Conscients de leur poids politique en Libye, les Amazighs (berbères) s’organisent pour réclamer de nouveaux droits, exigeant en particulier la reconnaissance officielle de leur langue, le tamazight. Lundi 26 septembre, les militants amazighs ont organisé le "Premier forum...
...amazigh libyen", une réunion - impossible durant les 41 années de règne de Mouammar Kadhafi - intitulée "Officialisation de la langue amazighe et soutien à l’unité nationale". La conférence, sans précédent en Libye, a débuté avec le nouvel hymne national chanté en arabe et en tamazight. "Nous ne croyons pas aux partis politiques fondés sur (l’identité) différente des Amazighs, mais nous voulons dire au gouvernement de transition et au gouvernement qui suivra que les Amazighs font partie intégrante de la vie politique", a lancé Fathi Abou Zakhar, président du comité préparatoire. "Nous voulons que le tamazight soit un droit inscrit dans la Constitution", a-t-il poursuivi devant des dizaines de participants, conscient du poids politique des Amazighs, les "hommes libres" en langue berbère. Les berbérophones, dont la présence en Libye remonte à près de 10.000 ans, représentent près de 10% des six millions de Libyens et sont majoritairement installés dans les régions des Montagnes du Nefoussa (nord-ouest), de Zouwarah (120 km à l’ouest de Tripoli) et de Ghadamès, à la frontière avec l’Algérie. Pourtant, parler ou écrire en public, lire ou imprimer en tamazight avait été interdit par le "Guide" libyen aujourd’hui en fuite. Mouammar Kadhafi est toujours resté soupçonneux à l’égard ce peuple, présent en Libye avant la conquête arabe du VIIe siècle et connu pour sa résistance militaire à l’occupation italienne au début du XXe siècle. Très actifs depuis le début, en février, de la révolte populaire devenue conflit armé contre le régime du colonel Kadhafi, les Berbères ont œuvré avec les Arabes a renversé le pouvoir libyen et espèrent désormais peser dans la vie politique et culturelle. Ils s’organisent d’ailleurs pour faire connaître leurs revendications en multipliant les manifestations publiques. Des milliers de personnes ont ainsi participé à un festival de musique berbère lundi à Tripoli, faisant résonner dans la capitale libyenne des airs longtemps interdits et hissant le drapeau berbère jaune, bleu et vert. "Je suis Libyenne, donc je suis amazighe, car le pays est originellement berbère", a déclaré Aïcha Madi, une militante de la cause berbère rencontrée sur la Place des Martyrs, ex-Place Verte emblématique du régime Kadhafi, où avaient lieu pour l’occasion des concerts et des feux d’artifice. "Nous sommes venus dire que nous sommes là , avec tous les Libyens. Amazighs et Arabes, nous sommes frères", a affirmé un autre Amazigh, Saïd Khalifa. "Personne ne nous volera cette victoire, pour laquelle nos fils ont versé leur sang", a-t-il averti, dans une allusion aux brigades de combattants anti-Kadhafi amazighes, dont de nombreux hommes étaient déployés sur la place pour assurer la sécurité des festivaliers. Mohammed al-Alagi, ministre intérimaire de la Justice au sein du Conseil national de transition, s’est rendu au festival et, drapé dans un drapeau amazigh, s’est dit "très heureux de ce grand événement".
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