Le chef de la junte salue les positions allant dans le sens de    
23/12/2008

«Nous voulons que tous les citoyens et tous les partis politiques participent aux Etats GĂ©nĂ©raux de la DĂ©mocratie, prĂ©vus le 27 dĂ©cembre. Qu’ils viennent avec leurs idĂ©es et qu’ils les dĂ©fendent ! Le Haut Conseil d’Etat s’engage Ă  appliquer les recommandations retenues», a dĂ©clarĂ© le gĂ©nĂ©ral Mohamed Ould Abdel Aziz, chef de la junte au pouvoir en Mauritanie depuis  le  coup d’Etat du 6 aoĂ»t.



«Les Etats GĂ©nĂ©raux de la DĂ©mocratie vont ĂŞtre  placĂ©s sous la supervision d’une personnalitĂ© indĂ©pendante, les militaires n’y prendront pas part» a-t-il prĂ©cisĂ©  Ă©galement en  rĂ©ponse Ă  une question  relative  aux  garanties offertes  pour que les concertations durant les Etats GĂ©nĂ©raux de la DĂ©mocratie (EGD) soient libres et transparentes.
Le chef de la junte s’exprimait dans un point de presse tenu lors de sa visite l’après-midi du 23 dĂ©cembre,  d’un centre de formation professionnelle Ă  El Mina (quartier de Nouakchott). 
Ses dĂ©clarations intervenaient après celles du prĂ©sident constitutionnel Sidi Ould Cheikh Abdellahi libĂ©rĂ© le 21 dĂ©cembre, qui  avait  rejetĂ© toute participation aux EGD,  et  dĂ©clarĂ© n’avoir «rien Ă  partager avec la junte tant qu’elle n’a pas quittĂ© le pouvoir». Elles intervenaient Ă©galement,  après la publication par le conseil de paix et de sĂ©curitĂ© de l’Union Africaine en conclave Ă  Addis-abeba depuis le 22 dĂ©cembre, d’un communiquĂ© appelant Ă  restaurer le gouvernement constitutionnel,  assorti de menaces de sanctions contre la junte et ses soutiens civils.
RĂ©pondant Ă  une question relative Ă  la dĂ©claration du prĂ©sident renversĂ© qui  disait  n’avoir «rien Ă  partager avec la junte» (question tendant Ă  faire passer ce dernier comme opposĂ© au dialogue),   le chef de la junte indique : «Il (Sidi Ould Cheikh Abdallahi) est libre de dire ce qu’il veut. Il  y a la libertĂ© d’expression, mais il doit avoir la mĂ©moire courte. Il ne doit pas oublier que c’est grâce aux militaires qu’il a pu ĂŞtre Ă©lu prĂ©sident. Les mauritaniens l’ont connu grâce Ă  ceux, qu’il appelle : Al Askar (en français, les militaires)». Le gĂ©nĂ©ral Ould Abdel Aziz,  qui n’a toutefois pas prĂ©cisĂ© si les manifestations sont devenues  autorisĂ©es en Mauritanie depuis leur interdiction en aoĂ»t 2008 par la junte,a,   par la mĂŞme occasion, conviĂ© le prĂ©sident renversĂ© Ă  "descendre dans la rue  pour prouver sa popularitĂ©".
Interrogé sur la pertinence des EGD au cas où ils seront boycottés par le Front National de la Défense de la Démocratie FNDD (opposition anti-putsch), le chef de la junte répond: « Je n’ai pas été officiellement informé de leur refus de participer. Mais ils auront raté une occasion. S’ils ont des idées, c’est l’occasion».
A la question : que pensez vous de la position de l’Ambassadeur de France en Mauritanie qui a appelĂ© le FNDD Ă  participer aux EGD,  le chef de la junte rĂ©torque : « Je salue les positions qui vont dans le sens de l’apaisement». Aucun des journalistes prĂ©sents au point de presse,  n’a cependant  demandĂ©  au gĂ©nĂ©ral, qu’envisage-t-il donc,  pour impulser  la dynamique de l’apaisement dont la libĂ©ration du prĂ©sident constitutionnel fut  un signe, altĂ©rĂ© toutefois,  par les harcèlements dont il fait l’objet (tentatives  de confiscation de passeports, manifestations suscitĂ©es Ă  Kankossa et Tintane avec menaces de jugement)  et qui renvoient plutĂ´t Ă  l’escalade.
Le chef de la junte a  affirmĂ© ne pas  craindre les sanctions internationales dans sa rĂ©ponse Ă  une  question relative aux mesures  envisagĂ©es par la communautĂ© internationale: «On est prĂŞts Ă  tout. Si c’est un sacrifice pour notre pays, on le fera» a-t-il dit.
A noter que parallèlement Ă  la tenue Ă  El Mina,  du point de presse du chef de la junte,  le Premier ministre Moulaye Ould Mohamed Leghdaf supervisait Ă  Tevragh Zeina ,  la cĂ©rĂ©monie d’installation de la commission  de supervision des EGD , dont la prĂ©sidence a Ă©tĂ© confiĂ©e Ă  Abdellahi Ould Cheikh,  ancien ministre de la dĂ©fense de Moktar Ould Daddah. Les EGD vont dĂ©marrer le 27 dĂ©cembre Ă  Nouakchott pour ĂŞtre clĂ´turĂ©s le 5 janvier 2009.

