39 députés dont 29 du parti ADIL ont déposé comme prévu lundi 30 juin une motion de censure devant le Parlement qui siégeait en séance plénière pour le renouvellement de son bureau et qui a ajourné cette séance, jusqu’au jeudi prochain.Le dépôt est intervenu en l’absence du président Sidi Ould Cheikh Abdellahi, qui se trouve en Egypte pour le sommet de l’Union Africaine et avant que le nouveau Premier ministre ne présente sa déclaration de politique générale devant le Parlement.
Les signataires reprochent au Gouvernement "le recul de tous les indicateurs de croissance", la "mauvaise gestion des revenus pétroliers", "l’échec du plan spécial d’intervention pour alléger le renchérissement des prix", "l’opacité dans la gestion du budget de l’Etat" et "l’accentuation du chômage et de l’appauvrissement des populations". Un député signataire de la motion a déclaré que ses amis reprochent également au Gouvernement de comporter des ministres de l’UFP et de Tawassoul (Islamistes), deux partis de l’opposition démocratique qui ont fait leur entrée au cabinet formé par Ould Ahmed El Waghef le 11 mai. «Le Gouvernement doit refléter seulement la majorité politique qui a élu le président de la République au premier et deuxième de la présidentielle de mars 2007» a-t-il dit. La motion déposée doit bénéficier du vote de 48 députés pour produire son effet et ne pourra pas se passer du concours des députés de l’Opposition démocratique. Elle constitue un nouveau développement de la crise au sommet entre le Chef de l’Etat et les principaux chefs de l’Armée. La première manifestation de cette crise avait été la démission le 23 juin dernier d’une vingtaine de cadres de ADIL. Certains observateurs estiment que le président Sidi Ould Cheikh Abdellahi dont le retour est prévu l’après-midi du 1er juillet usera de son droit de dissoudre l’Assemblée nationale et prendra des mesures vis-à -vis des militaires indexés par la presse, les politiques et même l’opinion publique d’être derrière les députés frondeurs. D’autres analystes excluent toute escalade, laissant entendre, que la crise va évoluer vers l’apaisement. Ils estiment que le dépôt de la motion doit amener le Gouvernement de Ould Waghef à vider le plancher, pour permettre la désignation d’une équipe acceptée par les députés frondeurs. Sinon, disent les mêmes sources, le président de la République pourrait se rabattre sur les partis de l’ex-Coalition des Forces du Changement Démocratique (CFCD) pour former un Gouvernement d’union nationale dans lequel la part belle sera donnée à des partis comme le RFD, l’APP, le HATEM, l’AJD /MR qui pourraient constituer en plus de l’UFP, de Tawassoul et de ce qui reste du Parti ADIL, un rempart contre les députés ADIL frondeurs et leurs alliés de l’ancienne majorité sous Ould Taya. Mais devant la perspective que la nouvelle équipe fasse de nouveau, l’objet d’une autre motion de censure, cela voudrait dire que le pays évolue vers un blocage dangereux, qui imposera la dissolution du Parlement et l’organisation d’élections législatives dans les 40 jours qui suivent. Une perspective qui ne fait pas peur au député El Ghassem Ould Bellali, (c’est lui-même qui nous l’a dit) mais qui peut néanmoins, donner des sueurs froides à d’autres députés. Autre contrainte dans ce cas de figure, avec la crise de confiance actuelle, le succès de telles consultations électorales exigera la surveillance internationale, difficilement mobilisable dans 40 jours.
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