Le boycott des élections par l’opposition (Papier d’Angle)   
08/10/2013

Depuis le lancement du processus démocratique en 1991 l’opposition mauritanienne (presque la même que présentement)  a jusqu’en 2001 boycotté  des élections,  sans que cela ne signe sa mort politique ou ne  l’empêche de rebondir à la faveur des évolutions du contexte. Elle a également  participé à plusieurs élections, avant de revenir en 2013...



...à l’arme du boycott,  non suivie cette fois,  par quatre partis de ses anciens et membres actuels.

Voici un bref rappel des boycotts décidés par l’opposition depuis 1992.
1992
Sortie de la  présidentielle de  janvier 1992 marquée par une fraude massive orchestrée par le Comité militaire de salut national (CMSN) soutenu  par les notabilités tribales et les cadres de l’administration,   l’opposition mauritanienne regroupée au sein de l’Union des Forces démocratiques (UFD /en )  a boycotté les législatives et sénatoriales de  Mars-Avril 1992.
A l’époque,  l’UFD/en comprenait -entre autres-  les composantes politiques qui donneront naissance à l’UDP en 1993,  à l’AC en 1995 devenue APP en 2003  , à l’UFP en 1998, au RFD en 2001 et à Tawassoul en 2007.
1994
Principal cadre de l’opposition aux militaires, avant et après la dissolution du CMSN le 18 avril 1992, l’UFD/en  boycotte des municipales de 1994 qui ont vu  la montée des tribus sous le label «indépendant», une marque    que l’on retrouvera plus tard, ainsi que  par les putschs municipaux à Boghé et Tidjikja notamment.
1997
L’opposition se réorganise au sein du Front des Partis d’opposition (FPO) et  boycotte la présidentielle de novembre.
1999
Le FPO boycotte les municipales du  13 janvier 1999 marquées par un taux de participation jugé «ridicule».

C’est à partir de 2000 que les partis d’opposition ont commencé à envisager la  participation aux élections en raison des  améliorations apportées au code électoral (nouvelle carte d’identité, proportionnelle, financement des partis, accès aux medias publics).
Les élections-double d’octobre 2001 ont, à cet effet,  constitué  un tournant par une  transparence unanimement reconnue ayant permis  à des partis d’opposition de réaliser de grandes percées dans les villes.

Après la tentative de putsch déjouée en juin 2003, l’opposition participe à la présidentielle controversée du 7 novembre 2003 au cours de laquelle Mohamed Khouna Ould Haidalla, principal challenger soutenu par les islamistes et l’UFP, a été incarcéré le jour du scrutin sous le  prétexte amusant d’un papier volant dénommé "GRAB" et d’un petit pot de peinture qui suffisaient, semble t-il à déstabiliser le régime de l’époque.
Avec  le coup d’Etat du Comite Militaire pour la Justice et Démocratie (CMJD) qui a déposé le président Ould  Taya en août 2005 les militaires clament leur neutralité bien que poussés  à s’impliquer par des «indépendants»  (en grande partie symboles des anciens régimes)   afin, disaient-ils,  de  sauver le pays de la Coalition des Forces du Changement Démocratique (CFCD)  qu’ils présentaient comme «une opposition irresponsable, prônant le chaos».

 Les militaires  organisent des élections-double en novembre-décembre 2006 et  les «indépendants-dépendants»  disait l’ex-president Ely Ould Mohamed Vall, dominent les conseils municipaux et obtiennent une majorité au parlement.

Puis c’est la présidentielle de mars 2007 avec  la participation de l’opposition  et l’implication raisonnable  des militaires en faveur du candidat Sidi Ould Cheikh Abdellahi élu après un second tour serré. 
Il sera déposé un peu plus d’une année plus tard par un coup d’Etat militaire présenté comme « une rectification de dangereuses dérives ».

Et  la cinquième présidentielle fut organisée en juillet 2009 après un accord signé en juin, avec les deux pôles de l’opposition à Dakar.
Le Général Mohamed Ould Abdel Aziz meneur du putsch se présente et   est élu président de la République avec plus de 52 % des suffrages, face aux  candidats de l’opposition.
Les résultats sont contestés par les opposants,  puis reconnus par ceux-ci,  sans retour d’ascenseur.
Les deux pôles de l’opposition se regroupent au sein de la Coordination de l’Opposition démocratique (COD) (une nouvelle CFCD)  et reprennent à partir de 2010 les dénonciations,  les marches et sits-in parfois durement réprimés. 
Deux partis (APP et El Wiam) quittent la COD qui en regroupait 13, dialoguent avec le pouvoir et signent en octobre 2011 un accord politique (amendement constitutionnels, nomadisme politique,  proportionnelle, accès aux medias publics et reformes multi-dimensionnelles ).  
Mais  l’un des partis signataires de l’accord, l’APP lance une initiave demandant un gouvernement de large consensus. Une idée rejetée par le président Aziz et acceptée par la COD qui finalement évolue  le 30 septembre 2013  vers un  «dialogue  au rabais»,  dit le doyen Mohamed Fall Oumeire sur son blog. 
Mort né, ce  dialogue  ou concertations ont été sans résultats : la COD boycotte et le pouvoir  maintient son agenda . 
 Après plusieurs reports le Gouvernement est décidé à organiser  en novembre 2013 les élections de renouvèlement du parlement et des conseils municipaux dont les mandats ont expiré  en octobre 2011. Et l’opposition reprend l’arme du boycott, affaiblie cette fois-ci,  par la participation de deux  de ses  membres : Tawassoul et l’UFP. Et deux de ses anciens membres :  l’APP et El Wiam.
IOMS


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