Un atelier de clôture du projet « Protection et prévention de la violence sexuelle à l’égard des enfants » a été tenu ce 28 février dernier à Nouakchott. L’Ong AMSME (Association Mauritanienne pour la Santé de la Mère et de l’Enfant), en partenariat avec l’Ong «Save The Children» a procédé à la restitution des résultats du projet en présence des organisations...
...de la société civile, des autorités et des partenaires au développement.
L’atelier de clôture du projet « Protection et prévention de la violence sexuelle à l’égard des enfants » a fait l’objet de communications entre les partenaires, notamment l’AMSME, maître d’œuvre dans ce projet. Les communicateurs ont passé au peigne fin les efforts entrepris par l’Ong dans ce sens, les réalisations et les résultats obtenus durant la période 2008-2010. Cet atelier bilan a permis de faire ressortir les forces et les faiblesses du projet mais également un certain nombre de constats et de contraintes liés à la réalisation de celui-ci. Dans son mot à l’occasion, Mme Zeynabou Mint Taleb Moussa a indiqué que « malgré les importants résultats de ce projet en matière de sensibilisation de l’opinion publique des communautés ainsi que dans le milieu scolaire autour du phénomène des violences sexuelles contre les enfants, malgré les énormes efforts déjà fournis, malgré la ratification de la CDE par notre pays et l’existence de certaines lois nationales protégeant les enfants, il reste la grande crise de l’application des lois ainsi que la mise en place de stratégie nationale pour la protection des enfants contre les violences ; car la lutte contre ce phénomène demande beaucoup d’efforts au niveau économique, social, juridique et moral ». Toutefois, la présidente de l’Ong a dit que « nous sommes engagés plus que jamais à nous servir de l’expérience et des données que nous a fournis le projet » pour combler le vide juridique et social existant dans ce domaine. La présidente de l’Ong s’est invitée à parler de la situation de ce phénomène en Mauritanie. Un exposé qui, on ne peut plus claire. Pour sa part, M. Xavier Pérez Salmaron de l’Ong « Save de The Children » présente en Mauritanie depuis 2005, a déclaré que « par ce projet, notre Ong a ciblé la prévention et la protection des enfants victimes d’agression sexuelle ». Il a félicité l’Ong AMSME pour le travail accompli et les résultats obtenus durant ces deux années. Il a promis de renouveler le partenariat avec l’Ong pour élargir le projet dans les régions, vulgariser les résultats de l’enquête et accompagner le processus pour l’élaboration du loi criminalisant le phénomène. Quant à Samba Ciré Ba du centre El Wafa, il a expliqué comment se fait la prise en charge des victimes. De l’accueil au suivi juridique en passant par l’assistance médicale, sanitaire et psychologique. Et de conclure « toute victime de violence sexuelle constitue un projet de vie ». Mme Fatimetou Mint Tourad, a fait un exposé sur les résultats des enquêtes avec des chiffres à l’appui qui concernent Nouakchott et Nouadhibou.
Objectifs et réalisations du projet
Pour un coût global de 214.146,88 Euros, le projet s’est fixé comme objectifs, le renforcement des capacités de l’Ong AMSME, la prise en charge des victimes de violences sexuelles en améliorant sa qualité, la prévention des violences sexuelles dans les écoles et les quartiers populaires et assurer le plaidoyer auprès des décideurs. Outre l’acquisition du matériel d’animation et la construction du Centre d’accueil et de prise en charges des victimes, l’Ong a formé 40 acteurs de la société civile sur la violence sexuelle, 80 médecins, juges, avocats et policiers sur le traitement des violences sexuelles, 40 commissaires et policiers sur la violence sexuelle dans les commissariats. Cela a permis de constater qu’au moins 100 cas de violence sexuelle sont traités chaque année dans le centre, 70% des cas enregistré à l’AMSME reçoivent une assistance médicale, sanitaire, psychologique, sociale et familiale et 70% des violences sexuelles reçoivent une assistance juridique légale. Dans le cadre de la campagne de sensibilisation sur les abus sexuels dans le milieu scolaire, 18 écoles des quartiers d’El Mina, d’Arafat, de Dar Naïm et de Teyarett ont pu être sensibilisées. Cette sensibilisation s’est faite à trois niveaux : les élèves de 6 à 18 ans, les enseignants, les professeurs et les directeurs et enfin les parents d’élèves. En moyenne, 80% des bénéficiaires connaissent des stratégies de protection. Toujours dans le cadre de cette campagne, 5 coopératives féminines ont été sensibilisées et 30 Imams de l’association des Oulémas ont profité de cette campagne dont 11 Imams ont été identifiés pour prêcher sur le sujet les vendredis. Le projet a permis en outre, l’élaboration par 5 avocats d’un avant projet de loi portant protection, répression et prévention des violences sexuelles sur les enfants afin de préparer un plaidoyer auprès de la classe politique et des autorités compétentes. Un autre résultat assez probant, la formation des acteurs impliqués a permis l’amélioration de la qualité des interventions sur les abus sexuels contre les enfants.
Forces et faiblesses
Cependant, si le projet a connu des améliorations dans le renforcement des capacités, la réalisation des enquêtes, la gestion des victimes, les techniques de communication pour l’élaboration d’un projet de plaidoyer, la collaboration avec les autorités, l’appui des acteurs au développement notamment l’Unicef et l’UNFPA … il a également eu des limites. La faible couverture géographique (le projet n’a touché que Nouakchott), la faible couverture dans le milieu scolaire (18 écoles seulement) et l’absence de plaidoyer envers les parlementaires constituent des lacunes. Toutefois, les réalisateurs du projet ont pu constater que la disponibilité des résultats de l’enquête et l’élaboration d’un avant projet de loi ont coïncidé avec la fin du projet. Dans son mot de clôture, Mme Mariem Daddah, modératrice du jour, a réitéré l’importance pour tous les citoyens de lutter efficacement pour combattre ce phénomène. « La lutte contre les violences sexuelles est une révolution culturelle. Il faut donc élaborer une stratégie de combat » a-t-elle indiqué. Compte rendu Ibou Badiane
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