Trente-huit personnalités mauritaniennes à majorité des retraités ayant soutenu tous les régimes depuis l’indépendance et dont des hauts fonctionnaires nommés par la junte militaire au pouvoir suite au coup d’état du 6 août, ont adressé une lettre ouverte au président français Nicolas Sarkozy, dans laquelle ils jugent "inacceptables" le retour au pouvoir du président déchu, tout comme les sanctions utilisées pour l’obtenir.
Les signataires, font valoir que "depuis l’indépendance (en 1960), et malgré le grand nombre de changements à la tête de l’etat (putsch), aucun président n’a guère été rétabli" oubliant peut être que la Mauritanie n’a jamais eu un président démocratiquement élu à part Sidi Ould Cheikh Abdellahi. Les signataires menacent même la France, et interpellent M. Sarkozy afin que les deux pays, disent-ils, "ne soient pas entraînés dans un engrenage régional et international qui ne manquerait pas de casser cette harmonie tant matérielle que morale, des rapports que nous avons toujours su préserver des tempêtes contingentes". Ils affirment au président français, que la communauté internationale risque de pousser le pays "dans des retranchements de désespoir", et au pire de le précipiter "vers une somalisation aux conséquences incalculables". Cette mise en garde souvent ressassée dans la rhétorique des défenseurs du coup d’état du 6 août est interprétée dans les milieux anti- putsch comme un message par lequel « la junte pourra en cas de sanctions affamer le peuple, ouvrir les frontières à tous les trafics et diviser les mauritaniens en milices rivales». Elle viserait selon le politologue Adama Sow dit Yaya « à faire plier la communauté internationale à l’ordre instauré par le coup de force en tournant la page de Sidi Ould Cheikh Abdallahi ». Des observateurs estiment cependant que la communauté internationale n’a pas le choix et que la réussite coup d’Etat au delà de la remise en cause d’un processus democratique cautionné par cette même communauté internationale en mars 2007 risque d’ouvrir la porte à d’autres coups d’Etats en Mauritanie et dans la sous région.
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