Tunisie: le mausolée d'une sainte incendié par des individus cagoulés   
17/10/2012

Le mausolée, ou zaouia, d’une sainte tunisienne a été attaqué et incendié mardi à l’aube par des individus cagoulés, a rapporté l’agence officielle TAP. L’incendie a ravagé presque totalement le sanctuaire dont les murs ont été noircis par les flammes.



Selon le témoignage de quatre femmes âgées résidant dans le sanctuaire, cinq individus cagoulés ont pris d’assaut l’édifice, situé à La Manouba, une banlieue du nord-ouest de Tunis, à 3h00 locales (4h00 GMT).
Les individus sont entrés directement dans la pièce où se trouve le tombeau, sur lequel ils ont versé un liquide hautement inflammable avant d’y mettre le feu, selon un communiqué du ministère de l’Intérieur qui a dépêché une patrouille sur les lieux.
Avant de prendre la fuite, les assaillants, non identifiés, ont subtilisé deux bagues et un téléphone portable appartenant aux résidentes, en plus d’un mouton et de deux chèvres appartenant à un voisin, a ajouté le ministère, qui a ouvert une enquête pour identifier les auteurs de l’agression.
La sainte dont le mausolée a été attaqué est Lella Manoubia, de son vrai nom Saïda Aïcha Manoubia. Elle a vécu de 1180 à 1257. Disciple d’Aboul Hassan Al-Chadhili, un saint musulman d’origine marocaine qui a longtemps vécu en Tunisie, et imprégnée du savoir scientifico-théologique, elle est considérée comme "un haut pôle" de la dignité soufie.
Sa sépulture est toujours visitée par les femmes afin d’obtenir l’exaucement de leurs voeux ou la guérison de malades. Les adeptes viennent aussi le dimanche participer à la cérémonie de transe animée par des officiantes femmes.
En mars dernier, un groupe de salafistes avait distribué des tracts au sanctuaire de Lella Manoubia appelant les visiteurs à rompre avec cette pratique jugée "blasphématoire" et sans rapport avec l’Islam.
L’acte est loin d’être isolé. Mercredi dernier, un autre incendie s’est déclaré dans la zaouia de Sidi Bouhdida à El Fahs, à une cinquantaine de kilomètres de Tunis.
Le tombeau, des lustres ainsi que des livres saints ont été détruits.
Des mausolées ont été la cible d’attaques similaires en Libye, au nord du Mali et en Somalie.
Les islamistes radicaux estiment que vénérer un saint consiste à porter atteinte à l’unicité de Dieu.
Le 14 septembre dernier, l’ambassade des Etats-Unis et l’école américaine de Tunis avaient été le théâtre de violences de la part de salafistes qui entendaient protester contre un film tourné en Californie jugé offensant vis-à-vis de l’islam.
Outre d’importants dégâts matériels dont une centaine de voitures incendiées, quatre personnes avaient trouvé la mort lors de ces troubles.(Afp)


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