Comme l’avait promis la ministre de l’Education Nationale dans sa conférence de presse tenue le 6 juin, les examens de passage en classe supérieure au niveau du secondaire ont été organisés le 8 juin sur toute l’étendue du territoire national.
La grève des professeurs entamée depuis le 29 mai n’a donc pas empêché leur déroulement.
C’est le premier vrai camouflet essuyé par les professeurs qui se targuaient de contrôler 88 % du corps professoral, mettant récemment en garde contre l’organisation d’examens préjudiciables disent-ils, à l’avenir des enfants alors qu’eux, organisent un grève tout autant préjudiciable, aux enfants, aux enseignants et à l’éducation. A la première journée, les examens se sont déroulés convenablement à l’intérieur du pays. A Nouakchott, dans la matinée du 8 juin, au collège des jeunes filles, les examens se sont déroulés malgré l’absence de la moitié des professeurs. Au lycée Arabe, certains élèves apparemment solidaires des professeurs grévistes ont quitté les salles tandisque la majorité des élèves était restée en classes. Au Lycée «El jedida» de Teyarett, les examens se sont déroulés comme prévu.
Les parents d’Elèves soutiennent la tenue des examens
Les associations de parents d’élèves de Nouakchott avaient annoncé samedi 7 juin soutenir la tenue d’examens de fin d’année dans les lycées et collèges, programmés le 8 juin par le gouvernement en dépit d’une grève de professeurs de l’enseignement secondaire. Dans son communiqué, l’Union des Associations des Parents d’Elèves de Nouakchott affirme qu’elle "usera de tous les moyens possibles pour que soient organisés les examens de passage dans les lycées et collèges suivant le timing prévu et dans les conditions les meilleures". Cette position constitue un soutien à la décision du ministère de l’Education d’organiser les compositions de fin d’année le 8 juin en dépit d’une grève déclenchée par le Syndicat indépendant des professeurs de l’enseignement secondaire."Nous refusons toute escalade dans la crise, tout comme nous rejetons toute tentative de politisation du mouvement des professeurs", précise l’Union des Associations de Parents d’Elèves. L’Union des Parents d’Elèves a rappelé que des associations et parlementaires avaient essayé en vain le 5 juin de rapprocher les positions des deux parties et avoir tout fait pour soutenir les doléances des professeurs et leur obtenir des acquis sociaux, mais a estimé que «la période choisie par les professeurs pour lancer leur mouvement est très critique et comporte des risques d’année blanche aux conséquences incalculables».
«Les portes du département restent ouvertes»
Malgré la poursuite de la grève des professeurs du secondaire, Mme Nebghouha mint Mohamed Vall, ministre de l’Education Nationale, a annoncé vendredi 6 juin le maintien pour dimanche (8 juin) des examens de fin d’année dans le secondaire. Selon la ministre, plus de 60% des professeurs du secondaire ne sont pas en grève. Un effectif «suffisant pour mener à bien les examens», a-t-elle dit. «Nous avons pris toutes les mesures pour en garantir leur bon déroulement», a affirmé la ministre. Le Syndicat Indépendant des Professeurs de l’Enseignement Secondaire (SIPES- dominé par les islamistes), est en grève depuis le 29 mai pour réclamer l’amélioration des salaires des professeurs au titre du budget 2009, et la révision des cycles de l’enseignement pourtant déjà entamés par le ministère.
Ce syndicat qui prétend représenter plus de 80% des effectifs dans son ordre d’enseignement, avait dans un communiqué publié jeudi 5 juin, mis en garde contre l’organisation des examens et affirmé avoir répondu favorablement à une médiation menée par des parlementaires et membres des associations de parents d’élèves mais qui se serait heurtée, selon lui, au refus du ministère de donner des engagements écrits par rapport à ses doléances.
"Ni les parlementaires ni nous mêmes ne pouvons nous hasarder à prendre à ce stade des engagements par rapport au budget de 2009", a répondu la ministre au cours de la conférence de presse tenue vendredi au ministère de l’Education Nationale. Mme la ministre a réitéré sa confiance dans le "sens de responsabilité et le civisme des professeurs pour regagner les classes dès le début de la semaine afin d’aider au succès de l’année scolaire" et exprimé sa satisfaction par rapport aux enseignants qui ont continué à exercer leur devoir pédagogique.
