Quatre jours après l’ultimatum fixé (le 22 septembre) par la communauté internationale à la junte au pouvoir chez nous, les députés mauritaniens, favorables au coup d’Etat militaire du 6 août ont déclaré rejeté (par la voix de l’un de leurs portes-parole) l’ultimatum du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l’Union Africaine (UA).
Cet ultimatum est relatif au retour à l’ordre constitutionnel par le rétablissement inconditionnel de l’ancien président, Sidi Ould Cheikh Abdallahi dans ses fonctions, à la date du 6 octobre 2008 au plus tard. Au nom des ses amis députés et sénateurs, le parlementaire Sidi Mohamed Ould Maham qu’on dit proche du Général Ould Abdel Aziz président du Haut Conseil d’Etat (HCE-junte) a déclaré le 26 septembre à Nouakchott, le "rejet catégorique" de l’ ultimatum, estimant qu’il s’agit là d’une ""tentative d’entraîner le pays dans une guerre civile". "Nous ne privilégierons pas la légitimité du président ou d’une personne sur les intérêts de tout un peuple et ses institutions constitutionnelles et démocratiques qui fonctionnent normalement depuis le mouvement de redressement survenu le 6 août ", a-t-il indiqué, se disant par la même occasion, «surpris» par les menaces de sanctions brandies par l’UA à l’encontre de députés qui représentent «la volonté du peuple mauritanien». Ould Maham a ajouté que la position du CPS est en «contradiction flagrante» avec celle de l’UA qui rejette toute ingérence étrangère dans les conflits qu’a connus le continent, notamment les crises au Zimbabwe et au Kenya. Il a affirmé que ses amis sont scandalisés par cet ultimatum qui "émane d’une institution censée servir la paix en Afrique et qui s’emploie au contraire à susciter la guerre civile et attiser les contradictions dans notre pays". Faisant vraisemblablement appel à la fibre patriotique des Mauritaniens trés sensible à «l’ingérence extérieure», Ould Maham a poursuivi : "Nous avons l’exemple des solutions à l’africaine, au Zimbabwe et au Kenya, on aurait pu aller dans ce sens en Mauritanie, mais apparemment notre pays est vu comme le maillon le plus faible", a-t-il protesté, affirmant que «Le retour de l’ex-président au pouvoir est une ligne rouge à ne pas franchir». "L’UA et le reste du monde doivent savoir que le projet du retour du président déchu serait fatal pour la Mauritanie, l’ancien président étant une partie du problème. Son retour n’est pas négociable, tout le reste par contre peut être discuté", a-t-il averti. Ould Maham n’a pas été précis sur la signification de ce « tout le reste » dont il a fait part. Signifie t-il dans le cadre d’une solution, l’exclusion du président élu parce qu’il est «une partie du problème»? ou l’exclusion du HCE, lui aussi, «partie du problème»? Ould Maham a estimé que l’ UA devait tenir compte de la « feuille de route » initiée par les parlementaires favorables au coup d’Etat. Cette feuille de route prévoit une élection présidentielle dans 12 à 14 mois, précédée de journées de concertations ouvertes à toutes les forces politiques du pays et aux partenaires étrangers de la Mauritanie. Elle a été rejetée par le Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD) une coalition de partis politiques farouchement opposés au coup d’Etat qui considèrent la feuille de route comme une consécration du «fait accompli» et une «légitimation du putsch». "Le problème en Mauritanie ce n’est pas une feuille de route, ou des élections, mais plutot les putsch", a souligné un dirigeant du FNDD.
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