Mais qu’est ce qui fait courir ces dames? C’est la question qu’on se pose devant la frénésie sportive qui s’est emparée de nos femmes. Le cliché de la femme Mauritanienne oisive et un brin paresseuse est en passe de sombrer dans les catalogues.
Elles marchent, courent, sautent et suent à grosses gouttes désormais. Phénomène de mode, souci esthétique ou simplement implacable réalisme, les résolutions sont divergentes mais, toutes ont pris leurs quartiers au Stade Olympique de Nouakchott. Cet après-midi de juillet, elles sont nombreuses les femmes sur l’aire sportive. La tenue est des plus hétéroclites. Quand certaines arborent l’équipement complet de la joggeuse parfaite avec maillot de corps, pantalon collant s’arrêtant aux mollets et baskets de règle, d’autres portent la tenue de ville ordinaire. Symbolique cette vielle dame en voile et chaussures de sport vissées aux chevilles. C’est Hawa qui va sur ses 22 berges qui nous éclaire la première sur ses rapports avec les sport : « Je pratique le sport sur recommandation de mon médecin. Chaque année, en cette période, j’avais une attaque d’angine, mon médecin m’a conseillé de faire du sport et je vous assure que depuis 2 ans que je le fais, je vais mieux, de plus, je perds du poids. Chaque après-midi, je cours, je fais de la marche et je finis par sauter sur cette corde que vous voyez.» Quelques mètres plus loin, Fatou, 16 ans : «Je profite des vacances pour venir changer d’air. En fait, j’accompagnais mon père et c’est ainsi que j’ai pris goût à ça. Mais, je sais qu’à la fin des vacances, il me sera difficile de le faire.» Pendant que Fatou s’exprime, Minetou, une respectable dame de 52 ans s’est arrêtée et confie : «Je viens ici chaque jour à 18 heures. Je fais plusieurs fois le tour du stade en marchant. Personne ne me l’a suggéré, je le fais pour me sentir bien, c’est tout.» Au fil des minutes, tout l’espace du stade se voit investir par un monde d’hommes et de femmes de tous les âges. Du mouvement, il y en a sur tous les fronts. Lalia, 25 ans, flanquée de sa sœur cadette s’arrête après une marche de plusieurs minutes, le souffle court : «Je fréquente ce stade pour trois raisons : combattre mon obésité, pour le bien être de ma santé et pour une raison esthétique même si cette dernière raison vient en dernier lieu. Je me sens mieux en faisant du sport et mon activité cardiaque est meilleure. On m’a longtemps conseillé de faire du sport pour perdre du poids. Ma petite sœur que voici risque l’obésité aussi. C’est pourquoi elle est là .» Sur ce, la jeune femme s’éloigne à grandes enjambées. A la sortie, c’est Mettou, 17 qui s’explique : «depuis deux ans, sur trois jours de la semaine, je viens ici. C’est parce que j’étouffe en ville ! Dès que j’arrive, je cours et c’est quand j’ai bien transpiré que je m’arrête et je me mets à marcher.» Il en est ainsi désormais au Stade Olympique de Nouakchott. Les temps ont bien changé et les habitudes suivent. Il devient évident que l’activité sportive s’est invitée chez les Nouakchottoises. Et cela est certainement parti pour durer.
Birri
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