«Toutes les mesures garantissant le déroulement des compositions dans les meilleures conditions » sont prises pour évaluer en toute objectivité et transparence le travail des élèves durant l’année scolaire qui s’achève». Revenant sur les enseignants encore en grève, la Ministre dira que « les portes du département restent ouvertes à tous les acteurs concernés » dans le souci de discuter et de manière objective, des conditions qui puissent amener les parties (syndicats et Ministère) à atteindre «les nobles objectif ». Pour Madame la Ministre, l’objectif c’est «d’édifier un système éducatif capable de former les générations à venir conformément à nos aspirations sur le plan scientifique et moral ». «Les enseignants ayant observés le mouvement de grève la semaine dernière finiront par revenir à la raison et à la conscience professionnelle en plaçant l’intérêt général des enfants au-dessus de toutes autres considérations ».
Le RFD veut rebondir sur la grève
Le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) principal parti de l’opposition mauritanienne, après un duel avec le gouvernement le mois dernier au sujet du projet de loi relatif à l’Opposition a rebondi sur la grève des enseignants. Le RFD a critiqué mercredi 4 juin "l’entêtement" du gouvernement face aux "revendications justes" des professeurs de l’enseignement secondaire en grève depuis le 29 mai."Le RFD condamne l’entêtement et l’insouciance avec lesquelles le gouvernement fait face à la grève des professeurs de l’enseignement secondaire" affirme le parti dans un communiqué. Le parti de l’opposition a réagi près d’une semaine après le lancement du mouvement par le syndicat indépendant des professeurs de l’enseignement secondaire (SIPES).Le parti d’Ahmed Ould Daddah, appelle le gouvernement à "prendre des mesures urgentes pour parvenir à un accord avec les professeurs afin que soient évités au pays les désagréments d’une année blanche et que soient satisfaites les doléances justes des professeurs".
Compte rendu Ibou Badiane
Communiqué du Ministère de l’Education Nationale
Une semaine après le début de la grève annoncé par l’un des syndicats de l’enseignement secondaire, il s’avère que plus de 60% des enseignants sur toute l’étendue du territoire national ont continué à exercer leur devoir pédagogique. Le premier enseignement que l’on peut tirer de ce constat, c’est que le souci de l’intérêt général a animé le comportement positif de la majeure partie des enseignants durant la semaine écoulée et nous espérons que leurs collègues grévistes ne tarderont pas à les rejoindre pour que les choses rentrent dans l’ordre et que l’année scolaire se termine dans des conditions normales. Au plan des examens, le Ministère a pris toutes les mesures garantissant le déroulement des compositions dans les meilleures conditions permettant d’évaluer en toute objectivité et transparence le travail des élèves durant l’année scolaire qui s’achève. C’est dans ce cadre que le dimanche 8 juin 2008 sera le début du démarrage des compositions de passage sur toute l’étendue du territoire national. Le département tient, par ailleurs à rassurer l’ensemble de la famille éducative (élèves, parents d’élèves et enseignants) que tout sera mis en place pour garantir le bon déroulement des étapes ultérieures du processus afin que tout se passe dans des conditions optimales. En tout état de cause, les portes du département restent ouvertes à tous les acteurs concernés (syndicats, associations etc…), dans le but d’atteindre les nobles objectifs pour lesquels nous oeuvrons tous afin d’édifier un système éducatif capable de former les générales à venir conformément à nos aspirations sur le plan scientifique et moral. Aussi, l’ensemble des doléances légitimes des enseignants seront suivies et examinées dans un esprit positif en vue de les satisfaire en tenant compte des exigences du moment. Nous demeurons confiants que les enseignants ayant observé le mouvement de grève la semaine dernière finiront pas revenir à la raison et à la conscience professionnelle en plaçant l’intérêt général des enfants au-dessus de toutes autres considérations. C’est pourquoi nous les invitons à regagner les classes afin que l’année scolaire soit couronnée par la participation de tous les enseignants. Le Ministère souhaite plein succès aux élèves en cette fin d’année.
|
