A l’occasion de la célébration du 47eme anniversaire de l’indépendance nationale, le Président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi a accordé l’interview suivante aux journaux «Chaab» et «Horizons».Nous publions cette interview dans son intégralité.
Quelle portée revêt la commémoration, cette année, du 47ème anniversaire de l’indépendance placée sous le signe de l’unité nationale ? Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi : Quand j’avais décidé de me présenter à l’élection présidentielle, j’avais placé la consolidation de l’unité nationale et le renforcement de la cohésion sociale de notre pays en tête des priorités du programme électoral que j’avais présenté au Peuple mauritanien. Je m’étais engagé, à l’époque, à clôturer tous les dossiers relatifs à ces questions, d’une manière consensuelle et pouvant garantir les intérêts suprêmes de la Nation. C’est donc un agréable hasard que le 47ème anniversaire de l’indépendance soit commémoré au lendemain des journées de concertation sur le retour des réfugiés et le règlement du passif humanitaire. Je saisis cette occasion pour saluer l’esprit de fraternité et de tolérance qui ont marqué les journées de concertation et je félicite l’ensemble des Mauritaniens pour le succès éclatant de ces journées. Je renouvelle également ma détermination à poursuivre l’action visant à parachever le processus de retour au pays, de nos frères réfugiés et à régler le dossier du passif humanitaire conformément aux préceptes de notre sainte religion qui appellent au pardon et à la tolérance. La commémoration de l’indépendance intervient dans un contexte dominé par la mondialisation. Comment concilier entre les attributs de l’indépendance et les contraintes de la globalisation ? Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi : La mondialisation constitue à la fois une opportunité et un défi, notamment, sur le plan culturel. La révolution dans les moyens de communication permet d’échanger les informations en un temps record. Ce qui contribue à diffuser le savoir et la culture. Mais ceci pose en même temps, l’impératif de préserver les spécificités civilisationnelles et culturelles. Et ici, j’en appelle à nos structures éducatives officielles, à nos Mahadras, à nos médias pour fournir autant d’efforts pour l’enracinement dans nos nouvelles générations de notre culture et de nos valeurs puisées des enseignements de notre Sainte Religion musulmane afin qu’elles ne soient pas emportées par les torrents culturels de la mondialisation. Sur le plan économique la mondialisation facilite les échanges commerciaux, le mouvement sans limite des capitaux, ce qui nous impose en tant qu’Etat et individus, de prendre les dispositions nécessaires pour rendre notre économie compétitive capable d’attirer les investissements extérieurs, lesquels, n’ont plus de nationalité et se déplacent d’un marché à l’autre suivant des critères objectifs qui déterminent leur attraction vers un pays. A cet effet, il a été créé une délégation générale chargée de la promotion de l’investissement privé qui constitue une source principale de la croissance économique. Cela exige également d’œuvrer à l’intégration régionale. Ce à quoi nous visons dans le cadre de l’Union du Maghreb Arabe et les autres regroupements régionaux auxquels nous appartenons. M. le Président, quelles sont globalement les réalisations accomplies par notre pays en un demi-siècle d’indépendance? Et quels sont les défis qui restent à relever aujourd’hui ? Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi : Le plus grand acquis réalisé par notre pays, c’est sans doute la préservation de son entité, de l’unité de son peuple et l’attachement de ses composantes à la coexistence malgré les multiples secousses qui ont visé notre unité nationale aux cours des deux dernières décennies. S’agissant des défis, ils sont nombreux. En tête de ces défis, le traitement des séquelles des atteintes à l’unité nationale d’une manière qui la consolide et qui permette à notre peuple de dépasser le passé. Il y aussi un grand défi relatif au développement économique et social dans un monde ouvert et un manque de ressources que nous espérons mobiliser le plus tôt possible. Cela ne pourra se faire tant que certains citoyens restent attachés à des mentalités et des pratiques antinomiques avec le développement comme le refus de sanctionner les fautifs à l’endroit de l’Etat et le comportement inopportun de certains vis-à -vis des investisseurs étrangers. Le monde dans lequel nous vivons nous impose de réviser notre vision sur plusieurs aspects afin que nous puissions être compétitifs dans le monde de la productivité, de la compétence et de l’engagement au travail. Votre programme électoral aux dernières élections présidentielles a obtenu le soutien de la majorité des électeurs. Qu’est-ce qui a été prévu pour garantir la mise en œuvre d’un tel programme ? Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi : Comme vous le savez, après l’investiture nous avons formé un gouvernement auquel nous avons confié la mission d’exécuter notre programme à travers une lettre de mission. Nous œuvrons à réaliser des réformes profondes, dont certaines relatives au rendement de l’administration et à la bonne gestion tandis que d’autres sont relatives à l’enracinement d’une culture démocratique moderne ainsi que la nécessité d’un changement de mentalités pour accompagner l’époque et relever les défis de la mondialisation. Il s’agit de réformes d’envergure qui font face à des obstacles, mais nous sommes déterminés à les mener avec l’aide d’Allah. Nous poursuivrons avec l’aide d’Allah, nos efforts pour réaliser nos objectifs.
