Dans un communiqué diffusé lundi 20 octobre à l’issue d’une rencontre à Paris entre l’UE et le chef du Gouvernement de la junte au pouvoir, l’Union Européenne (UE) a donné un mois à la junte pour présenter des propositions pour un retour à l’ordre constitutionnel, faute de quoi les européens déclencheront un processus de sanctions.
"L’Union Européenne (UE) n’a pas pu noter de propositions satisfaisantes de la partie mauritanienne", souligne l’UE dans ses conclusions après la rencontre. Les propositions du Gouvernement de la junte "n’incluent pas une libération immédiate et sans conditions du président légitime Sidi Ould Cheikh Abdallahi et restent dans un cadre fondamentalement non constitutionnel et illégitime sans perspectives de retour à l’ordre constitutionnel dans le court terme", a indiqué l’Union Européenne. "Dans l’absence de nouveaux éléments dans un espace d’un mois, les consultations seront fermées et des mesures appropriées seront proposées aux instances décisionnelles de l’union européenne", a précisé l’UE. Par cette expression, l’Union Européenne fait référence à des sanctions prévues par la convention de Cotonou, qui lie l’UE aux pays de la zone Afrique-Caraïbes-Pacifique.
Les discussions UE/Junte sont intervenues deux mois et demi après le renversement du président Ould Cheikh Abdallahi, élu démocratiquement en mars 2007. Le secrétaire d’Etat français à la coopération, Alain Joyandet, a déclaré que "si aucune solution n’est trouvée, ce sont les accords de Cotonou qui se poursuivent", tout en précisant qu’il "ne souhaite pas du tout qu’on en arrive là et qu’on isole la Mauritanie". Ces accords prévoient que le dialogue "peut formellement durer plus qu’un mois, mais on a souhaité ne pas utiliser tout ce délai", a-t-il expliqué. "Les solutions, on n’a pas besoin de trois mois pour les trouver", a-t-il dit. "Ce qui compte, c’est de réussir à enclencher quelque chose assez rapidement". L’UE et les représentants de junte ont "un désaccord de fond sur la situation, notamment au regard de la constitution", a-t-il dit. "Eux disent : on a fait une «Rectification», et nous, on dit : vous avez fait un Coup d’Etat", a fait valoir M. Joyandet. "Eux, ils considèrent que la constitution est toujours en vigueur, qu’elle fonctionne, et nous on dit : non, la constitution ne peut pas fonctionner avec un président démocratiquement élu, déchu et sous résidence surveillée", a poursuivi le secrétaire d’Etat français. M. Joyandet a précisé qu’il se rendrait "prochainement en Mauritanie" après avoir "obtenu l’assurance" du chef de la délégation mauritanienne, le Premier ministre nommé par la junte Moulaye Ould Mohamed Laghdaf qu’il aurait "la possibilité de rencontrer le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi".
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