Sommet de la Ligue arabe : Contraintes et opportunités d’un test diplomatique grandeur nature   
27/03/2016

La Mauritanie s’apprête à accueillir au mois de juillet 2016 un sommet de la Ligue arabe, dans une période cruciale marquée par de fortes dissensions au sein de l’organisation et des enjeux difficiles dans le Maghreb arabe. Alors que le Maroc a rejeté l’organisation d’un ...



... tel sommet, l’Algérie a émis quant à elle des réserves sur la dernière décision classant le Hezbollah libanais comme organisation terroriste.
Le choix de la Mauritanie pour abriter le prochain sommet de la Ligue Arabe, décidé en fin février dernier, avait pris les autorités nationales au dépourvu. Programmé au préalable à Rabat, le désistement in extremis du Maroc, a mis en effet la Mauritanie dans l’embarras du choix. Mais la prompte réaction des autorités qui ont répondu vite aux sollicitations de la Ligue arabe semble avoir été dictée par plusieurs impératifs, dont la moindre est l’opportunité offerte à la Mauritanie d’organiser pour la première fois un tel sommet, avec tout ce que cela représente comme capital diplomatique qui viendrait s’ajouter à d’autres, engrangés sur le plan africain et international. Mais la réponse positive de la Mauritanie par rapport à l’accueil d’une rencontre d’une telle envergure ne manquera pas certainement de faire grincer des dents, notamment de la part de tous ceux qui ont cherché depuis longtemps à l’empêcher de boxer dans la cour des grands. Briser la logique d’une lutte de leadership circonscrite au sein du Maghreb Arabe, entre le Maroc et l’Algérie, avec la Mauritanie comme éternel challenger et wagon de rescousse à embarquer par l’un ou par l’autre, aurait certainement pesé dans la balance. En effet, la Mauritanie de Mohamed Abdel Aziz ne semble plus disposée à jouer les seconds rôles dans un monde où les positionnements libres valent leur pesant d’or. Le rapprochement avec l’Arabie Saoudite du Roi Selmane qui semble s’enorgueillir de ses lointaines attaches mauritaniennes constitue en effet un atout considérable pour la Mauritanie qui compte sur la diplomatie saoudienne pour conforter sa position dans un monde arabe où elle avait rarement un mot à dire.
Seulement, les relations de la Mauritanie avec ses voisins du Nord semblent de plus en plus distendues. En effet, avec le Maroc les relations ne sont pas au beau fixe depuis plusieurs années malgré les démentis des deux côtés, sinon pourquoi Nouakchott se refuse toujours à nommer un ambassadeur à Rabat, notent plusieurs observateurs. La présence au Royaume chérifien d’opposants notoires au régime de Nouakchott,  ce qui peut être assimilé à un acte belliqueux, semble être pour ces mêmes observateurs, le point principal de discorde entre les deux pays.
Cette brouille sur l’axe Nouakchott-Rabat semblait conforter l’Algérie, qui avait consolidé ses relations avec la Mauritanie, notamment sur le plan sécuritaire, militaire et économique, avec la construction de la route Tindouf-Choum, qui permettait de désenclaver la région du Tiris-Zemmour et de relier Zouerate au reste du pays, après plus d’un demi-siècle d’indépendance. Seulement, des sources de presse rapportent quelques nuages de discorde également sur l’axe Alger-Nouakchott.  Est évoqué, la récente participation de la Mauritanie aux manÅ“uvres militaires qui viennent de s’achever en Arabie Saoudite. Interpellé à plusieurs reprises sur les relations houleuses entre la Mauritanie et ses deux voisins du Maghreb, le ministre porte-parole du gouvernement a cependant toujours nié l’existence de la moindre divergence.
Reste que le prochain sommet de la Ligue arabe intervient dans un contexte marqué par une instabilité au Proche et au Moyen Orient, avec la guerre civile en Irak , en Libye et en Syrie, la confrontation au Yémen, l’instabilité politique et sécuritaire en Tunisie, en Somalie et au Liban. Mais la question centrale du monde arabe, à savoir la question palestinienne et lsraël ont depuis longtemps déserté les ordres du jour de la Ligue Arabe, transformé depuis belle lurette en espace de confrontations verbales et de règlements de compte entre arabes et musulmans. La Mauritanie qui a toujours défendu le dossier palestinien a du mal à retrouver son champ de bataille de prédilection dans une Ligue désormais acquise, selon certains analystes, aux pétromonarchies du golfe menées par l’Arabie Saoudite. Cette dernière aurait même réussi à faire adopter une résolution classant le mouvement de résistance chiite au Liban, le Hezbollah, comme organisation terroriste. Résolution par rapport à laquelle plusieurs pays membres de la Ligue, comme l’Irak et l’Algérie entre autres, ont observé une réserve. Mais pas la Mauritanie. Quid des relations diplomatiques de la Mauritanie avec la Syrie de Bachar Al Assad et de ses relations avec l’Iran ? Son rapprochement actuel avec l’Arabie Saoudite va-t-il impacter dans ses choix diplomatiques ?
Autant de questions qui restent en suspens et dont la réponse pourrait peut-être poindre à l’issue du prochain sommet de la Ligue arabe prévue à Nouakchott au mois de juillet prochain.
Dieh Moctar


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