Dans votre allocution à l’occasion de l’ouverture des journées nationales de concertation sur les réfugiés, vous aviez déclaré que vous ne voulez ni remuer le couteau dans la plaie ni favoriser les règlements de comptes mais réparer les injustices. Pensez-vous que ces concertations et les préparatifs qui les ont précédés, ont réellement jeté les bases d’une véritable cohésion nationale ? Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi : Ces journées ont prouvé que les Mauritaniens sont capables d’étudier leurs problèmes en toute responsabilité et en toute ouverture. Elles ont prouvé qu’ils sont capables de transcender leurs différends et de privilégier l’intérêt supérieur de leur pays. Ces journées ont marqué un jalon important sur la voie de la restauration de la confiance entre les Mauritaniens. Je suis certain que le consensus qui a marqué les journées de concertation et de sensibilisation sera une base solide qui permettra de dépasser tous les obstacles pouvant compromettre la solution à ce problème qui a pesé sur l’unité nationale et a longtemps préoccupé notre peuple, l’empêchant de consacrer ses efforts à l’œuvre de construction du pays et à son développement. Je n’ai aucun doute que le peuple mauritanien puisera dans notre histoire commune, dans nos valeurs islamiques ainsi que dans les multiples liens qui l’unissent, la force et le courage qui lui permettront de tourner cette page du passé et de bâtir un avenir où prédominent l’unité, la solidarité et la fraternité.
A l’instar des autres pays, la Mauritanie a été rudement affectée par les caprices de l’économie mondiale, ce qui a eu des répercussions négatives sur le niveau des populations (hausse des prix non accompagnée d’une non accompagnée d’une hausse des revenus. En dehors du Plan d’urgence, quelles sont les mesures que vous trouvez nécessaires pour affronter cette situation aux moyen et long termes ? Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi : Nous avons pris en charge les affaires publiques à un moment où les prix du pétrole et des céréales ont connu une hausse fulgurante au niveau planétaire qui s’est durement répercutée sur les coûts de produits alimentaires comme le blé et ses dérivés. Afin de soutenir le pouvoir d’achat des citoyens, en particulier ceux qui sont les plus démunis, l’Etat a mobilisé une enveloppe de d’environ 10 milliards d’ouguiyas, y compris un montant de 500 millions destiné à maintenir le prix du pain à son niveau actuel. De même, la distribution gratuite de produits alimentaires au profit des milieux défavorisés a aussitôt commencé. Egalement, des quantités suivantes de produits alimentaires ont été acheminées à l’intérieur du pays pour constituer des stocks villageois de sécurité dont la mise en place est assurée par le Commissariat chargé de la protection sociale et de la sécurité alimentaire et la SONIMEX. Notre objectif réel demeure la réalisation d’un taux de croissance élevé qui permette de nouveaux revenus pouvant se répercuter positivement sur le pouvoir d’achat du citoyen et, partant, contribuer à une lutte efficace contre la pauvreté.
Le Club de Paris examinera dans quelques jours un programme de financement spécifique à notre pays. Quels espoirs placez-vous dans cette réunion ? Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi : Notre pays organise, du 4 au 6 décembre prochain à Paris, en collaboration avec la Banque mondiale, la Communauté Européenne et les Nations unies, une réunion des bailleurs de fonds à laquelle seront présentées nos politiques de développement et le programme d’investissement public pour la période 2008-2010. Outre qu’elle permettra de faire connaître ce qu’est la nouvelle Mauritanie et les perspectives d’investissement qu’elle recèle, cette réunion vise à mobiliser 1,4 milliards de dollars pour les investissements nécessaires pour l’amélioration des conditions de vie des populations et pour favoriser la croissance économique. Les projets présentés concerneront les secteurs de l’éducation, de la santé, de l’hydraulique, des routes et de l’énergie. Pour garantir la réussite de cette réunion, nous avons mobilisé l’ensemble des frères et amis pour qu’ils participent aux travaux du Groupe consultatif dont nous espérons aussi bien la mobilisation des financements requis qu’un attrait des investisseurs privés. La récente tenue du Conseil des ministres à Nouadhibou a été largement appréciée par le public comme l’ont été les décisions qui y ont prises notamment en ce qui concerne la transformation de la capitale économique en pôle d’excellence.
