Avec étonnement et amertume, eu égard à l’ampleur des moyens qui lui ont été consacrés et qui auraient mieux été utilisés s’ils avaient été affectés à des actions qui améliorent le quotidien du citoyen démuni, nous avons suivi ...
... la quatrième édition de la comédie « Rencontre avec le peuple », animée, de Néma, par Ould Abdel Aziz, assisté de son ordinateur !
Cette édition, comme les trois précédentes, s’est caractérisée par le populisme, le mépris de la raison des citoyens et l’éloignement de la vérité ; celui qui se présente comme défenseur de la légalité et de la légitimité se targuant d’avoir opéré deux coups d’Etat.
Cette mascarade appelle plusieurs observations que nous regrouperons en deux axes :
Ø Ould Abdel Aziz et l’ordinateur ;
Ø Ould Abdel Aziz en direct.
A. Ould Abdel Aziz et l’ordinateur Dans son piètre show imposé aux populations de Néma, Ould Abdel Aziz a défié qui que ce soit de lui citer une faute qu’il aurait commise durant sa carrière d’officier ou après qu’il ait accédé au pouvoir ! Il est, selon lui, la vertu incarnée en personne ! Avait-il oublié que nous sommes en Mauritanie et que tout le monde connait tout le monde ? Ses conseillers ne lui ont, certainement pas, rappelé le vers de sagesse de Zouheir Ibn Ebi Soulma
: æ ãåãÇ Êßä ÚäÏ ÇãÑÆ ãä ÎáíÞÉ ***æÇä ÎÇáåÇ ÊÎÝì Úáì ÇáäÇÓ ÊÚáã
Manœuvrer, même de façon très gauche, pour tromper le citoyen et occulter les vérités criantes, c’est ce qu’il a fait, plus d’une heure durant, en présentant un bilan détaillé de son action économique et en noyant son auditoire avec des flots de chiffres se rapportant à la plupart des secteurs d’activité !
La vérité est que les mauritaniens n’ont retenu que très peu de ces chiffres, destinés à masquer la corruption rampante qui sévit depuis l’accession de l’homme au pouvoir et prenant des formes diversifiées. Par contre, les citoyens se souviennent bien de :
1. La prolifération des marchés de gré au profit du proche entourage du Président, qui avait nié, publiquement à Atar et Nouadhibou, l’existence de ces marchés, dont nous citerons à titre d’exemples :
- l’acquisition des avions par la compagnie Mauritania Airlines ;
- l’acquisition des avions de l’Armée de l’air ;
- l’acquisition des équipements médicaux dont la plupart sont non fonctionnels ;
- l’opération ceinture verte de Nouakchott ;
- le marché de l’aéroport international de Nouakchott ;
- les marchés d’ATTM ;
- les marchés de l’ENER ;
- le programme EMEL et le transport de ses produits ;
2. La dilapidation des ressources halieutiques et minières du pays, à travers des conventions qui consacrent le vol et le pillage organisé de la richesse nationale :
- la part nationale dans les contrats de partage de production dérisoire et humiliante (3% dans les contrats avec MCM et Tasiast) ;
- la convention douteuse avec la société chinoise Poly HonDone Pelagic Fishery Co.;
- le retour du navire de pêche géant « Atlantic Dawn » avec un nouveau nom « Annelies Ilena » ;
- l’obligation faite à la SNIM d’investir dans des projets populistes sans relation avec son domaine d’activité et de compétence et au mépris de la préservation de sa capacité concurrentielle ;
3. L’engagement hors budget d’importantes dépenses, ce qui constitue une présomption de détournement des deniers publics :
- le don de 50 Millions US $ de l’Arabie Saoudite ;
- les « prix » de la livraison de Senoussi et les « revenus » annexe liés à cette opération !
4. Le gaspillage de l’argent public dans des projets inutiles comme la création de nouvelles villes en plein désert alors que les villes déjà existantes et peuplées manquent cruellement d’infrastructures de tout ordre ;
5. La stérilisation des ressources humaines du pays par l’exclusion des compétences et le recours au seul critère de l’allégeance, ce qui impacte négativement les performances et le rendement des équipes en charge de la gestion publique, compromet les intérêts vitaux du pays et ternit son image à l’extérieur ;
6. L’augmentation sans précédent des prix, notamment ceux des produits de base, du fait de la limitation du nombre d’importateurs/distributeurs à quelques proches de Ould Abdel Aziz ;
7. La logique de l’accumulation pécuniaire, par tout moyen et sans vergogne, sur le dos des catégories de citoyens les plus démunies, pour constituer des caisses noires à la disposition du Pouvoir :
- vente des passeports à des prix exorbitants et injustifiés (100.000 UM) ;
- vente des cartes nationales d’identité à 1.000 UM, soit l’équivalent de la dépense de subsistance de deux jours pour une famille pauvre ;
- taxes imposées aux transporteurs terrestres au profit de l’autorité de régulation créée à cet effet
8 La distribution, de façon éhontée et provocatrice, de lots et grandes parcelles aux proches de Ould Abdel Aziz :
- attribution de plusieurs lots au Président, aux membres de sa famille et à ses proches et aménagement de ces lots par des engins publics et en un temps record ;
- affectation de centaines d’hectares dans la zone « Soukouk » aux proches de Ould Abdel Aziz ;
- appropriation des terrains des deux côtés de l’Avenue de la Résistance, de la Route de Nouadhibou et ceux entre le marché au poisson et le Port de l’Amitié ;
- Troc de l’aéroport de Nouakchott contre une partie de la zone de l’aéroport actuel et des terrains du domaine public dont Seul Allah Connait la superficie et les bénéficiaires !
