Les pieds dan l’eau, la bonne affaire   
03/07/2010

Ont-ils  flairĂ© avant tous le douillet avantage d’un microclimat du littoral ? Ou ce sont simplement des  casse-cous  qui ont voulu conjurer le sort ? Étonnant tout de mĂŞme de constater que la bande marĂ©cageuse sĂ©parant le centre ville de Nouakchott connaisse...



...depuis peu un boom immobilier. Les habitants de ce site longtemps craint à la suite des agressions sur le cordon dunaire protecteur de la ville sont ils plus menacés que les autres ? Pas si sûr.

Après avoir vu les terrains hostiles de Basra, Kouve, CitĂ© Concorde pris d’assaut par des nouakchottois dĂ©cidĂ©ment bien boulimiques d’espace, c’est au tour de sa partie ouest situĂ©e entre la plage des pĂŞcheurs et le centre-ville d’être l’objet d’une irrĂ©sistible fièvre urbaine. Cette partie de la ville qui avait et qui a encore en certains endroits des marais salants voit des citĂ©s habitĂ©es sortir des marĂ©cages et des villas aux designs les plus futuristes pousser comme des champignons. Il est bien loin le temps oĂą l’on considĂ©rait cet endroit sans valeur foncière certaine. En effet, il a Ă©tĂ© longtemps entretenu dans l’imaginaire populaire que les dunes  protĂ©geant le littoral ne garantissaient plus rien parce que surexploitĂ©es, sachant que Nouakchott est situĂ© en dessous du niveau de la mer, c’était facile de faire perdurer l’idĂ©e d’un probable engloutissement de la ville par les eaux. Cette prophĂ©tie terrifiante a Ă©tĂ© exacerbĂ©e par le tsunami de dĂ©cembre 2006 qui avait ravagĂ© l’IndonĂ©sie. Le parallĂ©lisme est ainsi Ă©tabli et naturellement, tout portait Ă  croire que les Ă©difices proches des cĂ´tes seront les premiers Ă  ĂŞtre frappĂ©s. Seulement, cette vision empirique est battue en brèche par les scientifiques. De l’avis d’Issagha DIAGANA, Docteur en gĂ©ographie, (Urbanisme et AmĂ©nagement), Professeur Ă  l’UniversitĂ© de Nouakchott et Ancien Directeur de l’Urbanisme, «La plupart de ceux qui Ă©voquent de menaces sur cette partie de la villes ne disposent pas de donnĂ©es techniques poussĂ©es et fiables. Il est vrai que nous vivons les effets du rĂ©chauffement climatique. Il est vrai que le tsunami de l’Asie est Ă  mĂ©diter. Il est Ă©galement vrai qu’en dehors de la zone du château d’eau du Ksar, la ville de Nouakchott est par endroit soit au niveau de la mer, soit en dessous.  Si par malheur, il devait arriver une catastrophe, c’est tout Nouakchott qui devrait ĂŞtre concernĂ©. » Pour le scientifique, c’est une aberration que de croire que le site cĂ´tier est plus vulnĂ©rable que les entres points de Nouakchott. : «  OĂą a-t-on vu dans le monde des terrains jouxtant la cĂ´te abandonnĂ©s sous prĂ©texte qu’étant dangereux ? Ce qu’il faut c’est concevoir des mesures de sauvegarde et la vulgarisation de ces mesures. A contrario, vivre ici prĂ©sente plutĂ´t des avantages certains. On est Ă  trois minutes de l’HĂ´pital, le microclimat est avantageux, pendant qu’il fait 40 degrĂ© en ville, Ă  partir de 14 heures, il s’adoucit. De plus, quoi qu’on dise, il faut admettre que c’est devenu une zone rĂ©sidentielle.  Tous les habitants disposent de vĂ©hicules. Si l’équipement n’est pas lĂ , on va vers l’équipement. Il faut peser le pour et le contre et comprendre ceux qui se mĂ©fient de cet endroit.» Au moment oĂą certains jettent leur dĂ©volu sur les terres lointaines des cĂ´tes, il s’avère d’après le gĂ©ographe que l’assurance tout risque n’est pas forcĂ©ment lĂ  oĂą on l’attend. En effet : « C’est le phĂ©nomène d’érosion du trait de cĂ´te consĂ©cutif Ă  l’infrastructure portuaire (Port de l’AmitiĂ©) qui a amenĂ© Ă  la construction d’épis qui, du reste, ne peuvent pas grand-chose contre l’usure des forces marines qui constitue une menace rĂ©elle pour la ville.  Le problème est que le transit naturel du sable a Ă©tĂ© bloquĂ© par la jetĂ©e. Il s’accumule Ă  gauche et la mer se creuse Ă  droite. A l’époque de l’érection du port, les français avaient notifiĂ© les risques Ă  long terme pour la ville de Nouakchott mais les chinois avaient promis de bien pouvoir le faire mais le rĂ©sultat est lĂ . Le port de l’AmitiĂ© faisant face aux zones des quartiers PK 9 et PK 10. Du coup, ce quartier est plus menacĂ© que la CitĂ© plage, SOCOGIM plage, CitĂ© BAMIS. CitĂ© BCI et toutes les villas de l’ouest cĂ´tier de Nouakchott. »  Au regard de cette prĂ©sentation de la rĂ©alitĂ© gĂ©ographique de la capitale mauritanienne, bien d’inquiĂ©tudes peuvent troubler le sommeil des  âmes qui vivent dans cette ville cĂ´tière. Issagha  DIAGANA reviendra pour affirmer : « Il faut trouver des solutions pour attĂ©nuer l’érosion cĂ´tière. Entre autre, le phĂ©nomène mĂ©canique du bay-passing qui permet de rĂ©amorcer le transit du sable pour rĂ©tablir l’équilibre naturel. Il existe aussi la solution d’une muraille. Elle est très coĂ»teuse mais faisable. » En attendant, il faut admettre que toute la ville de Nouakchott est une proie possible des eaux si un malheur arrivait Ă  survenir.  Les anciens marĂ©cages sont certes infestĂ©s de moustiques, lorsqu’il pleut, c’est boueux mais, il y fait moins chaud et pour beaucoup, c’est le principal.
Biri  N’Diaye


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