A quelques heures de la réunion de Paris convoquée le 20 février par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) dans la capitale française, pour examiner la crise politique en Mauritanie, le Front national pour la défense de la démocratie (FNDD-coalition de partis et d’organisations anti-putsch) a marqué sa continuelle désapprobation du putsch qui a renversé le 6 août 2008, le président Sidi Ould Cheikh Abdellahi.
C’est par un meeting populaire organisé l’après midi du jeudi 19 février au stade de la capitale devant une foule venue de tous les horizons de Nouakchott, que le front anti-putsch a démontré encore une fois, sa force de mobilisation, et lancé un message clair et précis aux putschistes et à leurs soutiens : Le refus d’accepter l’inacceptable. «La Mauritanie ne peut pas être manipulée par un seul homme », a lancé le charismatique Messaoud Ould Boulkheir, président de l’assemblée nationale dont il refuse de présider les sessions depuis le 6 août 2008. Prenant un bain de foule avant d’entrer dans le vif du sujet, Ould Boulkheir s’est s’adressé aux détracteurs du front anti-putsch:«Ceux qui pensent que le Front s’est effrité doivent déchanter. Ceux qui disent que, le Front n’est constitué que de 20 personnes, doivent se rendre à l’évidence par la présence de cette foule, que tout le peuple mauritanien est derrière le Front ». Sous les applaudissements de la foule que certains ont évalué à plusieurs milliers de personnes , Messaoud Ould Boulkheir s’est encore défoulé sur le Général Ould Abdel Aziz président du Haut Conseil d’Etat: «Celui qui doit partir, celui qui n’a pas de véritables soutiens, c’est celui-là qui doit partir, car il n’a pas la confiance du peuple » a-t-il martelé. Le président de l’Assemblée nationale a encore séduit par la confiance dont il jouit auprès des mauritaniens. En réponse à ceux qui considèrent les Mauritaniens comme «des affamés, des poules mouillées», a–t-il dit voilà qu’ils ont montré leur maturité face aux «manipulateurs». Par ces exemples, Messaoud a demandé aux jeunes, notamment les étudiants et les femmes de faire preuve de farouche détermination à refuser le coup d’Etat. Il a salué au passage la manifestation des jeunes étudiants contre le Général Aziz lors de sa visite à l’Université de Nouakchott. Aux femmes, il dira, « nous insistons sur le rôle des femmes du front, sur celui de celles qui vendent du couscous et celles de l’intérieur pour s’opposer aux usurpateurs du pouvoir. Nous sommes unis par nos ethnies diverses pour faire avancer la démocratie dans notre pays». Aux parlementaires pro-putsch, le président de l’assemblée nationale dira : «je lance un appel à mes frères parlementaires des deux chambres pour revenir à la raison. La route empruntée par les militaires est parsemée d’embûches». Et de dire : « Vous êtes en train d’être trompés par les militaires qui vont s’en aller ». Pour Ould Boulkheir, les parlementaires qui soutiennent la junte ont trahi leur peuple et leur serment. Aux organisations internationales, Messoud Ould Boulkheir a salué leurs initiatives à faire tomber les sanctions contre la junte et leurs soutiens. Il demandera à la foule de dire aux militaires : «leur place est dans les casernes et non au palais» a-t-il déclaré Et d’ajouter : «le jeu politique, c’est l’alternance pacifique par les urnes et non par l’usurpation du pouvoir». Parlant du FNDD, il dira : «Le front est en train de suivre la voie légale, celle des urnes en respectant la constitution». Et comme solution de rechange par rapport au départ des militaires du pouvoir, Messaoud dira : «Nous donnerons aux militaires tout ce qu’ils veulent (voitures, maisons …etc.) pour qu’ils quittent le pouvoir». « Si on doit dire la vérité, indiquait-il, on doit dire au Général de quitter le pays. Il s’est joué 7 mois du mandat du Président Sidi et il en train de mentir à l’opinion nationale et internationale ». Auparavant, le président en exercice du FNDD, M. Abdel Ghoudoss Ould Abeidna, avait pris la parole pour magnifier la présence massive des militants saluant au passage leur détermination. Il faut souligner que la forte mobilisation du jour, montre si besoin en était, que les rapports de force sont favorables au FNDD. Ce meeting vient corroborer tout ce qu’on disait du meeting organisé à l’ancienne maison des jeunes où les militants étaient dans une salle qui refusait du monde. Les organisations de la société civile étaient également de la partie. Samory Ould Beye de la Confédération Libre des Travailleurs de Mauritanie (CLTM), a incité le peuple à refuser l’arbitraire, à dire non au coup d’Etat et à œuvrer pour le retour du président constitutionnel élu. Les femmes n’ont pas étaient en reste dans ce meeting. Elles se sont succédées à la tribune. D’abord, Mme Fatiméttou Mint Khattry, ancienne ministre de la condition féminine, a dans un discours improvisé, fustigé la junte et demandé au peuple de dire non aux militaires. Puis Mme Lala Aïcha Sy qui a parlé au nom du Fonadh, qualifiant la présence de la foule de message fort à l’endroit de la junte. «Ceci est un cri de cœur», a-t-elle déclaré. «Le peuple veut le retour à l’ordre constitutionnel». Dans la foulée de ses déclarations, Mme Lala Aïcha a révélé qu’au moment où le meeting se déroule à Nouakchott, «les militaires sillonnent l’intérieur du pays pour tromper les populations et les amener à soutenir le Général putschiste qui oublié le passif humanitaire qui ne peut pas être oublié ». Le meeting du FNDD qui s’est tenu à la veille de la reunion de Paris, constitue un message fort adressé à la communauté internationale. Des militants surchauffés dans une ambiance très électrifiée, ont déclaré, « nous cherchons la justice, la légalité, en un mot le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi que le peuple a élu démocratiquement». Compte rendu Ibou Badiane
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