9. Le refus obstiné de Ould Abdel Aziz de publier la déclaration de son patrimoine comme l’y oblige la loi n 054/2007 en date du 18 septembre 2007 relative à la transparence financière de la vie publique ;
10. Le mépris total de Ould Abdel Aziz pour la Constitution du pays et ses lois, notamment la violation flagrante et continue des lois de finances, en exécutant les dépenses publiques sur la base des intérêts et desiderata du Président et en ignorant totalement les dispositions de ces lois de finances
11. L’accaparement par un groupe restreint de proches de Ould Abdel Aziz des ressources publiques et les avantages économiques et financiers :
- nouveaux agréments pour l’ouverture de banques et de sociétés d’assurance ;
- nouvelles licences d’importation et distribution de produits pétroliers ;
- partenariats, souvent douteux, avec les entreprises minières ;
- permis d’exploration minière
- accès prioritaire aux devises et à l’importation.
12. Utilisation des moyens de l’Etat et des attributs de la puissance publique à des fins d’enrichissement personnel et pour les règlements de compte :
- Impôts
- Douanes
- IGE
- La Justice à tous ses échelons
B. Ould Abdel Aziz en direct
La sortie théâtrale de Ould Abdel Aziz à Néma s’est distinguée, comme à l’accoutumée, par l’opacité, l’hésitation, la confusion et la dénaturation des réalités! Ceci s’est manifesté, entre autres, par :
1. La répétition de mots creux, vagues et imprécis, loin du langage des chiffres établis et aussi loin de la vérité et de l’exactitude :
- « amélioration » dans tel secteur ou domaine ou « renforcement » dans tel autre, sans préciser ce qui a été, de fait, amélioré ou renforcé ;
- « tous les problèmes de la Mauritanie » ont pour origine des forfaitures des régimes antérieurs à celui de Ould Abdel Aziz!
2. Le mensonge manifeste et l’affabulation :
- la construction de la grande mosquée de Nouakchott, alors qu’elle n’existe encore que sur papier !
- l’amélioration des conditions matérielles des travailleurs ;
- le net recul du chômage !
3. La ruse et les contrevérités :
- le démantèlement de l’institution militaire et l’attribution des promotions de grades en son sein de façon aléatoire, loin des critères objectifs, connus, et dans le seul souci d’assurer la sécurité personnelle de Ould Abdel Aziz et de faire bénéficier un groupe restreint de proches des moyens énormes de cette institution et la présentation de tout ce bouleversement comme étant une opération de reconstruction de l’armée !
- le renvoi de la responsabilité de l’augmentation vertigineuse des prix de la viande sur le dos des éleveurs et des bouchers !
- la présentation des hausses répétitives et insoutenables des prix des hydrocarbures à la pompe comme étant une « punition » des flâneurs propriétaires de véhicules particuliers !
4. Des points obscurs :
- l’augmentation des salaires et son impact sur le pouvoir d’achat du salarié et sur le consommateur (30, 40, 50, 70% ?) !
- le mépris pour la raison des citoyens au sujet de l’affaire du « Ghana Gate » qui a désarçonné Ould Abdel Aziz au point de la confirmer et de la nier en même temps !
- l’autosatisfaction, hors contexte, de Ould Abdel Aziz quant à son état de santé physique et mentale !!!
- la mise en doute, par Ould Abdel Aziz, des données du FMI, alors qu’il s’en sert au même moment pour tenter de crédibiliser son bilan économique désastreux ;
5. Des contradictions flagrantes :
- le gouvernement n’a rien à avoir avec les élections et la fixation de leur date, … c’est la compétence de la seule CENI !
- nous sommes prêts à reporter la date de ces mêmes élections, mais seulement de deux à trois semaines ! Ould Abdel Aziz parle-t-il en son nom personnel ou est-il devenu porte parole de la CENI ?
6. Des points occultés à Néma :
- quel est le sort de la pauvre fille Raja ? qu’en est-il de la transaction « bénie » par la Justice au sujet de son agression par balle ?
- quelle est la vérité au sujet de la « balle amie » ? Avait-elle été tirée à Tweila, Ain Talh ou ailleurs ? Quel a été le sort de son auteur réel?
- quel secret se cache derrière la grâce présidentielle des barons de la drogue et la réception de leurs protecteurs étrangers au palais présidentiel ?
Ces multiples points ne sont qu’une infime partie d’un ensemble de questions que la Coordination de l’Opposition Démocratique n’aurait pas voulu se rabaisser pour en traiter et aurait préféré mettre l’accent sur les sujets qui touchent à la vie quotidienne des citoyens, à la situation du pays et à son avenir. Mais l’entêtement de Ould Abdel Aziz et sa tentative, éhontée et qui ne trompe plus personne, de se présenter en sauveur du pays et en patriote aux mains blanches, dictaient à la Commission politique de mettre en exergue certains éléments dont il n’a pas voulu traiter lors de sa « Rencontre avec lui-même et non avec le Peuple ».
Ould Abdel Aziz a prouvé, si besoin en était encore, qu’il a une mémoire sélective, trop sélective, extrêmement sélective ! Les militants de la COD, à l’instar de tous les mauritaniens, ont, quant eux, une mémoire suffisamment vive pour empêcher que la répétition des mensonges et affabulations ne les muent en vérités !
Nouakchott, le 18 Août 2013
La Commission Politique
Tawary
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