C’est le retour à la normale serait-on tenté de dire, après la formation de la nouvelle équipe gouvernementale le 11 mai 2008. Sous des pressions et des chantages, le président Sidi Ould Cheikh Abdellahi avait insisté pour qu’aucun membre des gouvernements antérieurs ne figure au sein de l’équipe formée le 27 avril 2007.
Résultat : un attelage dit technocratique avec des membres à écrasante majorité composés de novices inexpérimentés, qui ont multiplié les bourdes et les déconvenues faisant perdre au pays du temps et de l’argent et consacrant une rupture par leur étrange langage avec leurs concitoyens. Polémique sur les chiffres, affaires de drogue, émeutes de novembre 2007, déficits de production d’eau et d’électricité, hausse de la criminalité et des prix, terrorisme jihadiste; le tableau était sombre, au moment où le front intérieur n’était pas assez soudé et en dépit de l’engagement de la communauté internationale à nos cotés à la faveur du club de Paris. Depuis le 11 mai, la Mauritanie, a enfin un gouvernement politique et représentatif. Un gouvernement de large coalition comprenant les partis les plus représentatifs de l’ex-opposition avant le 3 août 2005 (APP, UPP et Tawassoul-islamistes). Des partis qui malgré leur crédibilité, n’avaient pas engrangé un raz de marée électoral aux élections municipales et législatives de novembre 2006. Le choix des électeurs s’était plutôt manifesté en faveur de ceux qu’on appelait «les symboles du régime déchu». Mais qui ne l’est pas dans ce pays ? Du moment que tout celui qui avait servi sous Ould Taya est perçu tel, ce schéma réducteur n’épargnera donc pas Messaoud Ould Boulkheir et Sidi Ould Cheikh Abdellahi qui furent, tous les deux, ministres sous Ould Taya. La majorité des mauritaniens étaient avides de changement le 3 août, mais pas de n’importe quel changement. Et l’écrasante majorité des mauritaniens a tranché. En démocratie, c’est la loi de la majorité. En appelant des poids lourds politiques comme Boidiel Ould Houmeid, Cheikh El Avia Ould Mohamed Khouna le Premier ministre Ould Ahmed Waghef qui a démontré son expertise, et surtout sa grande capacité d’écoute, a voulu donner de la place à la représentativité, à l’expérience et l’anteroirité, loin des préjugés et des rumeurs malveillantes et infondées, véhiculées par ceux qui veulent se faire une place au soleil, en diabolisant autrui. En ouvrant le gouvernement à Tawassoul, l’un des plus grands partis politiques de Mauritanie ainsi qu’à l’UFP, le Premier ministre crédibilise davantage son gouvernement avec deux autres partis de l’ex-opposition qui ont acquis leurs lettres de noblesse dans la lutte contre l’arbitraire et les archaïsmes. Très bien accueillie, la nouvelle équipe doit sans tarder et dans l’esprit d’équipe et la solidarité gouvernementale s’atteler à relever les défis de l’heure : la réussite de la campagne agricole 2008, le succès du programme spécial d’intervention, l’Etat de droit, la modernisation économique et sociale. Loin des habituelles complaintes et des éternelles lamentations. MAOB
|