Dans le cadre de la semaine du film Europe- Mauritanie qui se déroule depuis le 7 Mai dernier, la Délégation de l’Union Européenne, les Ambassades d’Espagne, de l’Allemagne, et l’Institut français de Mauritanie, en partenariat avec la maison des cinéastes, ont organisé le 10 Mai une conférence...
...sur le dialogue intergénérationnel à l’Ambassade d’Espagne. Cette conférence a été animée par le Pr Cheikh Saad Bouh Kamara, Dr en sociologie et professeur des universités. Il y a eu une projection de film du projet collectif intitulé « Deux Sans Complexe » réalisé par la Maison des cinéastes avec le concours du Fonadh.
L’intervention des jeunes mauritaniens au sujet de la question de l’unité nationale, sous différentes approches montre combien la construction ou la réalisation de l’unité nationale en Mauritanie demeure une équation à plusieurs inconnues. Pour certains, il faut avoir quelque chose en partage pour parvenir à unifier les citoyens. Car, selon eux, il n’y a pas ce sentiment d’appartenir une nation. Les intervenants ont fait ressortir les obstacles majeurs qui minent la réalisation de cette unité nationale.
Si certains pensent que les aspirations sont différentes, que le système éducatif qui devrait être un laboratoire est galvaudé, biaisé, d’autres par contre considèrent qu’il n’y a pas une volonté de l’Etat de construire une nation commune.
Les citoyens sont enfermés au sein de leurs communautés respectives et les médias ne jouent pas leur rôle convenablement dans cette construction de l’unité nationale. Le côté religieux, le seul gage d’équilibre de la société constitue un handicap majeur. Les Oulémas, notent certains intervenants, ne jouent pas leur véritable rôle dans le rééquilibrage de la société. Mieux, les ressources et les tâches sont inégalement réparties entre les citoyens. Toutefois, des solutions ont été proposées à cet effet notamment en renforçant la communication entre les communautés pour favoriser l’intégration intercommunautaire. Il faut également impliquer tous les citoyens sur des questions d’intérêt national et partant, la vie de la nation. Mieux, il faut tout au moins conscientiser les citoyens à partir des valeurs religieuses, unique facteur de communion et de partage. Il faut aussi selon toujours les intervenants, encourager le métissage et le brassage culturel. Pour ce faire, il faut effacer les discriminations dans le milieu professionnel, créer un cadre où tout le monde se reconnaît comme le symbole de la nation. En un mot, l’Etat doit jouer son rôle régalien et qu’il soit au service de tous les citoyens qui partagent une nation commune. Un exposé qui fait ressortir la crise des valeurs sociales Le Pr Cheikh Saad Bouh Kamara a entamé son exposé en posant un certain nombre de questions du genre : Comment la solidarité entre les générations s’est-elle métamorphosée par l’évolution des mœurs, de la mixité sociale et de l’ouverture accrue au monde? Y a-t-il une spécificité mauritanienne quant au dialogue entre générations? Comment ce dialogue se traduit-il dans la sphère sociale et plus intime aujourd’hui? Comment l’influence extérieure a-t-elle modifié les codes régissant les liens entre jeunes et moins jeunes aujourd’hui? Ce sont là des interrogations qui ont permis au conférencier d’apporter des éléments de réponse à travers un exposé court, claire et concis. D’abord, le Pr Kamara a évoqué les caractéristiques principales de la Mauritanie, pays de confluence de plus en plus inséré dans la mondialisation. Il a mis en exergue l’impact des relations privilégiées dans tous les domaines de la vie active. Certaines spécificités ont été relevées par le conférencier notamment la systématisation de la société mauritanienne. Les antagonismes sociaux ont abouti au conflit de génération. Les jeunes des années 30 jusqu’aux années 70 étaient plus contestataires avec une forte influence de l’extérieur matérialisée par les mouvements estudiantins basés au Sénégal, en Algérie, au Maroc, en France etc. Pour régler cette question, il fallait selon le conférencier, créer la confrontation, ou la convergence ou encore le consensus. Ce qui implique déjà l’obligation d’un dialogue intergénérationnel. Là intervient la famille avec le rapprochement entre vieux et jeunes pour casser les tabous et créer les convergences. Car, les coutumes ont beaucoup changé. Il y a aussi les facteurs exogènes qui influent dans le dialogue. Ainsi, la diaspora a joué un rôle important en œuvrant pour l’instauration de la démocratie et ce, en s’interférant dans le jeu politique. Le conférencier a mis l’accent aussi sur les effets de la mondialisation avec ses avantages et ses inconvénients mais aussi le rôle de la société civile dans le jeu démocratique. En claire, pour le conférencier, trois facteurs ont intervenu dans le sujet : le manque d’entente qui aboutit à la confrontation atténuée par l’approche d’une convergence de vue. Cela a créé des situations d’optimisme pour enfin trouver une issue favorable à tous. Compte rendu Ibou Badiane
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