L’armée malienne a dit mercredi s’être emparée de la localité d’Anefis à l’issue de combats acharnés avec les rebelles touaregs du MNLA et se dirige vers Kidal, dernière place-forte des insurgés, à une centaine de kilomètres plus au nord.
Il s’agit des premiers affrontements entre le Mouvement national de libération de l’Azawad et l’armée malienne depuis l’intervention française au Mali lancée en janvier pour chasser les islamistes armés du nord du pays. L’opération "Serval" a permis de repousser les groupes liés à Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui se seraient regroupés dans le sud de la Libye. Seule Kidal était encore aux mains des hommes du MNLA. Lundi, le gouvernement provisoire a accusé les rebelles touaregs de se livrer à une chasse aux noirs à Kidal, que l’armée a promis de reprendre d’ici les élections législatives et présidentielle du 28 juillet. "Nos soldats ont pris Anefis ce matin après de violents combats", a déclaré le porte-parole de l’armée, le colonel Souleymane Maïga, en précisant que les affrontements avaient débuté dans la matinée. Interrogé par téléphone à la télévision nationale, le colonel Didier Dacko, qui faisait partie du commandement de l’opération, a fait état d’un mort et de deux blessés parmi ses hommes. Les combats ont selon lui duré deux heures. Selon un autre militaire malien ayant requis l’anonymat, les combattants du MNLA ont abandonné leurs véhicules et se sont enfuis en direction de Kidal. A la tombée de la nuit, les forces gouvernementales ont progressé vers Amessine, à 37 km de Kidal, et des renforts ont été dépêchés de Gao et de Menaka, dit-on de sources militaires. Faisant état de deux morts et de trois blessés parmi les rebelles, Ibrahim Ag Assaleh, figure politique du MNLA, a expliqué que le mouvement avait quitté Anefis pour se regrouper en vue d’une contre-offensive. "Puisque l’armée malienne nous attaque, rien ne nous empêche plus d’aller vers le sud, vers Tombouctou et Gao. Nous demandons aux forces africaines et françaises de rester neutres", a-t-il déclaré. PARIS APPELLE AU DIALOGUE Selon des habitants de Kidal, plusieurs véhicules du MNLA sont arrivés en ville après l’affrontement, ramenant six tués et une dizaine de blessés. Un employé malien d’une ONG joint par téléphone avait auparavant indiqué que Kidal était déserte et que les éléments armés du MNLA qui patrouillaient dans les rues avaient disparu à la nouvelle de la chute d’Anefis. "On ne voit plus de gens du MNLA. Les boutiques, les entreprises, le marché - tout est fermé aujourd’hui. Nous restons tous à la maison", a-t-il dit. Le MNLA, allié dans un premier temps avec les groupes djihadistes qui s’étaient emparés du nord du Mali avant d’être écartés par ces derniers, rejette les appels à déposer les armes lancés par Bamako. Les rebelles touaregs ont prévenu qu’ils s’opposeraient à toute tentative de reconquête de Kidal. Ils disent être ouverts à des pourparlers avec le gouvernement dans l’hypothèse où le droit à l’autodétermination de l’Azawad ("Le pays de la transhumance", en langue tamachek) serait reconnu. La France a fait savoir qu’elle appuyait les efforts du gouvernement malien pour rétablir son autorité sur l’ensemble du territoire national tout en insistant sur le caractère pacifique que doit revêtir une opération devant éviter, selon Paris, toute victime civile. "Nous souhaitons que le dialogue soit établi entre le MNLA et le gouvernement malien", a déclaré mercredi Laurent Fabius sur France 24. Le chef de la diplomatie française a précisé que l’armée malienne n’avait, "à (sa) connaissance", pas décidé "pour le moment d’aller sur Kidal", tout en assurant que Paris, qui peut craindre que les combattants touaregs ne rebasculent du côté des insurgés, n’avait pas cherché à l’en dissuader. "Nous n’avons pas de demande de ce type à formuler, nous disons qu’il faut que les élections aient lieu partout", a dit Laurent Fabius. "L’objectif c’est d’arriver avant le 10 juin (...) à un accord pour que les élections aient lieu a Kidal.". Plus tôt dans la journée, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères avait appelé le MNLA à renoncer à la lutte armée "et à poursuivre les discussions avec les autorités maliennes". "Il ne peut et ne doit y avoir au Mali qu’une seule armée. Elle a vocation à se déployer sur l’ensemble du territoire", a-t-il dit lors d’un point de presse La France, l’ancienne puissance coloniale, avait lors de l’opération "Serval" évité de cibler le MNLA, qui a depuis pu reprendre certaines zones, dont la ville de Kidal, au pied de l’Adrar des Ifoghas. Cette situation a quelque peu tendu les relations entre Paris et le gouvernement provisoire malien. (Reuters)
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