Directeur général de SFID (sfidfinance.com) , un acteur majeur de l’informatique dédiée aux grandes entreprises et aux administrations, M. Mohamed Nacer Moctar Nech évoque la situation politique et économique du pays ainsi que les derniers développements majeurs des dernières semaines...
...et en particulier le fameux marché du Ministère de l’Intérieur lié à la sécurisation des documents nationaux dont l’adjudication a été prononcée la semaine dernière.
Tahalil : comment analysez vous les derniers développements politiques en Mauritanie ? MNOMN : Mon sentiment est que la Mauritanie évolue dans le bon sens, n’en déplaise à certaines opinions connues dans le cercle de l’opposition traditionnelle. Mais même au niveau de ce pole politique contestataire par définition, les arguments se recentrent en faveur d’une tendance au dialogue avec la majorité au pouvoir et cela est très positif ! Le parti Adil illustre bien , de par ses récentes positions, cette évolution positive.
Tahalil : Mais comment pouvez vous justifier vos arguments ? L’opposition argue que Les prix grimpement inexorablement, le chômage se situe à un taux de 32%, l’état vire les fonctionnaires de leurs logements, la liquidité se fait rare etc… MNOMN :Mais que fait l’opposition pour aider à lutter contre tous ces facteurs ?Rien à mon avis si non de critiquer continuellement…Je pense que nous vivons une situation transitoire créée par un ensemble de facteurs, liés notamment au fait que notre secteur privé se cantonne le plus souvent dans des activités de rente non productrices d’emploi et de croissance économique. Au niveau de l’Etat, maintenir un train de vie administratif sans cause ne permet pas de produire la croissance économique au véritable sens économique du terme mais seulement d’endormir des générations entières dans l’oisiveté et la dépendance. Nos jeunes refusent le revenu par le travail productif et restent en attente d’un emploi dans les bureaux de l’administration ou des projets dépendants… Laissant les opportunités de travail pour les non nationaux qui viennent parfois de très loin pour les occuper ! Des secteurs entiers de notre économie rémunèrent ainsi et en devises sonnantes les économies des pays tiers. Pour ce qui est des prix et de la liquidité en circulation, il faudra retenir que pour l’instant, la Mauritanie importe pratiquement tous ses besoins de consommation domestique et industrielle. Il est normal donc que nous payions au prix fort les marges facturées par les autres. Je souligne à cet égard que ce n’est pas en donnant une parité fictive – ce qui est le souhait de l’opposition- à notre monnaie nationale que le problème de prix sera réglé pour autant..La hausse du taux de change de l’ouguiya permet seulement aux importateurs de reconstituer leurs réserves en devises à l’étranger et de disposer aisément de stocks spéculatifs, sans pour autant répercuter la baisse récurrente des taux sur le panier de la ménagère. La liquidité en circulation est d’autant plus efficace si elle permet de porter des transactions économiques pré existantes dans les secteurs productifs. Pour l’instant, tout le monde ou presque attend la liquidité aux mauvais endroits : le budget public et les budgets des administrations parapubliques. Pourtant, même à ce niveau, l’état a engagé des grands travaux routiers et d’infrastructure pour plusieurs milliards mais nos agents économiques, les particuliers, notamment, boudent ces secteurs jugés physiquement contraignants. Tahalil : comment faire pour juguler le chômage ? MNOMN : la question est sensible et elle est la question la plus fréquente aujourd’hui à l’échelle de la planète. Les solutions sont classiques ! D’abord, un secteur privé citoyen au vrai sens du terme…Il faudra que le secteur privé s’investisse dans les activités semi-industrielles et industrielles et exporter ou nos marchandises ou notre savoir -faire…Notre politique de formation devra aussi privilégier la formation moyenne dans les domaines techniques à la fois pour fournir à très court terme les compétences nécessaires au redéploiement de notre économie dans les secteurs clés mais aussi de raccourcir le cycle scolaire et universitaire de nos jeunes qui parviennent sur le marché de l’emploi à un âge relativement avancé et pas nécessairement avec le cursus adéquat pour occuper le bon emploi au bon endroit. Tahalil : parlons maintenant du projet Sécurisation des Documents Nationaux lancé par le Ministère de l’Intérieur le 24 décembre dernier… MNOMN : ce projet est considéré à juste titre comme un projet vital pour le pays. C’est pour la première fois dans le monde qu’un projet aussi intégré est lancé par un Etat..Il constitue la base future de toute la politique de développement : état civil, documents d’identité, de voyage, de séjour des étrangers, des statistiques, bref de la gestion des données nationales mauritaniennes sur tous les plans ! Tahalil : Après plusieurs mois, le marché a été adjugé à Sagem et non à la société que vous représentez ! MNOMN : d’abord, nous étions plusieurs sociétés à soumissionner à ce marché sensible…El Mowt V’Ashra Nzaha, mourir parmi bien d’autres est une promenade- comme on dit chez nous pour se consoler d’être parmi plusieurs perdants dans une course quelconque.. Maintenant que l’adjudication est prononcée, même si nous avons des réserves sur le fonds et sur la forme de la procédure d’adjudication, nous devons tous soutenir ce choix pour la réussite du projet dans l’intérêt de notre pays. Tahalil : Vous n’allez pas nous dire que vous êtes un perdant sportif ! MNOMN : Cela c’est autre chose ! Nous sommes des acteurs économiques responsables et citoyens…L’expérience nous a montré que par rapport à des procédures de mise en concurrence publiques de cette nature, il ne sert à rien d’exprimer même des états d’âme. Les messages que nous avons reçus après cette adjudication au cheminement rocambolesque est que le choix final est un choix stratégique pour la Mauritanie, indépendamment, il est vrai, du bien fondé du choix final. Cela dit, Sagem au sens large est une très grande boîte, et elle sera sûrement à la mesure des attentes de notre gouvernement et de nos autorités nationales. Tahalil : Conclusion ? MNOMN : Pourquoi « conclusion » ? Je suis d’avis que notre pays ne fait qu’entamer une vraie politique de développement…Les enjeux sont importants et la base de toute politique économique viable est de préparer des positions de repli. Dans ce cadre, je m’inscris comme tous mes compatriotes dans le sens d’un avenir radieux pour l’ensemble de nos concitoyens dans la paix et la sérénité. Je soutiens de ce fait la politique de mon parti et du Président de république, Mohamed Ould Abdel Aziz.
Propos receuillis par MAOB
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