Des filles domestiques subissent des sévices de la part de leurs employeurs. Issues de familles généralement pauvres et vulnérables, ces filles sont, la plupart du temps, confrontées à de nombreuses difficultés dans l’exercice de leur métier de domestiques.
Maltraitance, travail précoce, séquestration, viol, accusation de vol, menace, violence verbale ou physique … sont entre autres le lot subi par cette couche dont le seul tort est d’être issue de familles pauvres, sans moyens de subsistance. La situation des jeunes filles domestiques mérite réflexion. corvéables à merci, elles sont la proie d’une frange nantie de la société. Notre société bien islamisée devrait pourtant être l’exemple. Malgré les efforts déployés par les Ong et les associations de lutte contre les mauvais traitements des filles domestiques et certains efforts jugés insuffisants des autorités censées apporter un palliatif à la situation, le problème persiste. Il n’est pas rare de voir une domestique malmenée par ses employeurs au nez et à la barbe des autorités compétentes. Il faut se rendre dans certains commissariats de la place pour constater des cas alarmants. Les témoignages des points focaux de l’Association des femmes chefs de familles (Afcf), déployés dans les moughataa et les victimes qui se présentent dans les commissariats et au siège de l’Afcf montrent si besoin en était, que la situation est tout simplement dramatique et mérite qu’on y s’attarde. Les cas de Fatou Guèye, victime d’accusation de vol de bijoux, malmenée puis relâchée par sa patronne sans pour autant évoquer les raisons, Niokhor Téo Diouf envoyée en prison pour avoir giflé sa patronne alors que cette dernière avec la complicité de son frère l’avait séquestrée, malmenée et tant d’autres cas présentés par l’Afcf sont des cas avérés. La société civile qui lutte pour l’amélioration de la situation des filles victimes de cette situation se trouve confronter à d’énormes difficultés pour accomplir convenablement sa mission. L’Afcf que préside Aminetou Mint Moctar qui vient de recevoir le 14 juin dernier des mains de Hillary Clinton, le prix du département d’Etat pour les activistes des droits, se révèle au grand jour, la seule qui lutte efficacement, malgré les embûches, pour assister et soutenir les filles en difficultés dans les ménages. Le travail est titanesque. Cette noble initiative mais risquée est la raison fondamentale qui a motivé l’Afcf à prendre son bâton de pèlerin pour aller à la rescousse de ces filles domestiques qui ne seront pas les seules à être assistées. Les femmes de ménages, victimes de répudiation, de violences physiques par leurs maris, sont également assistées par l’Afcf. L’Afcf avec ses points focaux, véritables relais dans toutes les mougataa travaille en étroite collaboration avec les commissariats de police, notamment celui des mineurs. L’Afcf s’est distinguée ces dernières années dans la lutte contre les discriminations et les violences faites aux femmes et contre les nouvelles formes d’exploitation et d’esclavage moderne. D’autres Ong comme SOS Esclaves de Boubacar Ould Messoud, ont déjà reçu un prix similaire pour s’être distinguée dans ce combat. La société civile mauritanienne fait des efforts dans ce sens pour endiguer ce phénomène d’un autre âge. Cependant, le resultat ne peut être effectif que si les autorités compétentes collaborent de manière significative pour éradiquer ce phénomène. En tout cas, si les commissariats, notamment celui des mineurs collaborent, le casse-tête, selon les Ong militantes, se trouve au niveau du tribunal où des dossiers concernant les filles mineures ou des personnes victimes d’exploitation moderne sont en souffrance. A en croire les associations ou les Ong qui combattent ce fléau, «la justice ne collabore pas dans notre combat». Mieux, « les dossiers transmis à la justice sont égarés ou tout simplement, les contrevenants sont libérés aux dépens des victimes » déplorent les défenseurs des droits de l’homme. Pourtant, le projet d’assistance, de protection et d’insertion des filles domestiques mineures relevant de l’Afcf, a assisté en moins d’un an d’activités, 900 filles domestiques âgées entre 6 et 18 ans. Parmi ces filles, 100 seraient victimes de violence de maltraitance et d’exploitation de toutes les formes de traitements inhumains et dégradants. La révélation est faite par la responsable du projet lors d’un point de presse organisé le 24 juin en milieu de journée au siège de l’Afcf. Le projet aurait permis à des centaines de victimes de bénéficier de l’appui juridique, psychologique et de l’insertion économique grâce aux activités génératrices de revenus (AGR). Cependant, la question serait de savoir à quand l’implication véritable des autorités compétentes pour que les filles domestiques voient enfin le bout du tunnel. Ibou Badiane
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