Le Conseil suprême des forces armées, qui préside aux destinées de l’Egypte depuis le départ de Hosni Moubarak, et qui en fut le principal soutien durant 30 ans a confirmé lundi 14 février son intention de satisfaire des revendications clés des manifestants de la place Tahrir. Les militaires, qui se disent soucieux de remettre le pays au travail, et qui ont subitement adopté le discours de la révolution...
...ont néanmoins fait évacuer la grande place du Caire, qui a été durant 18 jours le cœur de la "Révolution du Nil". Ils ont réclamé la fin des grèves, demandant aux syndicats d’œuvrer en ce sens. Selon Waël Ghonim, un des organisateurs emblématiques de la révolte déclenchée le 25 janvier, le Conseil militaire attend la finalisation d’ici une douzaine de jours par une commission ad hoc d’amendements constitutionnels qu’il espère soumettre à référendum dans les deux mois. Le représentant de Google en Egypte et sept autres jeunes cyber-activistes ont reçu des assurances sur ce point lors d’une rencontre dimanche soir avec deux membres du Conseil. L’opposition réclame notamment l’abrogation des entraves aux candidatures à la présidence et la limitation à deux du nombre de quinquennats. Dimanche, le Conseil suprême des forces armées avait dissous le parlement élu en 2010 dans des conditions pour le moins controversées, suspendu la Constitution et annoncé son intention de diriger le pays pour une période transitoire de six mois, ou jusqu’à des élections présidentielle et législatives libres. Dans son "communiqué n 5", le Conseil militaire a invité lundi les travailleurs en grève à travers l’Egypte à reprendre le travail afin de mettre fin à la paralysie de l’activité économique du pays et a invité les syndicats et associations professionnelles à "jouer pleinement leur rôle" à cet égard. Dans la même optique, les militaires ont fait évacuer dans la matinée le dernier noyau de manifestants de la place Tahrir, en menaçant de les arrêter s’ils restaient, afin d’y rétablir une activité et une circulation normales après trois semaines d’occupation. Mais les manifestants ont promis de descendre de nouveau dans les rues si l’armée ne satisfaisait pas rapidement leurs revendications, qui incluent la levée de l’état d’urgence en vigueur depuis que Hosni Moubarak a succédé il y a 30 ans à Anouar Sadate, assassiné par un militaire islamiste. L’armée a promis de lever l’état d’urgence mais elle ne s’est fixé aucun délai pour prendre une telle initiative, précisant seulement qu’elle attendrait que les conditions de sécurité le permettent. Quoi qu’il en soit, les artisans de la "Révolution du Nil" qui a eu raison vendredi dernier de Hosni Moubarak, ont appelé à une grande "marche de la victoire" vendredi prochain, manière de rappeler aux militaires (qui en ont besoin eux qui veulent arnaquer la révolution) que c’est bien a rue qui détient le vrai pouvoir. Les stratagèmes déjà mis en œuvre ailleurs par les juntes militaires qui consistent à voler le discours de l’opposition après avoir été le fer de lance d’un régime corrompu ne semblent pas marcher avec la révolution égyptienne.
|