelles l’adéquation des textes nationaux aux instruments internationaux, le renforcement structurel et opérationnel des capacités des associations locales de défense des droits des femmes » entre autres. Pour sa part, Tom Corrié représentant l’Ambassadeur Chef de Délégation de l’Union Européenne, a indiqué que malgré la place qu’occupe la femme mauritanienne dans la société et les efforts déployés par l’Etat sur le plan juridique pour améliorer la situation de celle-ci pendant cette dernière décennie, «dans la pratique, et en dépit de ces valeurs d’ouverture, trop nombreuses sont encore les femmes mauritaniennes qui sont victimes de discriminations, de violences et qui subissent des conditions économiques précaires». C’est la raison pour laquelle, il a souligné les efforts des associations partenaires dans le projet FAM qui ont consisté à sensibiliser les acteurs, sur la protection des droits des femmes, mais aussi et surtout la formation des professionnels (magistrats, avocats et autres hommes de loi) impliqués dans la gestion et la protection de cette couche vulnérable. Le projet a permis la création d’un Centre d’écoute pour accompagner et prendre en charge les victimes d’abus, de violences ou de discrimination, note-t-il avant de soutenir que son institution a toujours œuvré pour le respect et la protection des droits des femmes. C’est pourquoi, elle (l’UE) a financé ce projet à hauteur de 124 millions d’ouguiyas soit environ 300 mille euros. Et la réalisation de ce projet a été rendu possible grâce à la collaboration étroite entre l’AFCF, l’AMDH, SOS Esclaves et leur partenaire français l’AEDH. Malgré tout, le chemin, selon l’intervenant reste à parcourir. Il a incité donc aux acteurs à fournir plus d’efforts. Mieux «Nous devons, ensemble, tous rester mobilisés afin que notre action et notre engagement aient un impact significatif dans la vie des Mauritaniennes». Quant à M. Jean Saglio, représentant l’AEDH, il a loué le compagnonnage des partenaires au projet avant de rappeler brièvement les actions menées sur le terrain et dans le cadre de la formation des professionnels. Tirant le bilan de ces deux ans, il a souligné l’important travail de conscientisation, de mobilisation et de faire connaître le problème. Toutefois, il a soutenu que « le rôle premier (des acteurs), n’est pas d’être seulement des groupes de pression » sur les décideurs mais plutôt le projet a été un moyen « de faire exister ces espaces de parole et de débat qui sont au fondement des pratiques démocratiques ». La formation et la coopération entre acteurs ont été les maîtres mots de l’AEDH pour venir à bout des objectifs assignés. Il a appelé les partenaires à « travailler ensemble tout en respectant la diversité des identités et des pratiques » afin d’améliorer les compétences et le savoir faire. L’AFCF, l’AMDH et SOS Esclaves rendent leurs copies… Comme dans tout projet, toutes les associations mauritaniennes partenaires au projet ont, par le biais de leurs coordinatrices respectives, restitué leurs travaux réalisés aussi bien sur le terrain que dans le domaine de la formation. Si l’Afcf s’est occupée du volet sensibilisation et formation, SOS Esclaves s’est, elle, occupée du volet recueil et compilation de textes juridiques tandis que l’AMDH, à ouvrir un centre d’écoute pour l’accompagnement et la prise en charge des victimes ajouté en cela par quelques formations des relayeurs. Ce fut d’abord Mme Salimata Sy de l’Afcf, de présenter son rapport d’activités. Comme à son habitude, elle a fait valoir son talent et sa maîtrise du sujet pour convaincre tous les partenaires. La pertinence de son exposé a été appréciée par tous. Des activités menées sur le terrain aux débats organisés, en passant par la formation des professionnels (magistrats, avocats, autres hommes de loi, société civile) sur la problématique des droits des femmes, tout a été passé au peigne fin. Elle a indiqué que 117 personnes ont bénéficié des ateliers de formation et participé aux débats à Nouakchott, en Assaba, au Gorgol et à Nouadhibou. Tandis que 40 personnes ont été formées sur le plaidoyer. En somme, l’Afcf a pu faire disposer à la société civile d’un avant projet de loi sur les droits des femmes. Comme elle a élaboré un guide de sensibilisation pour mettre en exergue toutes les différentes discriminations à l’égard des femmes et autres formes de violences faites aux femmes. A en croire Salimata Sy, le projet a contribué à la prise de conscience généralisée des femmes. Enfin, elle a tiré un bilan globalement positif du projet tout en soulevant les contraintes rencontrées. Toutefois, Mme Salimata a souligné les possibilités d’approfondir les questions liées aux droits des femmes. Pour sa part, Mme Aïcha Fall de SOS Esclaves, a fait un exposé des activités menées à l’intérieur du pays, notamment sur les femmes esclaves. SOS Esclaves qui a travaillé durant un an sur la compilation des textes et lois liés aux droits des femmes, a ciblé 9 localités dont Nouakchott pour l’élaboration, la publication et la diffusion d’un recueil de textes légaux nationaux et internationaux en rapport avec les droits des femmes. SOS Esclave a formé en septembre 2011, 20 femmes relais dont 16 de l’intérieur notamment à Atar, Boutilimit et Emel sur les techniques de communication. La sensibilisation sur les textes et lois a également concerné 2000 femmes. «C’étais difficile pour une femme non libre de faire ce travail mais je me suis évertuée à le faire pour l’intérêt de toutes les femmes mauritaniennes » a-t-elle conclut. Quant à Melle Dickel Fofana de l’AMDH, elle a présenté le Centre d’écoute, ses réalisations et la formation faite à l’intérieur. Elle a indiqué que lors des sensibilisations, 12 femmes victimes ont été présentées au cours des débats pour donner la lumière sur la situation. Des séances de sensibilisation ont été faites aussi dans les quartiers de Nouakchott et à l’intérieur du pays (Rosso, Sélibaby, Bababé) au cours desquelles, des échanges fructueux ont été notés entre victimes et assistantes sociales pour mieux les imprégner du phénomène. Dickel a rappelé que le centre d’écoute permettait d’accompagner les victimes aux plans sanitaire, médical et judiciaire. Après cette série d’exposés, les participants ont eu droit à un vernissage de l’exposition photographique récapitulant toutes les activités réalisées sur le terrain. Enfin, au terme de cette cérémonie de clôture, Me Fatimata Mbaye, présidente de l’AMDH, a remercié tous les acteurs pour leur patience et leur engagement compte tenu des difficultés qui prévalent dans le domaine des droits humains notamment la défense des femmes. « Quand nous protégeons la femme, nous protégeons toute la nation, quand nous protégeons une fille, nous protégeons toutes les femmes » a-t-elle soutenu. Me Mbaye a loué à cette occasion tous les efforts des Ong qui ont travaillé depuis 2 ans sur le projet. « Nous clôturons un projet mais nous ne clôturons pas l’action envers la femme. Il faut lutter contre tout ce qui freine le processus de développement de la femme », poursuit-elle. Enfin, Me Mbaye a plaidé pour l’harmonisation de toute la législation nationale avec les textes internationaux pour enfin résoudre la question. Comme pour dire merci aux partenaires, deux groupes de musique de l’association SIFA et Oulad Leblad ont gratifié aux participants et autres invités, de belles prestations qui ont permis aux acteurs de la société civile d’esquisser des pas de danse. Compte rendu Ibou Badiane
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