Avenue J.F Kennedy, les librairies et les vendeurs de journaux abondent dans 
cette artère principale de la ville. De l’autre côté de la ville, dans un des 
quartiers périphériques, à Basra, l’avenue est beaucoup plus déserte, et seules 
quelques boutiques commerçantes sont éparpillées dans cette longue avenue en 
face de la maison des jeunes. La culture y est absente, le fossé est abyssal, 
par rapport aux avenues du centre.  Ce schisme met mieux en avant les 
disparités de plus en plus nettes qui apparaissent aux abords de la capitale. On 
a vu la pénurie de l’eau les toucher il y a à peine un mois, ce qui avait alors 
amené les livreurs d’eau à monter le prix du baril de 200 litres, à 600 ouguiyas 
! La hausse des prix des matières de première nécessité met en péril l’équilibre 
déjà fragile des portefeuilles de beaucoup des foyers qui y vivent. " La 
seule fenêtre d’information et de culture que nous pouvons offrir à nos enfants 
réside dans la télévision " déplore Boubacar, professeur dans un collège de 
Nouakchott, résidant à Basra. " Malheureusement, le potentiel faible de 
consommation de produits de seconde nécessité (culture et loisirs) des couches 
sociales qui habitent ces quartiers, fait qu’ils ne sont pas ciblés par les 
journaux et libraires " rajoute-t-il. En fait, au-delĂ  de la culture, on 
assiste à un phénomène de ghettoïsation qui touche les zones sub-urbaines de 
Nouakchott, dans le processus constant d’agrandissement de la ville. La 
corrélation d’une telle densification de la population, est la paupérisation 
accrue d’une grande partie de celle-ci, qui est naturellement isolée par le 
mécanisme simple et universel de l’exode rural qui se parque aux abords des 
villes. Ainsi, le centre continue une évolution, marquée par la diversité de sa 
population (étrangers, noirs, riches, couches moyennes, maures, occidentaux), 
alors que stagnent les zones périphériques à la structure sociale mono ethnique 
dans une grande partie (noire Ă  85% Ă  Basra, ou maure Ă  65% Ă  El Mina) et 
relativement pauvre.  
Entre les rappeurs et les islamistes : Redonner une âme culturelle  La 
ghettoïsation culturelle que l’on constate, est donc principalement due à la 
pauvreté des foyers, qui pensent naturellement en premier lieu à remplir la 
douzaine d’estomacs qui vivent sous chaque toit en moyenne. Mais beaucoup des 
jeunes qui y vivent sont relativement conscients de ces entraves posées à leurs 
esprits. " Nous ne pouvons nous contenter de manger, travailler et bĂŞler comme 
des chèvres pour un rien.  On veut être intégré à la vision de notre avenir, 
par les politiques, les milieux d’affaires, et comment y parvenir si on n’est 
même pas au courant de ce qui se passe chez nous ou ailleurs ? " clame énervé 
"Blast", jeune rappeur de 20 ans, d’El Mina. Son cri sonne comme une 
mobilisation contre une ghettoïsation de plus en plus marquée de leurs 
conditions, sociale et culturelle. Dans ce cadre, le rap entre autres, apparaît 
comme un palliatif (moindre, mais c’est déjà ça ndlr) au manque d’ouverture sur 
la culture en général et l’information en particulier. Un autre moyen de lire le 
monde, de le dénoncer ou de l’approuver trouve un écho chez les islamistes de 
plus en plus présents dans ces quartiers. Ils sont à mille lieues des rappeurs 
de ces zones, mais tous ont en commun de vouloir se libérer des chaînes 
mécaniques des ghettos. Par Mamoudou Lamine 
Kane mamoudoukane@hotmail.com 
                    
                    
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