 

Les EGD pour quoi faire?

Dans une resolution votĂ©e le 14 septembre 2008, les parlementaires pro-putsch avaient invitĂ© le  Haut Conseil d’Etat (junte) Ă  mettre en place un mĂ©canisme de concertation devant prĂ©parer une feuille de route de sortie de crise.Ce sera donc les EGD!
Le texte de la rĂ©solution   proposait, en gage de transparence des futures Ă©lections, la "rĂ©activation de la Commission Electorale Nationale IndĂ©pendante" et l’interdiction de se porter candidat pour les militaires et "tous ceux qui, pendant la  pĂ©riode de transition, exercent des responsabilitĂ©s exĂ©cutives susceptibles d’influencer les Ă©lecteurs".
Les dĂ©putĂ©s  ont suggĂ©rĂ© Ă©galement la formation d’un "gouvernement de large coalition pour la pĂ©riode avant l’élection prĂ©sidentielle".
La résolution avait été adoptée à l’unanimité des députés présents (52 sur les 95) que compte l’Assemblée.
La plĂ©nière du 14 septembre avait Ă©tĂ©  boycottĂ©e par  43 dĂ©putĂ©s mauritaniens, dont 17 du Rassemblement des Forces DĂ©mocratiques (RFD) d’Ahmed Ould Daddah, qui soutient le coup d’Etat mais exige la non-Ă©ligibilitĂ© des membres du Haut Conseil d’Etat Ă  la prĂ©sidentielle , ainsi que  26 dĂ©putĂ©s du Front National pour la DĂ©fense de la DĂ©mocratie (FNDD), une coalition de partis opposĂ©s au putsch.
Les dĂ©putĂ©s du FNDD dont M. Messaoud Ould Boulkheir prĂ©sident de l’AssemblĂ©e nationale, qui a siĂ©gĂ©  sans lui,  considèrent que la session parlementaire extraordinaire  est illĂ©gale, parce que convoquĂ©e par dĂ©cret signĂ© du chef de la junte alors qu’il  devrait l ĂŞtre par le prĂ©sident de la RĂ©publique,  qui Ă©tait assignĂ© Ă  rĂ©sidence surveillĂ©e.
  Les  EGD que le Haut Conseil d’Etat organisera les prochains jours, vont donc constituer le point de dĂ©part  pour le rĂ©tablissement d’un nouvel ordre constitutionnel qui va ĂŞtre precĂ©dĂ©  par une rĂ©vision de la constitution.

Voici les thèmes proposĂ©s pour la  concertation

• Attributions du Président de la République ;
• Attribution du Parlement ;
• Rapports entre les pouvoirs exécutif et législatif ;
• Moyens d’influence réciproques entre les pouvoirs ;
• Organe d’arbitrage entre les institutions ;
• Modalités d’organisation du pouvoir exécutif ;
• Place des Forces Armées et de Sécurité dans le dispositif politique et institutionnel ;
• Eligibilité.

- Les modalités de rétablissement de l’ordre constitutionnel ;
- La gestion de la période de transition (conditions de réussite, programme, durée…) ;

Les intervenants peuvent proposer d’autres thèmes  qu’ils jugent importants ou utiles au dĂ©bat.


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