Rideau sur les fameux "Etats Généraux de la Démocratie" (EGD)! Beaucoup d’argent dépensé, peu de nouvelles idées constructives avancées et surtout assez d’idioties débitées. Le tout, pour aboutir essentiellement à deux conclusions, caressant l’égo des militaires au pouvoir : une présidentielle en mai 2009 qui n’exclut pas leur candidature dans un processus taillé sur mesure, en l’absence de toute contradiction, ainsi que des amendements à la loi fondamentale plébiscitée en juin 2006 à 96% des suffrages, et ce, pour concéder un rôle politique aux militaires qui ont pris le pouvoir le 6 aout par la force et "qui sont au pouvoir depuis 1978" comme l’a souligné, trés recemment, Ahmed Ould Daddah.
On ne sait pour le moment, si ces amendements constitutionnels vont être introduits par referendum ou par le vote des deux chambres réunies du parlement mauritanien. Le rapport final des EGD validé par la commission de supervision en attendant la plénière de clôture prévue le 6 janvier, a proposé la tenue du premier tour de la nouvelle élection présidentielle le 30 mai 2008 et son second tour -si nécessaire- le 13 juin 2008. Le rapport final des EGD convoqués le 27 décembre par la junte militaire parvenue au pouvoir par coup d’Etat a été accepté par acclamation et (applaudissements) par les participants qui soutiennent les militaires. Les EGD ont été plus l’occasion pour un monologue que pour un vrai dialogue parce qu’ils n’ont vu la participation que d’un seul camp : celui qui soutient le putsch du 6 août. Ils ont été boycottées par le Front National de la Défense de la Démocratie (FNDD, coalition de partis anti-putsch ) ainsi que par le président démocratiquement élu en Mars 2007 renversé le 6 août et ont vu le gel provisoire de la participation du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD, ex-opposition sous Sidi Ould Cheikh Abdallahi, devenue fervent soutien de la junte qui l’a déposé, laquelle s’amuse toujours à l’appeler: Opposition Démocratique). Les EGD ont proposé également une commission électorale nationale indépendante (CENI) au rôle renforcé, avec des pouvoirs suffisants pour une meilleure conduite des élections. «Un non événement» Concernant une éventuelle candidature de militaires au pouvoir, le rapport final se serait contenté de rapporter les arguments pour et contre les candidatures des militaires. Ceux qui y sont favorables défendent un droit constitutionnel à se porter candidat pour un militaire s’il démissionne auparavant de l’Armée. Ceux qui sont opposés jugent cette éventualité dangereuse pour la sincérité des scrutins. Le rapport final a également proposé une révision des listes électorales pour la période entre 30 janvier au 30 avril 2008. Mohamed Ould Moine, ministre de la Communication de la junte a déclaré le 5 janvier à «Reuters» que les membres des forces armées ou les magistrats qui souhaiteraient se présenter devraient au préalable démissionner. Dans son éditorial du 5 janvier le quotidien «Biladi» rapporte que le chef de la junte, le général Mohamed Ould Abdel Aziz a l’intention de démissionner de l’Armée deux mois avant la date prévue pour l’élection et que ses amis (de la junte) garderont la maison en attendant son élection. «La junte veut faire élire un de ses membres ou une personnalité qui lui sera soumise lors d’une prochaine élection», a estimé le 5 janvier le porte-parole du FNDD. Selon le front anti-putsch, la proposition de tenir une élection présidentielle le 30 mai, constitue "un non évènement". "Ce n’est qu’une mise en scène de l’agenda prédéfini par la junte au pouvoir à travers une concertation de façade", affirme-t-on au FNDD.
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