Ont-ils flairĂ© avant tous le douillet avantage d’un microclimat du littoral ? Ou ce sont simplement des casse-cous qui ont voulu conjurer le sort ? Étonnant tout de mĂŞme de constater que la bande marĂ©cageuse sĂ©parant le centre ville de Nouakchott connaisse...
...depuis peu un boom immobilier. Les habitants de ce site longtemps craint à la suite des agressions sur le cordon dunaire protecteur de la ville sont ils plus menacés que les autres ? Pas si sûr.
Après avoir vu les terrains hostiles de Basra, Kouve, Cité Concorde pris d’assaut par des nouakchottois décidément bien boulimiques d’espace, c’est au tour de sa partie ouest située entre la plage des pêcheurs et le centre-ville d’être l’objet d’une irrésistible fièvre urbaine. Cette partie de la ville qui avait et qui a encore en certains endroits des marais salants voit des cités habitées sortir des marécages et des villas aux designs les plus futuristes pousser comme des champignons. Il est bien loin le temps où l’on considérait cet endroit sans valeur foncière certaine. En effet, il a été longtemps entretenu dans l’imaginaire populaire que les dunes protégeant le littoral ne garantissaient plus rien parce que surexploitées, sachant que Nouakchott est situé en dessous du niveau de la mer, c’était facile de faire perdurer l’idée d’un probable engloutissement de la ville par les eaux. Cette prophétie terrifiante a été exacerbée par le tsunami de décembre 2006 qui avait ravagé l’Indonésie. Le parallélisme est ainsi établi et naturellement, tout portait à croire que les édifices proches des côtes seront les premiers à être frappés. Seulement, cette vision empirique est battue en brèche par les scientifiques. De l’avis d’Issagha DIAGANA, Docteur en géographie, (Urbanisme et Aménagement), Professeur à l’Université de Nouakchott et Ancien Directeur de l’Urbanisme, «La plupart de ceux qui évoquent de menaces sur cette partie de la villes ne disposent pas de données techniques poussées et fiables. Il est vrai que nous vivons les effets du réchauffement climatique. Il est vrai que le tsunami de l’Asie est à méditer. Il est également vrai qu’en dehors de la zone du château d’eau du Ksar, la ville de Nouakchott est par endroit soit au niveau de la mer, soit en dessous. Si par malheur, il devait arriver une catastrophe, c’est tout Nouakchott qui devrait être concerné. » Pour le scientifique, c’est une aberration que de croire que le site côtier est plus vulnérable que les entres points de Nouakchott. : « Où a-t-on vu dans le monde des terrains jouxtant la côte abandonnés sous prétexte qu’étant dangereux ? Ce qu’il faut c’est concevoir des mesures de sauvegarde et la vulgarisation de ces mesures. A contrario, vivre ici présente plutôt des avantages certains. On est à trois minutes de l’Hôpital, le microclimat est avantageux, pendant qu’il fait 40 degré en ville, à partir de 14 heures, il s’adoucit. De plus, quoi qu’on dise, il faut admettre que c’est devenu une zone résidentielle. Tous les habitants disposent de véhicules. Si l’équipement n’est pas là , on va vers l’équipement. Il faut peser le pour et le contre et comprendre ceux qui se méfient de cet endroit.» Au moment où certains jettent leur dévolu sur les terres lointaines des côtes, il s’avère d’après le géographe que l’assurance tout risque n’est pas forcément là où on l’attend. En effet : « C’est le phénomène d’érosion du trait de côte consécutif à l’infrastructure portuaire (Port de l’Amitié) qui a amené à la construction d’épis qui, du reste, ne peuvent pas grand-chose contre l’usure des forces marines qui constitue une menace réelle pour la ville. Le problème est que le transit naturel du sable a été bloqué par la jetée. Il s’accumule à gauche et la mer se creuse à droite. A l’époque de l’érection du port, les français avaient notifié les risques à long terme pour la ville de Nouakchott mais les chinois avaient promis de bien pouvoir le faire mais le résultat est là . Le port de l’Amitié faisant face aux zones des quartiers PK 9 et PK 10. Du coup, ce quartier est plus menacé que la Cité plage, SOCOGIM plage, Cité BAMIS. Cité BCI et toutes les villas de l’ouest côtier de Nouakchott. » Au regard de cette présentation de la réalité géographique de la capitale mauritanienne, bien d’inquiétudes peuvent troubler le sommeil des âmes qui vivent dans cette ville côtière. Issagha DIAGANA reviendra pour affirmer : « Il faut trouver des solutions pour atténuer l’érosion côtière. Entre autre, le phénomène mécanique du bay-passing qui permet de réamorcer le transit du sable pour rétablir l’équilibre naturel. Il existe aussi la solution d’une muraille. Elle est très coûteuse mais faisable. » En attendant, il faut admettre que toute la ville de Nouakchott est une proie possible des eaux si un malheur arrivait à survenir. Les anciens marécages sont certes infestés de moustiques, lorsqu’il pleut, c’est boueux mais, il y fait moins chaud et pour beaucoup, c’est le principal. Biri N’Diaye
|