Filles domestiques: A quand le bout du tunnel?   
18/07/2010

Des filles domestiques subissent des sĂ©vices de la part de  leurs employeurs. Issues de familles gĂ©nĂ©ralement pauvres et vulnĂ©rables, ces filles sont, la plupart du temps, confrontĂ©es Ă  de nombreuses difficultĂ©s dans l’exercice de leur mĂ©tier de domestiques.



Maltraitance, travail prĂ©coce, sĂ©questration, viol, accusation de vol, menace, violence verbale ou physique … sont entre autres le lot  subi par cette couche dont le seul tort est d’être issue de familles pauvres, sans moyens de subsistance.
 
 La situation des jeunes filles domestiques mĂ©rite rĂ©flexion. corvĂ©ables Ă  merci, elles  sont la proie d’une frange nantie de la sociĂ©tĂ©. Notre sociĂ©tĂ© bien islamisĂ©e devrait pourtant ĂŞtre l’exemple.  MalgrĂ© les efforts dĂ©ployĂ©s par les Ong et les associations de lutte contre les mauvais traitements des filles domestiques et certains efforts jugĂ©s insuffisants des autoritĂ©s censĂ©es apporter un palliatif Ă  la situation, le problème persiste. Il n’est pas rare de voir une domestique malmenĂ©e par ses employeurs au nez et Ă  la barbe des autoritĂ©s compĂ©tentes. Il faut se rendre dans certains commissariats de la place pour constater des cas alarmants. Les tĂ©moignages des points focaux de l’Association des femmes chefs de familles (Afcf), dĂ©ployĂ©s dans les moughataa et les victimes qui se  prĂ©sentent dans les commissariats et au siège de l’Afcf montrent si besoin en Ă©tait, que la situation est tout simplement dramatique et mĂ©rite qu’on y s’attarde.
Les cas de Fatou Guèye, victime d’accusation de vol de bijoux, malmenĂ©e puis relâchĂ©e par sa patronne sans pour autant Ă©voquer les raisons, Niokhor TĂ©o Diouf envoyĂ©e en prison pour avoir giflĂ© sa patronne alors que cette dernière avec la complicitĂ© de son frère l’avait sĂ©questrĂ©e, malmenĂ©e et tant d’autres cas prĂ©sentĂ©s par l’Afcf sont des cas avĂ©rĂ©s. La sociĂ©tĂ© civile qui lutte pour l’amĂ©lioration de la situation des filles victimes de cette situation se trouve confronter Ă  d’énormes difficultĂ©s pour accomplir convenablement sa mission. L’Afcf que prĂ©side Aminetou Mint Moctar qui vient de recevoir le 14 juin dernier des mains de Hillary Clinton, le prix du dĂ©partement d’Etat pour les activistes des droits, se rĂ©vèle au grand jour, la seule qui lutte efficacement, malgrĂ© les embĂ»ches, pour assister et soutenir les filles en difficultĂ©s dans les mĂ©nages. Le travail est titanesque. Cette noble initiative mais risquĂ©e est la raison fondamentale qui a motivĂ© l’Afcf Ă  prendre son bâton de pèlerin pour aller Ă  la rescousse de ces filles domestiques qui ne seront pas les seules Ă  ĂŞtre assistĂ©es. Les femmes de mĂ©nages, victimes de rĂ©pudiation, de violences physiques par leurs maris, sont Ă©galement assistĂ©es par l’Afcf. 
L’Afcf avec ses points focaux, véritables relais dans toutes les mougataa travaille en étroite collaboration avec les commissariats de police, notamment celui des mineurs. L’Afcf s’est distinguée ces dernières années dans la lutte contre les discriminations et les violences faites aux femmes et contre les nouvelles formes d’exploitation et d’esclavage moderne. D’autres Ong comme SOS Esclaves de Boubacar Ould Messoud, ont déjà reçu un prix similaire pour s’être distinguée dans ce combat. La société civile mauritanienne fait des efforts dans ce sens pour endiguer ce phénomène d’un autre âge.
Cependant, le resultat ne peut être effectif que si les autorités compétentes collaborent de manière significative pour éradiquer ce phénomène. En tout cas, si les commissariats, notamment celui des mineurs collaborent, le casse-tête, selon les Ong militantes, se trouve au niveau du tribunal où des dossiers concernant les filles mineures ou des personnes victimes d’exploitation moderne sont en souffrance. A en croire les associations ou les Ong qui combattent ce fléau, «la justice ne collabore pas dans notre combat». Mieux, « les dossiers transmis à la justice sont égarés ou tout simplement, les contrevenants sont libérés aux dépens des victimes » déplorent les défenseurs des droits de l’homme.
Pourtant, le projet d’assistance, de protection et d’insertion des filles domestiques mineures relevant de l’Afcf, a assistĂ© en moins d’un an d’activitĂ©s, 900 filles domestiques âgĂ©es entre 6 et 18 ans. Parmi ces filles, 100 seraient  victimes de violence de maltraitance et d’exploitation de toutes les formes de traitements inhumains et dĂ©gradants. La rĂ©vĂ©lation est faite par la responsable du projet lors  d’un point de presse organisĂ© le 24 juin en milieu de journĂ©e au siège de l’Afcf. Le projet aurait permis Ă  des centaines de victimes de bĂ©nĂ©ficier de l’appui juridique, psychologique et de l’insertion Ă©conomique grâce aux activitĂ©s gĂ©nĂ©ratrices de revenus (AGR).
Cependant, la question serait de savoir Ă  quand l’implication vĂ©ritable des autoritĂ©s compĂ©tentes pour que les filles domestiques voient enfin le bout du tunnel. 
Ibou Badiane


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