Les nouveaux galĂ©riens   
26/06/2010

Scène ubuesque que cette image offerte sur le bord de la route du Port de l’Amitié : des femmes se confondant avec le décors gris de l’asphalte disputent avec des chèvres des grains de blé qui s’échappent des camions. Il est vrai que tous les mauritaniens ne vivent...



...pas de bonne chére mais de là à vivre au gré du vent…

C’est un  matin comme tous les matins, et elles sont au rendez-vous. Du port de l’AmitiĂ© jusqu’aux entrepĂ´ts de SOMAGAZ, tout le long de cette zone industrielle, Oum Kelthoum, Aichetou et les autres sont installĂ©es au bord de la route du Port. Celle lĂ  mĂŞme que des camions  branlants empruntent toutes les heures. Les voitures, certaines chargĂ©es de grains de blĂ©, laissent tomber quelques cĂ©rĂ©ales que le vent charrie sur le bas-cĂ´tĂ©. Les femmes sont habillĂ©es pour la plupart de haillons, le visage masquĂ©. Elles disposent chacune d’un matĂ©riel rudimentaire fait d’un balai, un tamis, deux ou trois bassines, des emballages vides ainsi qu’un bidon d’eau. Elles s’activent Ă  assembler les grains mĂŞlĂ©s de sable. Des chèvres, par bandes entières lorgnent Ă©galement sur cette manne providentielle et esquivent de temps Ă  autres des projectiles venus de leurs concurrentes.
Très rĂ©ticente sur le sujet de leur activitĂ©, Oum Kelthoum consent Ă  donner quelques Ă©clairages sur ce tableau surrĂ©aliste : « Personnellement, je vis de cette activitĂ© depuis 5 ans. Nous habitons ces tentes que vous voyez lĂ -bas et nous venons tous les matins travailler ici jusqu’à 16 heures. L’activitĂ© consiste Ă  recueillir les grains qui tombent des camions, nous les tamisons pour avoir un mĂ©lange de grains et de sable. Nous les transportons Ă  la maison pour les laver et sĂ©parer les grains du sable. La dernière Ă©tape est la mise en sac.  Quotidiennement, nous arrivons Ă  remplir un sac de blĂ© par personne et par jour. »  Sur cette partie peu habitĂ©e de la ville de Nouakchott, le vent est toujours omniprĂ©sent. Les organismes livrĂ©s aux Ă©lĂ©ments portent des stigmates très Ă©vidents. C’est Ă  peine si on fait la diffĂ©rence entre les Ă©paves de toutes sortes et les silhouettes de ces galĂ©riens des temps modernes. Aichetou qui jusque lĂ  avait refusĂ© de communiquer d’ajouter : «  Ce travail ingrat, je n’ai aucune honte Ă  le faire. Je me nourris de ce don de Dieu, je gagne 3000 um sur un sac vendu. Ceci est mieux que de s’adonner Ă  l’illicite. J’aurai pu m’habiller, porter mon sac et aller courir les rues de Nouakchott, j’aurai eu beaucoup d’argent, j’aurai pu demander l’aumĂ´ne, j’aurai pu regarder avec envie ce que les autres ont et que j’ai pas. Mais tout ça, Dieu m’en a prĂ©servĂ©e et je l’en remercie. »   En fait, au-delĂ  de ces entretiens, c’est que malgrĂ© toute la fiertĂ© que peuvent afficher ces dames et toutes les explications fournies pour faire paraĂ®tre cette activitĂ© comme banale, on ne peut rester que pantois devant une telle dĂ©chĂ©ance. En effet, dĂ©pendre des secousses d’un camion et de rafales de vents pour rĂ©colter quelques grains de blĂ©s ici Ă  Nouakchott pour vivre est insupportable. La Mauritanie n’est certainement pas un pays d’abondance mais dĂ©couvrir que des concitoyens soient arrivĂ©s aux mĂŞmes chances de survie que des petits ruminants vous f… le blues.
Biri N’Diaye


 


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Commentaires
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2010-07-01 08:54:46

Il faut les autoriser donc à voler dans les magasin, ça coutera moins cher que de démolir une route et mettre en danger les automobilistes



2010-07-01 08:52:42

La route est en train d’être déchaussée et donc démolie pour quelques kg de blé. Et en plus elle devient dangereuse pour les petites voitures qui ne peuvent plus descendre sans se casser à cause de la difference de niveau. On doit réparer les abords de la route et arrêter ce phénomène qui coute cher pour cette infrastructure et chercher pour ces femmes un autre moyen de vivre.

A-

2010-06-27 06:57:02

Merci Tahalil pour cet article. Ould Abdel Aziz doit concentrer son attention sur la lutte contre la pauvreté. Ceci est de la pauvreté abjecte et nous devons tous faire quelque chose pour améliorer le quotidiens de ces pauvres sans faire du cadeau: créer de l’ emploi.

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