Quels sont les objectifs visés à travers cette forme de décentralisation, est-ce que vous avez l’intention de la généraliser et si oui, sur quelle base allez-vous le faire ? Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi : La tenue, pour la première fois dans l’histoire du pays, du Conseil des ministres à Nouadhibou est un évènement qui a une signification particulière en ce sens que cela symbolise le renforcement de la tendance à la décentralisation et le rapprochement de l’administration des administrés, conformément au programme électoral que j’ai soumis au peuple mauritanien lors de l’élection présidentielle passée. Nous voulons que l’administration soit un outil efficace servant à résoudre les problèmes posés aux citoyens et à réaliser leurs aspirations au progrès et à la prospérité. C’est pourquoi la tenue de ce genre de réunions du gouvernement pour permettre d’étudier les questions spécifiques à chaque wilaya, dans le cadre d’une action gouvernementale centrée la réalisation d’un développement en harmonie avec les réalités régionales et les préoccupations des habitants du terroir. C’est sur cette base que seront présentés, très prochainement au parlement, deux projets de lois dont l’un est relatif à l’aménagement du territoire et l’autre aux collectivités locales. Et aussitôt après l’adoption de ces textes, un processus sur une base participative sera engagé autour d’un plan directeur d’aménagement du territoire en plus de plans nationaux sur les infrastructures et les services. Le Conseil des ministres, qui s’est tenu à Nouadhibou, a approuvé un programme de développement intégré de la Baie du Repos en tant que phase pilote qui sera par la suite généralisée à plusieurs autres régions du pays.
Nouakchott mériterait, selon une certaine opinion, un intérêt spécifique qui en ferait, un demi siècle après sa naissance, une capitale digne de ce statut. Il y a déjà eu l’annonce de grands projets modernes au plan de l’urbanisation du centre ville mais qui n’ont pas encore vu le jour. Quel avenir attend cette grande métropole ? Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi : Notre politique de développement urbain de la vile de Nouakchott vise la réalisation de trois objectifs fondamentaux à savoir l’éradication des quartiers bâtis sur la base d’une occupation illégale du domaine public, la réorganisation du centre-ville et la mise en œuvre d’une stratégie qui favorise la promotion de l’habitat social et des services de base. Dans ce cadre, les efforts ont été centrés, les six derniers mois, sur la restructuration des quartiers précaires de Arafat, d’une part et sur l’amélioration du plan directeur de la ville de Nouakchott, d’autre part. Je rappelle qu’il y a un comité ministériel qui travaille à transformer la ville de Nouakchott en une capitale moderne et il y a l’un de mes conseillers principaux qui suit les travaux. En ce qui concerne l’accès des habitants aux services essentiels, le gouvernement est entrain d’élaborer une stratégie en ce sens. Et une enveloppe d’un milliard d’Ouguiyas a été mobilisée sur le budget 2008 pour financer le logement sans compter l’encouragement des entreprises de construction et la dynamisation des opérateurs publics comme la SOCOGIM. En tout cas, il reste que la mobilisation d’un habitat décent et la garantie de services de base au profit de tous demeurent une préoccupation essentielle sur laquelle tous nos efforts seront centrés
Il y a une problématique concernant, d’une part, les devoirs de l’Etat (pris pour «vache à lait ») vis-à -vis du citoyen et, d’autre part, ceux du citoyen vis-à -vis de la collectivité nationale. Quelle approche vous semble être la bonne pour trouver l’équilibre nécessaire entre les deux ? Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi : Il est établi que la plus grande part de responsabilité dans l’édification des Etats incombent aux citoyens, en ce sens qu’ils ont la charge du travail productif et de l’acquittement de leurs impôts et taxes, offrant ainsi à l’Etat les moyens de garantir les prestations publiques qui lui sont dévolues, d’assurer la sécurité et la quiétude préalables essentiels à toute œuvre de construction et de développement. De même, les citoyens ont la responsabilité de création, d’innovation ainsi que celle de l’éducation des générations montantes et de la préservation et de la valorisation du patrimoine civilisationnel. Mais nos compatriotes ont hérité de la période coloniale une autre vision de l’Etat. Celle justement que vous venez d’évoquer et qui consiste à considérer l’Etat comme une vache laitière qui génère du lait à chaque fois que de besoin entraînant ainsi une mentalité d’assistance chez de nombreux compatriotes qui attendent tout de l’Etat et qui refusent d’accomplir le moindre de leurs obligations à son endroit. En raison de cette mentalité qui prévaut largement dans les rangs de nos concitoyens, de nombreux compatriotes dédaignent le travail productif, préférant s’appuyer sur autrui. Vous conviendrez sans doute avec moi qu’une telle mentalité n’est pas compatible avec les impératifs de notre temps et qu’elle constitue plutôt un obstacle au développement de notre pays. Il importe de se départir de tels comportements et d’apporter les correctifs pour redresser les déséquilibres consécutifs à ces pratiques qui entravent notre dynamique de développement. C’est justement pourquoi, nous avons, dès notre prise en charge des affaires publiques, œuvré à restaurer le concept d’un Etat moderne qui renoue avec ses missions réelles dans une société authentique ; missions qui portent sur la garantie de la sécurité, de la stabilité, de la défense de l’intégrité territoriale de l’égalité des chances entre toutes les composantes du peuple et de justice, en plus des autres questions de souveraineté telles que la politique monétaire et les relations extérieures. Il convient que chaque citoyen quelle que soit sa situation, sa fonction et son appartenance politique, saisisse qu’il a des devoirs et des obligations envers l’Etat, lui interdisant tout acte et tout agissement nuisible à son pays. Tous doivent être convaincus que la richesse du pays provient de l’effort de l’ensemble des citoyens. Les chantiers que nous avons ouverts jusqu’ici qu’il s’agisse de l’enracinement de la démocratie, du renforcement des libertés ou de la réforme de l’administration et de l’éducation, participent tous, de la même dynamique visant à créer les conditions favorables à la réhabilitation de l’Etat dans l’esprit des citoyens.
Il a été créé un mécanisme de concertation avec l’opposition. Comment l’évaluez-vous et que pensez-vous de ces voix qui, au niveau de l’opposition continuent à semer le doute sur la crédibilité et l’honnêteté des dernières élections ? Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi : Il existe un dispositif constitutionnel pour la concertation avec l’opposition dont la périodicité a été respectée et menée parfois au-delà à la demande de l’opposition ou à ma propre initiative. Je ne me souviens d’aucun problème à ce sujet, la concertation se poursuit et aboutit aux attentes en rapport avec nos échanges sur les grandes questions dans ce qui peut renforcer le dialogue démocratique et enraciner une culture politique moderne. Le rôle de l’opposition dans un système démocratique c’est d’être vigilante par rapport à l’intérêt général et d’exposer son point de vue sur ce qu’elle estime conforme à son programme. C’est également d’attirer l’attention sur les dysfonctionnements et les lacunes. Je ne vois ni l’opportunité, ni l’intérêt pour le pays de fabriquer des crises et de soulever des facteurs de tension politique. Je ne vois pas non plus ce qui peut justifier de s’attaquer à l’un des plus grands acquis du Peuple mauritanien, à savoir, la transparence et l’honnêteté du processus électoral qui a conféré au pays respect et considération auprès des Nations en plus des perspectives d’une vaste coopération qu’il a ouvert devant nous. Porter préjudice à cet immense acquis, constitue une action inadmissible et ne relève point de la pratique saine de la politique.
