Une délégation de la communauté internationale est arrivée samedi soir (5 décembre) à Nouakchott pour donner une nouvelle chance à la négociation, avant d’envisager des sanctions contre les auteurs du coup d’Etat du 6 août. Cette délégation comporte des emissaires de l’Union Africaine, de la Ligue Arabe, de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) et de la Francophonie (OIF).
Elle devait comprendre le commissaire à la Paix de l’Union Africaine ainsi qu’un secrétaire d’Etat Français, qui s’est excusé et a été remplacé par l’Ambassadeur de France en Mauritanie.
La délégation dirigée par l’ambassadeur du Cap vert à Bruxelles, comprend le directeur de la coopération de la Ligue arabe Samir Hosni et des représentants l’OIF, de l’OCI.
La baisse du niveau de représentation pourrait s’expliquer par l’absence de tout espoir à trouver une «solution consensuelle» entre les parties concernées par la crise consécutive à la «Rectification» 6 août 2008.
La délégation internationale sera reçue en début d’après-midi du 6 décembre par le Général Ould Abdel Aziz. Elle doit se rendre le 7 décembre à Lemden 250 kms à l’est de Nouakchott, pour s’entretenir avec le président Ould Cheikh Abdellahi dans sa résidence surveillée. Une mission exploratoire menée il y a quelques jours sous la direction du conseiller du président Sarkozy aux affaires africaines avait conclu à l’impossibilité de trouver un compromis entre les deux parties de la crise mauritanienne : le Général Ould Abdel Aziz, président du Haut Conseil d’Etat (HCE) qui a pris le pouvoir le 6 août et Sidi Ould Cheikh Abdellahi le président constitutionnel renversé. Le président Ould Cheikh Abdellahi soutenu par le FNDD, (front anti-putsch, qui regroupe deux, des partis, les plus mobilisateurs,en Mauritanie: APP et Tawassoul) exige la restauration de l’ordre constitutionnel renversé (ou décapité) avant
d’envisager une solution qui pourrait prendre la forme de larges concertations nationales.
Le Haut Conseil d’Etat soutenu par une forte coalition comprenant le RFD d’Ahmed Ould Daddah, estime que le retour du président renversé constitue une «ligne rouge», mais que le retour à l’ordre constitutionnel, interviendra néanmoins à l’issue des «Etats Généraux de la Démocratie» prévus avant la fin de l’année 2008, dans lesquels, il sera décidé entre autres, d’une révision de la constitution, de la date d’une nouvelle élection présidentielle et de la candidature (ou non) des militaires.
En plus d’une forte médiatisation de sa politique de proximité avec les populations, le HCE qui a pu mener, avec succés, certaines réalisations au niveau social, mise plutot, sur le front intérieur mauritanien, pour résister aux pressions internationales. "Mais, certains partis politiques qui soutiennent le HCE et le poussent à résister aux pressions internationales -prévient un observateur- voudraient en fait, affaiblir les Militaires du HCE en les engageant dans une confrontation à l’issue incertaine". La communauté internationale réunie le 21 novembre à Addis Abeba avait décidé de l’envoi d’une mission de «la dernière chance» avant la tenue d’une réunion à Bruxelles le 12 décembre. Le Général Mohamed Ould Abdel Aziz, président du HCE tout en stigmatisant «ceux qui ont recours à l’Etranger pour imposer un blocus sur la Mauritanie» ne fait pas grand cas, des condamnations extérieures. «Les européens ne votent et ne sont éligibles en Mauritanie, les problèmes des mauritaniens concernent les mauritaniens » déclarait-il, lors d’ un meeting. Si «il n’y aura pas de progrès pour restaurer l’ordre constitutionnel, les organisations internationales concernées tireront les conclusions de cette situation et enclencheront le dispositif relatif aux mesures à prendre contre les auteurs du coup de force», a déclaré le 1er décembre à Dakar, M. Said Djinnit, représentant personnel du secrétaire général des Nations Unies, pour l’Afrique de l’Ouest (Unowa).
Le responsable onusien a mis en garde contre le fait de percevoir ce qui c’est passé en Mauritanie comme "un fait accompli", indiquant que "si ce coup d’Etat va réussir, il peut créer des situations similaires où d’autres coups seront menés dans d’autres pays de la sous-région ouest africaine".
"Etant donné qu’il y a dans la sous-région, au sein de la classe politique, des situations marquées par des divergences, l’armée pourrait être tentée d’intervenir dans la scène politique sous prétexte de trouver une solution aux problèmes nés de ces divergences et de garantir la stabilité", a expliqué M. Djinnit.
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