Une étude réalisée par l’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH) a montré que les femmes sont inexistantes dans le secteur judiciaire. La révélation a été faite au cours d’un atelier débat organisé le 14 juin 2019 à Nouakchott et faisant suite ...    
					                       
                                             ... à la restitution de cette dite étude.       La  Mauritanie doit encore fournir des efforts dans la formation et l’implication  des femmes dans le secteur de la justice, c’est l’avis d’un expert. En tout  cas, l’étude réalisée par Me El Ide Mbareck pour le compte de l’AMDH, montre  que «Parmi les 309 magistrats de l’ordre judiciaire en exercice durant l’année  judiciaire 2018-2019, elles ne sont que trois (03) femmes, soit un pourcentage  de 0,1 %. Â» Et l’étude de confirmer que « Les femmes ne se situent  pas à tous les niveaux de juridiction et représentent près de 0,001 % des  postes de hautes responsabilités en 2019».       Au niveau de  la constitution, le constat est encore amer concernant la représentation des  femmes. Me El Ide révèle dans son étude que «parmi les 7 membres du Conseil  constitutionnel y compris le Président, il n’y a que deux (02) femmes membres Â»  soulignant que dans les autres fonctions judiciaires seule « une femme occupe  un emploi fonctionnel comme conseillère à la chambre administrative de la cour  suprême Â».  Et que parmi les 21  magistrats exerçant à la cour des comptes durant l’année judiciaire 2018-2019, «02  sont des magistrates dont une seule occupe le poste de conseillère Â».  C’est dire que la présence des femmes dans le  secteur de la justice est en deçà eu égard à la population des femmes que  compte la Mauritanie.        Au niveau de  la profession d’avocat, sur les 306 exerçant durant l’année judiciaire  2018-2019, 5 femmes sont enregistrées dont 2 seulement exercent officiellement.  Le constat est quasi général dans les autres fonctions judiciaires.       Où sont donc  passées les femmes ? Quelles peuvent être les raisons fondamentales de l’absence  des femmes dans le secteur de la justice en Mauritanie ? Autant de  questions qui ont suscité le débat à l’occasion de cet atelier.        Certains intervenants ont souligné les  pesanteurs sociales comme le sociologue, le Pr Abdoulaye Sow qui a soutenu que  certes la loi est un changement de mentalité mais la culture s’oppose à la  pratique de la femme au niveau judiciaire. Car, selon les cultures africaines  notamment, « la femme ne doit pas s’exposer en public Â».       Quant à l’imam  Cheikh, sa position est on ne peut plus claire. L’Islam n’est pas certes contre  mais lui, déconseille aux femmes  de  devenir juges.       Les femmes  dont une parlementaire l’honorable député Sadani Mint Khaitour ont déploré  cette situation. Cette dernière a avancé des arguments plausibles pertinents,  se référant parfois à l’islam pour dénoncer certaines positions excluant les  femmes dans l’exercice des fonctions judiciaires.       Pourtant, l’Islam  encore moins les lois n’interdisent pas à la femme d’être praticienne au niveau  de la justice, note Mme Aichétou Mint Ahmed de l’Association des femmes  juristes. « Il s’agit d’un manque de volonté et de confiance Â»  soutient-elle.       Autre  argument avancé par les intervenants, c’est la formation judiciaire. Au  niveau universitaire, peu ou presque pas de femmes qui poursuivent leurs études  en droit alors que pour l’accès à la fonction d’avocat, il faut une maîtrise en  droit, selon Me El Ide Mbareck. Me Fatimata Mbaye d’évoquer son exemple.  Sa génération et sa promotion n’ayant produit  que 10 femmes sur 150 ont poursuivi les études en droits, et qu’elle seule avait  décidé d’intégrer le secteur de la justice en dépit des appels du pied de sa famille  pour la dissuader. C’est dire que les pesanteurs socio-culturelles ont beaucoup  impacté sur la participation de la femme dans l’organisation de la justice.       Revenant à  la charge, l’honorable député soutient que c’est l’exploitation des hommes sur  les femmes qui en dit long sur le système de domination des hommes. Car, l’on  ne peut pas comprendre que la Constitution donne tous les droits à la femme d’accéder  à la justice et que certains hommes continuent à sous-estimer leur apport.              Les remèdes ?      Pour le Pr  Sow Abdoulaye, il faut introduire les notions d’égalité et de justice dès l’école  et à l’université. Car, dit-il, « nous sommes à l’ère de la démocratie, c’est  la concurrence, la confrontation et la compétence qui comptent Â».  Pour Me Mbaye, il faut déconstruire les  mentalités, mais aussi il faut que les familles acceptent d’accompagner leurs  filles dans leurs ambitions professionnelles.       Tous  reconnaissent les tares de la société mauritanienne à ce niveau et prônent une  réflexion beaucoup plus approfondie pour exhorter les femmes à participer et à s’impliquer  davantage dans l’organisation de la justice en Mauritanie. 
 A rappeler que depuis avril 2019, et avec l’appui des  missions de coopération française et espagnol et sous la direction de CARITAS  Mauritanie, l’AMDH réalise une étude sur la participation de la femme dans  l’organisation de la Justice en vue d’apporter une réponse intégrée aux  facteurs juridiques, sociaux et culturels.     I.Badiane                          
                    
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