Les membres du gouvernement continuent à défiler devant le parlement pour répondre aux questions orales des députés. C’est ainsi qu’après le ministre de la justice récemment malmené par les élus du peuple, c’était ce dimanche autour du ministre d’Etat...
..à l’Education d’essuyer les salves de critiques des députés qui ont mis à nu la situation désastreuse du secteur de l’éducation.
C’est le patron du parti « Tawassoul» M.Jemil Mansour qui a ouvert les hostilités en interrogeant M.le ministre sur la déliquescence et la gabegie qui selon lui sévit dans le secteur.
Le député a affirmé que : « Les chiffres disponibles démontrent le recul de l’enseignement à tous les niveaux.Le grand budget réservé à l’éducation ne va pas de pair avec les faibles performances du secteur. » M.Jemil a par ailleurs affirmé que : « Les professeurs ont été privés de correction du Baccalauréat parcequ’ils ont participé à une grève légale.Le gouvernement politise l’enseignement par les mesures populistes qu’il adopte. »
Ould Mansour s’est par ailleurs élevé contre certaines décisions du ministre jugées arbitraires.Il s’agit entre autres de « mutations pour sanction, des promotions pour fidélité, des fermetures abusives d’écoles, l’ignorance des problèmes des élèves et des professeurs. » M.Jemil a également reproché au ministre le fait de revendiquer des réalisations qui ne sont pas les siennes et qui sont à attribuer à l’un de ses prédécesseurs en l’occurence Nebghouha Mint Mohamed Vall qui fut ministre à l’époque du président Sidi et qui s’était distingué de l’avis général par des réalisations concrètes.
Piqué au vif par les observations incisives du député, le ministre d’Etat a appelé à la rescousse certains collaborateurs.Il s’agissait entre autres de prouver au député que le site web du ministère est à jour.Or tel n’est pas le cas comme à eu à le souligner M.Jemil qui a affirmé que la dernière mise à jour du site remonte à 2008 à l’époque de Nebghouha avec comme dernier élément mis en ligne un article incendiaire contre le SIPES.
Le ministre est apparemment floué par ses collaborateurs qui lui font avaler des couleuvres en lui faisant croire par exemple que le site est régulièrement mis à jour.Cet épisode est un coup dur pour M.le ministre apparemment pas au fait de ce qui se passe dans son département.
Les autres députés n’y sont pas allés non plus de main morte soulevant les grands problèmes auxquels fait face le secteur à savoir : la baisse inquiétante des niveaux des élèves, les problèmes du corps enseignant et du personnel administratif entres autres. Certains députés ont purement et simplement demandé au ministre de présenter sa démission car il a montré son incapacité à gérer le secteur.
Pour Mah Mint Semeta : « L’enseignement public n’intéresse plus personne et seuls les enfants des gardiens de maisons et des anciens esclaves continuent à le fréquenter. »
Le ministre qui n’était pas très chaud pour répondre à cette question fût de nouveau interpellé par Jemil Mansour qui a reformulé la question en ces termes : « M.le ministre, je veux savoir est ce qu’il y a dans les écoles publiques un fils du président, d’un ministre, d’un directeur,….les écoles dont vous parlez de l’amélioration de leurs conditions ? »
Pour sa part, la député Nouma mint Mogueya a affirmé que : « Le président a ignoré le secteur de l’éducation et ses conseillers n’osent pas lui dire la vérité et ils ne font que mentir en l’induisant en erreur avec des chiffres fictifs. »
Le ministre se réfugie dans la langue de bois
En réponse à cette remarque, le ministre d’Etat a répondu : « M.les députés, le président de la République est un grand homme et il accorde une très grande importance à l’Education. » Cette réponse a provoqué une hilarité générale au sein de la salle. M.le ministre a par la suite énuméré un chapelet de réalisations affirmant d’emblée que : « les réalisations du régime actuel dépassent tout ce qui a été fait depuis l’indépendance du pays. »Le ministre a par ailleurs cité des progrès réalisés au niveau des écoles fondamentales et secondaires ainsi que le projet des tables bancs.
Il a par ailleurs noté au sujet des journées de concertation que : «Nous sommes prêts à organiser ces journées si tout le monde accepte d’y participer. Les syndicats boycottent ces journées sur ordre des partis politiques. » Les syndicats crient au scandale S’agissant des syndicats, notons que le SNES et le SIPES, qui étaient allés en grève récemment ont rendu publics le 4 juin deux communiqués pour dénoncer l’exclusion de plusieurs de leurs militants de l’organisation des examens nationaux.
Sous le titre « Des examens taillés sur mesure! », le SIPES parlant des ministères d’Etat à l’Education et celui chargé de l’Enseignement Secondaire note que: « La dernière innovation de leurs responsables consiste à s’immiscer de manière flagrante dans le choix des professeurs chargés de la surveillance et de la correction des examens nationaux. Suite à leurs instructions ciblées, une majorité écrasante des professeurs ayant en charge les classes d’examens sont exclus, sans autre motif apparent que celui de leur participation légale à la grève pour défendre des droits légitimes. »
Le syndicat affirme son « rejet de la responsabilité totale de cet acte illégal et nuisible aux examens sur le ministère d’état de l’éducation, avec celui de l’enseignement secondaire. »
Pour sa part, le SNES note que : « Depuis la révision à la hausse de la rémunération de la correction de ces examens, le choix des professeurs chargés de cette tâche est devenu de plus en plus partial. Seulement, cette année, cet abus a pris une ampleur considérable. En effet, la quasi-totalité des professeurs grévistes, y compris ceux qui se sont investis neuf mois durant pour assurer le succès de leurs élèves candidats aux examens, se sont retrouvés exclus de la correction du Baccalauréat et du BEPC.
Pourtant, ces professeurs méritent plutôt reconnaissance et encouragements. Et le risque de cette injustice est qu’une correction faite en l’absence des plus familiers avec les programmes, pour les avoir enseignés des années durant, est d’une conséquence dramatique aussi bien pour les diplômes nationaux que pour les candidats eux-mêmes. »
A l’Assemblée toutes les critiques adressées au département de l’Education ont été balayées d’un revers de la main par le super ministre.
Bakari Guèye
|