Une centaine de personnes, essentiellement issues de diasporas africaines, ont manifesté mercredi à Paris "contre la corruption" de gouvernements africains et pour dénoncer la persistance des réseaux opaques de "la Françafrique", a constaté une journaliste de l’AFP.
Les manifestants, originaires de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, s’étaient rassemblés non loin du siège parisien de l’Unesco, où étaient réunis les présidents ivoirien Alassane Ouattara, sénégalais Abdoulaye Wade et mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, à l’occasion de la remise d’un prix. "J’aime la France, j’aime l’Afrique, mais je n’aime pas la France-à -fric", "A bas la Françafrique!", "Wade assassin! Ouattara assassin! Abdel Aziz assassin!", ont scandé les manifestants. L’avocat Robert Bourgi, un conseiller de l’ombre de l’Elysée pour les affaires africaines, a brisé dimanche le silence entourant habituellement ses activités et évoqué des mallettes de billets remises par des chefs d’Etat africains à l’ancien président français Jacques Chirac. Il a notamment affirmé que pour la campagne électorale de Jacques Chirac en 2002, "cinq chefs d’Etat africains -- Abdoulaye Wade (Sénégal), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Laurent Gbagbo (Côte d’Ivoire), Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville) et, bien sûr, Omar Bongo (Gabon)- ont versé environ 10 millions de dollars". "Heureusement que des hommes comme Bourgi parlent. Le roi est nu aujourd’hui. Wade doit partir. Et emmener son fils (Karim Wade, qui détient 5 portefeuilles ministériels) avec lui", a déclaré à l’AFP Cheikhna Camara, représentant du Parti socialiste sénégalais en France. "Wade a donné 5 milliards de francs CFA (environ 7,6 millions d’euros) à Chirac. Avec cet argent, il aurait pu régler les problèmes d’inondations et d’alimentation en électricité de tout Dakar", a affirmé pour sa part Zaccaria Coulibali, représentant du parti d’opposition de l’Alliance pour la République. Le porte-parole de la présidence sénégalais avait qualifié dimanche de "faux" et "archi-faux" les propos de Robert Bourgi, né à Dakar. De leur côté, les opposants mauritaniens ont dénoncé la "politique raciste" du régime du président Ould Abdel Aziz, dénonçant les conditions de l’organisation d’un recensement de la population qui vise, selon eux, "à priver de leur citoyenneté les Mauritaniens noirs".
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