L’édification du Maghreb arabe butte sur de multiples embûches dont l’absence d’une vraie dynamique ainsi que les effets de la crise du Sahara Occidental. Quels sont les meilleurs moyens pour impulser l’édification de cet ensemble ? Et quelles sont les voies appropriées pour la solution de la question du Sahara qui constitue le principal obstacle à l’édification du Maghreb ? Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi : La République Islamique de Mauritanie reste attachée à l’Union du Maghreb Arabe en tant que choix stratégique et qu’aspiration légitime des peuples qu’unissent la religion, la langue, la géographie, l’histoire et la communauté d’intérêts. Pour toutes ces considérations, nous n’épargnerons aucun effort pour réaliser les nobles objectifs qui constituent les fondements et la raison d’être de l’Union du Maghreb Arabe. Nous estimons que l’intensification de la concertation politique et la dynamisation des institutions de l’Union ainsi que le recentrage sur les axes de convergence entre les Etats membres sont de nature à impulser l’action de l’UMA et à nous rapprocher davantage de l’objectif d’union et d’intégration auquel nous aspirons. Au sujet de la question du Sahara, la position de notre pays est claire et constante, s’inscrivant dans les fondements de notre politique extérieure. C’est celle de la neutralité qui se base sur le soutien des efforts de l’organisation Nations Unies et de son Secrétaire Général en vue d’un règlement définitif qui rencontre l’adhésion de toutes les parties concernées et garantit la sécurité et la stabilité dans la région. Nous œuvrons, d’autre part, à mettre à contribution les relations fraternelles que nous avons avec toutes les parties de ce conflit, afin de rapprocher leurs positions pour parvenir à une solution qui rencontre leur satisfaction.
Quelles sont les nouvelles orientations de la politique étrangère du pays aux plans arabe, africain et international et vis-à -vis des voisins immédiats ? Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi : Les fondements de notre politique étrangère sont très clairs et très logiques. Ils puisent leurs racines dans notre attachement aux principes de fraternité et de bon voisinage, de coopération mutuelle et de l’action soutenue pour l’avènement de la paix au lieu de la guerre, l’instauration du dialogue en lieu de la confrontation et la préférence de la modération à la place de la violence et de l’extrémisme. Nous sommes également attachés aux valeurs et aux objectifs de l’Organisation des nations unies en tant qu’unique cadre multipartite au service de l’humanité toute entière. Nous accordons un intérêt particulier à nos dimensions islamique, arabe et africaine en plus de notre aspiration légitime à jouer le rôle que nous confère notre place historique et géographique dans le dialogue euro-méditerranéen. Au sujet de la question palestinienne, je vous réaffirme que la République Islamique de Mauritanie reste attachée, avec force, à la première des questions arabes, celle de la Palestine. Elle n’épargnera aucun effort en vue de permettre au Peuple palestinien frère de recouvrer son droit légitime à l’édification de son Etat indépendant avec pour capitale Al Qods Echerif. C’est pourquoi nous avons dépêché notre ministre des Affaires Etrangères pour participer au sommet d’Annapolis. Pour ce qui est de l’Irak, nous soutenons le Peuple irakien frère dans l’épreuve qu’il traverse et rejetons toute action de nature à attenter à l’unité de ce pays frère et à son intégrité territoriale. Concernant la région du Darfour au Soudan, notre pays réitère son engagement en faveur de l’intégrité territoriale du Soudan et espère que toutes les parties en conflit intègrent le processus de paix et que prévalent rapidement la concorde et la cohésion entre tous les fils du Peuple soudanais frère.
On parle depuis un certain d’un retour probable de la Mauritanie à la CEDEAO. Qu’en est-il réellement ? Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi : Comme vous le savez, le renforcement des relations de notre pays avec cette communauté figure parmi les axes majeurs de mon programme électoral. Dans ce cadre, j’ai rencontré au mois d’août dernier le président de la Communauté, Docteur Mohamed ibn Chambas qui a signé avec notre ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération, un communiqué conjoint dans lequel notre pays et la Communauté ont réitéré leur détermination à développer leurs relations économiques et commerciales et à coordonner ensemble dans la perspective des négociations préparant les accords de partenariat économique entre l’Union Européenne et les pays de l’Afrique de l’Ouest. Nous étudions les meilleurs moyens pour renforcer les échanges commerciaux et culturels avec cette Communauté.
Excellence, Monsieur le Président, quels propos voulez-vous adresser au peuple à l’occasion de cet anniversaire de l’indépendance ? Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi : J’adresse tout d’abord mes félicitations à l’ensemble de nos citoyens ainsi que mes vœux de bonheur et de santé. Je les engage tous à saisir le caractère décisif de l’étape que traverse notre pays et l’impérieuse nécessité de la consolidation de notre cohésion nationale afin de surmonter les obstacles et les séquelles du passé pour concrétiser notre aspiration au progrès et à la prospérité.
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